Une colocataire hebdomadaire

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En ouvrant les yeux, le visage flétri de Dumbledore occupe l'intégralité de mon champ de vision. Je me rends, dans la même seconde, compte qu'il me tient dans ses bras à même le sol. Il m'a sans doute rattrapé juste avant que ma tête ne heurte les planches en bois. Je me dégage de son emprise et me relève tout en me massant les tempes qui m'envoient encore l'écho de la voix de Voldemort. Je quitte la salle sans même me retourner pour me diriger loin de lui. De ce visage doux qui ne cessait de me prendre pour une imbécile depuis le début. Sa bienveillance, son jolie conte, son envie de m'aider, tout cela pour mieux me manipuler. Il ne vaut pas mieux que le seigneur des ténèbres et je n'en reviens pas d'avoir failli me ranger de son côté.

Instinctivement, je me rends jusqu'au dortoir des Gryffondor. D'un mouvement de main, je parviens à ouvrir le tableau qui sert de porte tout en ignorant ce que me dit la grosse dame. J'ignore comment je suis parvenu à entrer mais au fond de moi, je savais comment faire. Mes veines bouillent de magie qui ne demande qu'à être libéré mais ce n'est pas encore le moment. Dans l'immédiat, j'ai besoin d'extérioriser toute la colère qui m'embrouille la vue loin de ces hypocrites de sorciers.

Je reproduis le même mouvement qui m'a permis de rentrer dans la salle commune des Gryffondor sur la porte de mon dortoir, ce qui marche à merveille. Je m'apprêtais à crier mille et une insultes jusqu'à ce que de la fumée m'englobe le visage et que l'odeur du tabac se répande dans mes narines, me bloquant la respiration. Je tourne frénétiquement la tête jusqu'à croiser le regard du balai à chiotte aux cheveux bleu. Celle-ci rapporte sa clope à la bouche sans sourciller puis expulse une fumée grise qui s'évapore dans la chambre.

- Fardeau c'est ça ?, me lance-t-elle.

- Shadow. Qu'est-ce que tu fous là ?

- C'est autant ma piaule que la tienne ici fardeau, riposte-t-elle.

- T'es jamais là et évidemment aujourd'hui faut que tu ramènes ton putain de cul !, cris-je débordante d'émotion.

- Toi, t'as passé une mauvaise matinée. J'vais pas faire semblant de m'intéresser à toi mais j'sais ce que ça fait alors si tu veux une clope, hésite pas.

- Quelle marque d'intention, waouw. Et puis merde, vas-y, file m'en une, répondis-je agacée.

Elle me tend un de ses rouleaux remplis de tabac ainsi qu'un briquet en métal que je saisis, ou plutôt que je lui arrache des mains. J'apporte la cigarette à la bouche puis je fais jaillir une petite flamme qui consume immédiatement l'embout. À la première bouchée, une violente toux me prend à la gorge. Je vois Athéna acquiescer un petit sourire avant de se remettre à fumer.

- Première fois j'imagine, me dit-elle en allant s'installer sur le muret en dessous de la fenêtre.

- C'est dégueulasse, comment tu peux t'enfiler ça à longueur de journée ?

- P'tite joueuse va. Alors t'as revu ton petit papa ?, me demande-t-elle dans le plus grand des calmes.

- Pardon ? , répondis-je déconcertée.

- Et oui, je sais qui tu es Jedusor.

- Co-comment ?

- Peu importe et puis tu le sauras bien assez tôt mon p'tit fardeau.

Je reste un instant bouche bée tout en allant jeter ma clope dans la poubelle de la salle de bain. J'en profite pour me passer un coup d'eau sur l'ensemble du visage et je me regarde dans le petit miroir face à moi. Je pensais que revenir à Poudlard me ferait du bien mais finalement ça n'a fait qu'aggraver les choses. Plus rien ne va désormais.

Harry Potter - La fille aux deux visagesOnde histórias criam vida. Descubra agora