24. Liaison (2/2)

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– Toujours aucune nouvelle du docteur Petitfer ! Il faut le trouver, lancez un avis de recherche s'il le faut ! Merde, encore un brave type qui va se faire dessouder ! Il est forcément en danger. Il doit avoir la clé, c'est un spécialiste des tueurs en série ! peste le producteur avant de raccrocher.

Les intervenants autour du bureau ovale le dévisage, ils partagent sa déception. Les heures avancent mais ils en sont toujours au point mort. Le producteur relance Bastien Cotton, interrompu dans sa présentation.

Le jeune présentateur est persuadé que sa théorie est une partie de la solution. Devant les membres politiques, ses supérieurs et les membres de la Défense, il récapitule :

– Mélissandre est morte noyée, dans la piscine. Or, dans l'émission, c'est elle qui l'a dit, je reprends ses propres mots : « nous serons noyés dans la masse ». C'est un peu tiré par les cheveux, je sais, mais je n'y aurais pas pensé s'il n'avait pas utilisé des araignées avec Dorothy.

– Comment ça « utilisé des araignées » ? Elles étaient dans un grenier. C'est normal, non ? Le tueur n'a pas pu les contrôler ? Si, c'est possible ?

– Vous avez déjà vu un groupe d'araignées attaquer un humain en faisant front comme ça ? Il n'y a aucun hasard ! Ça a été coupé au montage, mais lors de l'enregistrement de l'émission, Dorothy a mentionné son arachnophobie. Les personnes ayant vu la séquence ne peuvent être que les membres du personnel de l'émission.

Le producteur digère les informations. Il se lève, retourne devant les écrans diffusant les terribles séquences de la Résidence puis prend conscience :

– Et dans le bus, avant qu'ils arrivent, Lilia a dit être claustrophobe... Et notre... tueur l'enferme dans cette armoire...

Les informaticiens repassent en boucle la séquence où Rocco et Lilia ont été enfermés. Les images sont troublantes : la porte du local technique et celle de l'armoire se referment, la clé et le verrou tournent, mais ils ne peuvent voir qui agit sur ces objets : la combinaison de l'homme-silhouette le rend invisible aux caméras.

Mais il existe une faille, un réglage technique que le producteur ne saisit pas, et qui permettra de faire réapparaître à l'image tout ce que les candidats peuvent voir.

– C'est une accusation grave. Il va falloir enquêter sur toute l'équipe, affirme le producteur, s'écartant machinalement de Bastien Cotton.

– Vous-même inclus, répond-t-il.

– Vous croyez que je n'ai que ça à foutre ? Ruiner ma nuit ici, à me débattre pour éviter la catastrophe ?

– Mais, vous êtes dégueulasse, vous ne pensez qu'à vous... c'est déjà une catastrophe, humaine. Ce sont des hommes et des femmes qui sont piégés et qui perdent la vie en ce moment-même !

Le producteur masse ses tempes, sait qu'il ne s'exprime pas comme il faudrait.

– On a trouvé ! crie l'un des informaticiens.

La silhouette grise du tueur apparaît. Parmi les services de secours, le commandant ordonne à ces équipes :

– On a un visuel ! Je veux un profil dans moins de quinze minutes: poids, taille, morphologie.

Le producteur se retourne vers Bastien :

– J'ai déjà lancé une enquête sur vous, ne croyez pas que je me fous du sort des candidats !

Le commandant et le ministre de la Défense leur demande de se calmer et de reprendre le fil de leur discussion.

Le présentateur explique :

– Je pense aussi que ça paraîtrait fou qu'il n'y ait qu'un tueur...

– On a un sérieux problème ! coupe un agent en uniforme dans l'embrasure de la porte.

Le producteur réplique :

– Ne me dites pas que le psychologue est mort, lui aussi !

Il fait non de la tête.

– Le seul docteur Petitfer, diplômé de l'école Baltez, est décédé il y a trois ans.

Tous se regardent, essayant de saisir tout le sens de cette révélation. Charles Comtoise ordonne sans aucune cérémonie :

– Tout le monde en alerte, on a affaire à un usurpateur d'identité !

– Mais... comment c'est possible... comment... ça veut dire...

Bastien Cotton sent les pièces du puzzle s'imbriquer alors que l'évidence explose.

– C'est lui, notre tueur !

LE MAESTROWhere stories live. Discover now