Harry Potter - La fille aux deux visages

Escape

Ma vie n'est qu'ironie. J'entame ma troisième semaine de cours, donc la cinquième pour tous les autres en comptant les deux que j'ai passé dans le néant. Et je n'ai toujours pas de putain de baguette de merde. J'ai passé ces dernières semaines à observer Hermione pratiquer pendant que je gravais mes initiales sur toutes mes tables de cours. Sinon, avec ma fabuleuse coloc' on ne s'est jamais vraiment adressé la parole. Les seules fois où c'est arrivé, c'était pour s'insulter pour diverses raisons, ou pour que je reçoive des reproches comme des menaces de mort. De toute manière, je ne la vois que très peu. J'ignore où elle passe ses nuits, mais c'est très rare qu'elle dorme dans notre chambre.

Depuis que j'ai aménagé, je ne l'ai vue pas plus de quatre fois. Ce n'est pas plus mal, je ne vais pas dire le contraire, mais ça m'intrigue quand même fortement. Cette fille semble avoir encore plus de secrets que moi. Je me demande si elle se rend en cours la journée, je ne l'ai pas croisée une seule fois dans les couloirs, ni même lors des repas. Qui es-tu réellement Athéna Burton sous ton bonnet et tes cheveux bleus ? J'ai déjà ma propre identité à trouver alors on verra ça un peu plus tard.

Il ne m'est arrivé aucun problème depuis plus de 14 jours et honnêtement, je ne pensais pas atteindre un si grand progrès. Bon après, personne ne m'a rejeté de sorts et j'ai su garder mon calme sans partir en vrille une seule fois. Je m'impressionne chaque jour un peu plus. Pas de vision à déclarer non plus. Celle avec le professeur Rogue alias le ténébreux a été la dernière mais je n'ai toujours pas décrypté sa signification ni même trouvé la tour dans laquelle la scène se passait. Le plus impressionnant dans tout ça, c'est que j'ai réussi à tenir la promesse que j'ai faite à Hermione. Traitée Luna comme un être humain et non pas comme un pauvre chien errant. Il me suffit de faire comme si elle n'existait pas, ce qui est totalement à ma portée.

Nous sommes jeudi et demain soir commencent les vacances de la Toussaint. Je vais devoir les passer dans le château puisque Dumbledore et tous les autres professeurs  refusent de me laisser partir si je n'ai pas de logement fixe où aller. La seule chose dont je rêve c'est de pouvoir m'évader d'ici et ce n'est même pas possible. Évidemment, McGonagall s'est tout de suite doutée que me forcer à rester ici allait me déplaire et m'a donc tout de suite prévenue que si je faisais quoique ce soit à l'encontre des règles de l'école, j'allais être punie en conséquence. J'ai de la peine pour elle d'avoir un infime espoir que je l'écoute. Je ne l'avouerai jamais à qui que ce soit, mais ça va me faire bizarre de passer deux semaines sans la compagnie de Ron, Hermione, Harry et Luna. Je me suis faite à leur compagnie, dans la limite du raisonnable évidemment. Avec le temps, j'ai eu de moins en moins des pensées qu'ils qualifient tous d'horribles. Toutes mes idées et envies de tortures et de meurtres sont destinées à Neville Londubat, le nouveau meilleur ami de la folle. Rien que sa tête de victime m'insupporte. Je ne saurai même pas comment le définir. Il est si... et tellement... il me fait juste pitié en fait. Je me demande comment il a fait pour survivre jusqu'en quatrième année.

Métamorphose, potions, sortilèges et à nouveau potion constituent mes cours de la journée. Première heure toujours aussi claquante avec McGonagall qui n'accepte aucun bruit dans sa salle, la seconde amusante avec Rogue qui ne cesse de se donner un air supérieur et méchant alors que c'est un nounours à l'intérieur. Cette façade ne marche pas avec moi et un jour je parviendrai à le faire craquer, j'en fais le serment ultime. Ensuite, le cours avec Flitwick était barbant, mais ce qui lui donne de l'intérêt est la crainte que cette petite chose a encore envers moi. Il ne s'est jamais vraiment remis de notre premier cours ensemble. Au moins maintenant lorsque je m'endors, il ne prend pas le risque de me déranger. Apparemment, il en vient même à chuchoter pour éviter de me réveiller. Je crois bien qu'il a pris mes fausses menaces à la lettre, pauvre chou. Finir la journée par 2h de potions n'est pas trop mal. J'apprécie Rogue alors même si je ne comprends rien à ses cours, je reporte mon intention sur lui afin de le décrypter et de découvrir ses secrets les plus profonds.

