Mirage

200 10 14
                                    

Les pleure ne se trouvent plus qu'à quelques mètres devant moi. Il me suffit de dépasser deux grands pins pour me retrouver au même niveau de la source de bien des maux. Il est donc temps pour moi d'affronter mon passé, d'apprendre la vérité et surtout, d'y faire face. Je respire un bon coup, je secoue les poignets afin d'aérer mes paumes qui sont moites à cause de l'angoisse croissante. Je lève la tête et je me tiens bien droite, histoire de faire front dans les meilleures conditions possibles et avec le peu de dignités qui me restent. Puis j'engage le pas, me retrouvant très rapidement au-delà des sapins qui me séparaient du verdict final de tout ce que j'ai pu m'imaginer durant l'ensemble de ma vie.

Mes principales hypothèses étant que mes parents sont peut-être de simple moldu qui ne comprenait pas ce qu'était leur fille, autrement, ils sont possiblement bel et bien des sorciers mais ils ont senti la noirceur en moi et m'ont rejeté par crainte ou au contraire ils ont vu la lumière qui émanait de mon petit cœur de nourrisson dans le cas où ce serait des mangemorts. Dans tous les cas de figure, ils ont été lâches, égoïstes et jamais je ne pourrais leur pardonner. J'en viens à me demander si aujourd'hui, il arrive qu'ils pensent encore à moi ou non. S'ils regrettent ce qu'ils ont fait au point de s'en vouloir terriblement jusqu'à se détruire eux-mêmes. Je crois que je suis plus curieuse de savoir tout ça plutôt que leur véritable identité.

Il y a une fine carrure noire, drapé d'une capuche en forme de V recouvrant le quart d'un visage qui se déplace tel un spectre devant moi. À sa morphologie, je comprends que c'est une femme. Elle est habillée d'une robe aussi sombre que l'obscurité quasi béante qui s'étend sur tout le bois. Elle se déplace sans faire aucun bruit et d'une démarche lente avec un berceau dans la main gauche. Je la contourne pour me retrouver face à elle. Elle ne peut visiblement pas me voir puisqu'elle ne témoigne d'aucune forme de réaction. Puis c'est au moment où je baisse la tête pour voir le nourrisson dans sa forteresse que je tombe nez à nez avec un second. La femme tient un berceau fait de bois dur et foncé dans chacune de ses mains. Je suis s'hésite d'un frisson qui traverse toute mon échine.

Je ne comprends pas. Qu'est-ce que ça signifie et pourquoi je me suis retrouvée seule aux bras de Voldemort ce soir-là alors que nous étions trois à nous déplacer dans cette forêt ?

Le bébé de droite est bien plus calme que celui de gauche. Il a les yeux grands ouverts et la tête légèrement penchée sur le côté. Son abdomen se lève au rythme de ses petites respirations. Il a l'air si paisible et tellement innocent. En revanche, le deuxième nourrisson est bien plus agité. Il ne cesse de gesticuler dans tous les sens et de geindre entre deux sanglots. Soudain, celui-ci se calme un instant et je constate avec une once de surprise qu'il possède des yeux vairons . Mes yeux. Au moins je n'ai plus de doute à avoir, par je ne sais quel moyen, Athéna me montre mon passé ce qui m'amène à me demander comment elle peut le connaître. Je sens que je ne suis pas au bout de mes surprises avec elle dans les parages.

Après seulement quelques secondes de répit, je me remets à pleurer. Du moins la jeune moi, être une chieuse a donc toujours été ancré dans mon génome. La mystérieuse femme que je soupçonne être ma mère, s'arrête enfin. Par l'embrassure des branches qui forment un cercle au-dessus de nous, la lune éclaire un endroit de la clairière dépourvu d'arbre. La femme s'accroupit tout en posant bien soigneusement les deux berceaux devant elle. Elle regarde les deux petits êtres humains tour à tour et je décèle au travers de sa capuche une once de peine.

- Je suis vraiment désolée, si vous saviez mes petits détraqueurs... Mais je n'ai pas le choix. Vous allez être séparés mais je suis persuadée qu'un jour vous vous retrouverez, commence-t-elle. D'un autre côté, c'est en partie grâce à lui que je vous ai eu donc c'est un maigre prix à payer, sans vouloir t'offenser Shadow bien sûr.

Lorsque j'entends mon prénom, une sensation bizarre traverse mon estomac. Mais ce qui manque de me faire vomir, c'est l'identité de cette femme. Comment a-t-elle pu me regarder toutes ces fois droit dans les yeux en sachant la terrible vérité. Pour quelle raison elle a osé me cacher la vérité. Elle n'avait aucun droit, elle est responsable et je l'ai payé de mon âme. Elle me dégoûte. Il y a seulement deux semaines elle m'a parlé comme-ci de rien n'était. Elle a fait ce qu'elle sait visiblement faire à merveille, mentir et dissimuler la vérité à sa propre fille. Est-ce qu'elle a pris du plaisir à jouer ce rôle ? Est-ce qu'elle voyait là-dedans une sorte de jeu ?

- Mon petit cadavre, tu es visiblement la pire de vous deux. Tes cris témoignent de ta noirceur intérieure et il m'a demandé de lui livrer la ténébreuse. La preuve, regarde ta jumelle, elle au moins elle ne crie pas à s'en arracher les tripes petite folle !, lance-t-elle joyeusement. Je n'ai plus le temps. Le seigneur des ténèbres ne va pas tarder et je ferai mieux de disparaître avant son arrivée. Shadow, surtout soit sage et ne le déçoit pas ! On se reverra parce qu'il faut bien une personne de qualifier pour mener ton éducation de jeune pestiférée !, crie-t-elle de vive voix.

Elle se redresse et je fais de même. Elle attrape le second berceau et fait demi-tour. Après être revenu quelques mètres sur ses pas, elle se retourne et enlève sa capuche. Un hoquement s'échappe de ma gorge quand je vois le visage de Bellatrix apparaître à la lumière de la lune. Le second bébé, enfin ma jumelle, est toujours aussi calme et éveillé. A la suite, l'imposture transplane et me laisse moi et mon bébé moi seule dans l'immensité de l'obscurité de la forêt puis je retire en sursaut ma tête de la coupole remplit d'eau. Il me faut un long temps avant de reprendre mes esprits et de réaliser que je suis de retour dans les bas-fonds de Poudlard. Je reviens de ce « voyage » avec plus de question que de réponse. Je peux peut-être en obtenir quelques unes d'Athéna. Je la cherche du regard à l'endroit où elle était avant ma transe mais visiblement elle a décidé de me planter.

Je suis parvenue à retrouver la sortie et à remonter dans la salle commune des Gryffondor qui est toujours vide. Je gravit les escaliers en direction des dortoirs en espérant que le balai soit retourné dans notre chambre. J'abaisse la poignée de notre porte mais celle-ci, comme à ma grande habitude, est verrouillée à clé. Heureusement, pour une fois, j'ai de quoi l'ouvrir dans la poche droite de mon manteau. J'en sors le porte-clé en forme de griffon pour l'enfoncer dans la serrure que je tourne. J'entends un petit 'clic' puis je pénètre dans mon antre. Je constate, une fois à l'intérieur, qu'il n'y a personne. Je fais le tour de la pièce et je réalise que toutes les affaires d'Athéna ne sont plus là.

Elle est partie.

Harry Potter - La fille aux deux visagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant