LE MAESTRO

13. Rémi

Lilia répète sa chanson, assise sur les marches blanches. Elles sont encore gorgées de la chaleur du soleil. La cannette de Coca qu'elle a posée goutte sur la pierre. 

– T'en n'as pas marre ? Faut faire une pause, viens avec nous, propose Rémi.

Il s'apprête à commencer une nouvelle partie de cartes. A quelques heures de l'enregistrement de leur première émission, tous les candidats ont été réunis dans cette petite maison de campagne parisienne. 

Rémi s'est levé et s'approche. Il fait mine de s'étirer mais Lilia n'est pas dupe : il fait exprès de relever sa chemise pour lui exhiber le bas de ses abdos ciselés. Elle sourit.

– On ne peut pas se lasser de la musique. 

Rémi s'assoie à ses côtés.

– Je peux fumer ?

– Oui, ça ne me dérange pas. Mais tu vas te faire engueuler, non ?

– Mina m'a dit que mes paquets seraient confisqués si j'en emmène.

– Un peu trop autoritaire, non ? Ils ont le droit ? C'est ta vie, après tout !

Il allume sa cigarette en confirmant de la tête.

– J'suis sûr que ça va me donner une voix plus rocailleuse, pourtant. C'est bien toi, Lilia ? Désolé, je suis très mauvais avec les prénoms. 

– Oui.

– Moi, c'est Rémi.

– Je sais. 

– Pas trop stressée pour demain ?

– Non... si. Je ne sais plus, je suis si fatiguée.

Plus loin, sur la terrasse, Maureen et Rocco se font servir des pizzas par la production. Le luxe après des répétitions tardives.

– Le dîner est servi ! lance Maureen en servant les premières parts.

– J'arrive ! répond Lilia en roulant sa feuille de textes.

Elle et Rémi se relèvent.

– Vas-y, je termine ma clope, dit-il.

La belle brune le quitte pour rejoindre la table. Rémi joue avec son briquet d'une main puis le refourre dans sa poche. Ses doigts rencontrent quelque chose. 

Étonné, il en sort un papier plié. Il observe Lilia. Elle croque déjà à pleine dent dans une part, se débat avec le fromage filant. Elle n'a pas pu lui glisser en douce...

Il déplie le mot.

« Alors, complice ou pas ? »