Vendredi. C'est l'heure du petit-déjeuner alors comme chaque matin tous les élèves se retrouvent dans la Grande Salle. Tout le monde sauf ma colocataire à ce que je vois. Ça fait maintenant une semaine que je ne l'ai pas vue. Je ne dirai pas que je m'inquiète, mais je trouve ça quand même anormal. Il faudrait que je parvienne à discuter avec une sixième année pour savoir si elle s'est déjà pointée en cours. Peut-être que je pourrais demander au trio légendaire s'ils la connaissent. Alors que je m'apprête à leur poser la question, des hiboux envahissent la pièce des lettres à leurs pâtes comme chaque matin. Cette fois-ci, l'un d'eux se pose devant moi. Il semble qu'il a un papier pour moi. Je n'en ai pourtant pas reçu une seule fois depuis le début de l'année. Je m'empresse de le prendre. Le sceau sur la lettre est noir et il possède une tête de mort entourée d'un serpent. Le signe des Mangemorts. Je le brise en deux et j'ouvre la lettre dans un soupçon d'inquiétude.

Chère Shadow,

Tu ne te rappelles sans doute pas de moi, mais je suis Lucius Malefoy un... collègue de ton père. Je t'envoie ceci pour te prévenir que tu es conviée à mon manoir pendant l'ensemble des vacances de la Toussaint. Je ne vais pas m'étendre sur les raisons.
Tu partiras donc demain avec mon fils Drago.

Mes sincères salutations.
À demain.

Mon rêve est devenu réalité ! J'ai désormais mon excuse pour dégager d'ici. Je n'ai pas adressé la parole à Drago une seule fois donc ce n'est pas par courtoisie de notre amitié que je suis invitée. Ça ne peut avoir seulement un rapport avec mon père. Et si je le revoyais dès demain ? Je n'y ai jamais pensée mais en tout cas je ne suis pas encore prête. Je ne vois pas comment je pourrais me trouver de nouveau face à lui.

Mes mains tremblent, des points blancs dansent dans mon champ de vision. J'ignorais à quel point je ne voulais pas le revoir, à quel point j'avais peur que ce moment arrive vraiment. L'homme que je verrais ne sera pas mon père, pas après la façon dont je m'en suis prise à lui. Il ne laissera paraître que de la haine envers moi. Après tous, une victime cherche toujours à se venger de son assassin. C'est totalement con ce que je viens de dire. Un mort ne peut pas s'en prendre à son agresseur, du moins c'est le cas en temps normal.

- Shadow ? Tu vas bien ? Tu es toute pâle d'un coup, me demande Luna.

- Hein de quoi ? j'avais totalement oublié que je me trouvais avec tout le monde.

- Cette lettre semble te chambouler, dit Hermione

- Disons qu'elle... était inattendue. Ne vous en faites pas, ce n'est rien.

Aucun d'eux ne me croit, mais ils ne cherchent pas à en savoir davantage. Je reporte mon intention sur le bout de papier que je tiens à la main. Pourquoi prendre contact avec moi seulement maintenant ? Je suis tout sauf rassurée, mais apparemment je n'ai pas tellement le choix et je vais donc devoir m'y rendre. Je vais pouvoir faire connaissance avec le terrible Drago, au risque de rendre Hermione jalouse. C'est si alléchant de la voir tout faire pour masquer son attirance pour lui. La petite intello fait de l'œil au mauvais élève et très certainement futur grand Mangemort.

- Je viens d'apprendre que j'allais passer les vacances chez les Malefoy à vrai dire.

- Pardon ?! Pourquoi ? Enfin ce que je veux dire c'est que tu ne lui as jamais parlé, répond Hermione en fuyant mon regard.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Ou tu m'espionnes ou c'est Drago que tu files. Je parie sur la deuxième option, je lui lance un regard mesquin.

Les garçons la regardent sans comprendre de quoi je veux parler. Ils sont si naïfs et innocents. Hermione en revanche est devenu aussi rouge qu'un bébé qui sort d'un four. On entame ensuite le repas qui vient d'apparaître devant nos yeux dans un silence dans lequel Granger reste gênée puis c'est parti pour la dernière journée de cours.