Jour 17 : Gentil tyran

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Allongé dans le lit de sa maman, Opale n'avait pas envie de bouger. Il faisait déjà jour dehors, mais il était si bien qu'il ne voulait pas bouger. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'il dormait ici. Techniquement, il n'avait même pas le droit d'y être. Mais sa maman était partie faire les courses et donc elle ne pouvait rien lui dire. Pas vu, pas pris. L'immense saint-bernard ouvrit sa grande gueule pour baîller et s'enfoncer de manière plus confortable dans les couvertures.

Soudain, la porte d'entrée grinça. Opale savait qu'il aurait dû bondir du lit et aller saluer sa maîtresse, mais il n'avait vraiment pas envie de bouger. Il l'entendit l'appeler, mais il fit mine de ne rien entendre. Les pas résonnèrent dans le couloir alors qu'elle fouillait les pièces de la maison à sa recherche. Immanquablement, la porte de son coin de paradis finit par s'ouvrir.

"Opale ! s'exclama-t-elle en posant les mains sur ses hanches. Qu'est-ce que tu fais ici ? Descend !"

Le chien poussa un grognement et roula sur le dos, la tête enfoncée dans un pli de couverture. Sa maîtresse soupira et contourna le lit pour aller l'en déloger. Opale ne bougea pas. Il savait que, aussi encombrant étaient-ils dans sa vie de tous les jours, ses soixante kilos de gras ne bougeraient pas d'un poil de là. Contrairement aux autres membres de son espèce qui gardaient la maison ou cherchaient des gens dans les montagnes, Opale faisait parti des chiens de salon. Le fauteuil de salon à mémoire de forme gardait sa silhouette rembourrée jour et nuit, et c'était déjà pas mal.

"Opale ! s'énerva-t-elle. Bouge de là !"

Elle plaça une main sous son dos, une autre sous ses fesses et le souleva du lit avec volonté. Malheureusement, elle ne tint pas plus de cinq secondes avec ce mastodonte aussi lourd qu'elle dans les bras. Elle s'effondra dans le lit sur lui. Alors Opale se releva et, profitant sournoisement de sa détresse, se coucha sur son dos. Prisonnière, l'humaine se débattit en grognant, en vain.

Ils savaient tous les deux que le chien avait gagné. Dans un soupir, elle commença à lui gratter les oreilles et s'installa plus confortablement pour la séance de gratouilles du matin.

Squelettes et tartelettes | Writober 2020Where stories live. Discover now