30. Dorothy

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Dorothy est toujours impressionnée par le monde qu'elle découvre. Dans le miroir bordé d'ampoules, son reflet esquisse un sourire.

– Ne bouge pas ! lui ordonne le maquilleur en tapotant exagérément son pinceau sur la lèvre supérieure.

Un cognement énergique résonne sur la porte de la loge. Un jeune homme, aux yeux très bleus et au visage lissé par le fond de teint, se présente :

– Hello, Dorothy ! Je m'appelle Bastien Cotton, le présentateur de Symphonia.

Il serre la main de la jeune femme. Le maquilleur tique, ça la fait encore bouger.

Dorothy, elle, se demande si le mot d'ordre des équipes n'est pas de prononcer le nom de l'émission à chaque phrase. Elle ne compte même plus le nombre de fois où elle l'a entendu.

– Tu vas bien ?

– Un peu stressée, répond-t-elle. Et je me sens nue sans mon Fédora.

– C'est positif, t'inquiètes. Je fais le tour des loges pour vous montrer le plateau avant l'enregistrement, afin que vous vous familiarisez avec. Jeff, tu me l'envoies quand elle est prête ?

Bastien quitte la pièce sans attendre l'approbation du maquilleur qui finalise le make-up.

– C'est bon, tu peux y aller. Tu te rappelles ? Toujours à gauche, puis à droite. Tu vas croiser les gars de la technique de toute façon. Tu ne pourras pas louper l'entrée au plateau !

Dorothy le remercie puis s'engouffre dans le couloir. Rémi l'attendait.

– Qu'est-ce tu fais ?

– Je rejoins le présentateur, répond-t-elle. Et toi, alors ? Tu as terminé l'enregistrement de ton portrait ?

– C'est dans la boîte. Une vraie star de cinéma, affirme-t-il. Dis, t'as pas vu Lilia ?

– Elle parlait avec le psy, tout à l'heure mais je ne l'ai pas revue depuis.

– Bon... je vais rejoindre Rocco et Max' !

Dorothy repère l'entrée du plateau.

– A plus ! Et rappelle-toi, pas un mot sur nous deux !

– C'est dommage que tu veuilles en faire un secret.

Elle s'éloigne. Au niveau de la dernière porte du couloir, elle surprend le producteur et des techniciens en pleine conversation, penchés sur un plan d'architecte.

– Faut faire quelque chose pour ça. Pourquoi on ne l'a pas vu sur les premiers plans ?

– Tous les éléments du plan cadastral ont tardé à être communiqué... AH, vous cherchez quelqu'un, Dorothy ? s'interrompt Charles Comtoise en dissimulant la carte.

– Je vais en plateau, explique-t-elle.

– C'est juste-là !

– Je sais, j'ai vu.

– Bien, et qu'allez-vous y faire ?

– Bastien Cotton nous fait une visite.

– Impeccable, impeccable. Filez !

Elle ne se formalise pas et retrouve le présentateur, occupé avec le cameraman.

– Parfait, Dorothy ! J'ai failli attendre... ironise-t-il. Je vous faisais des signes !

– Le producteur me parlait.

– Oh, ils sont encore sur cette histoire de souterrain ! peste-t-il.

– Quel souterrain ?

Bastien échange un regard avec le cameraman puis répond, gêné :

– Rien d'important ! Bon, Dorothy, voici le plateau de tournage de l'émission !

Elle n'imaginait pas autant de caméras, ni toutes ces marques au sol. Pourtant, ce ne sont pas ces secrets de la télévision qui l'intéresse désormais...

LE MAESTRODonde viven las historias. Descúbrelo ahora