4. Gazelle (1/2)

130 30 19
                                    




C'est la panique en régie.

Bastien Cotton s'en sort plutôt bien de son côté, il fait intervenir chacun des professeurs en direct. Ce n'était pas prévu mais ça leur permet de gagner du temps jusqu'à la coupure publicitaire, qui arrive enfin au grand soulagement de la production.

Lorsque l'animateur surgit dans la pièce, rien n'est arrangé :

– Alors ?

Un des agents technique lui répond, miraculeusement, au-dessus du brouhaha :

– Rien à faire, impossible de retrouver une connexion !

– Putain, mais sortez-vous les doigts du cul ! peste le directeur des programmes.

– Pourquoi personne sur place ne nous a encore contactés ?

– Ça sonne dans le vide, explique une scripte. Je reste en ligne.

– Y'a bien l'un de vous qui a le téléphone perso d'un des gars ! s'impatiente-t-il.

– Vous savez bien qu'on ne nous a pas communiqué les identités des employés sur place !

Le directeur masse ses tempes, à deux doigts de l'explosion. Entendre et voir les techniciens de l'image et du son répéter sans cesse les même manipulations inutiles pour ramener le programme en direct amplifie sa migraine.

– Allô ! Oh, merci ! On n'y croyait plus ! lance la scripte dans un soupir de soulagement.

– Passez-les-moi ! ordonne le directeur en arrachant le combiné.

Le silence se fait enfin dans la régie. Bastien, lui, sait qu'il va devoir retourner en plateau, le direct reprend dans trois minutes.

– Alors ? Putain, c'est quoi ce merdier !!! Vous savez ce qui se passe ici ! Oui ! Alors ?

Les équipes tentent de décrypter l'échange. Le directeur, après quelques temps, décide :

– Bon, écoutez-moi bien : vous filmez tout, caméra à l'épaule et transférez les rushs sur le mail à résidence. On balance ça en ligne dans la nuit, et on les rediffusera pendant l'émission de dix-sept heures. Vous avez jusqu'à demain midi pour rétablir la connexion !

Bastien est appelé à retourner en plateau, ne pouvant suivre la fin de la conversation. On le maquille à la va-vite. Il se sent épuisé et sait qu'il ne lui reste plus qu'un quart d'heure d'émission avant de rendre l'antenne.

– Tiens  bon, tiens bon ! s'ordonne-t-il avant de rejoindre la scène, sourire déployé pour masquer la panique.

LE MAESTROWhere stories live. Discover now