Squelettes et tartelettes | Writober 2020

Jour 3 : Garde-robe originale

"Je ne suis pas sûre de comprendre, monsieur."

L'homme poussa un grand soupir et leva les yeux au ciel. Cela faisait la troisième boutique terrienne qu'il visitait, et il allait encore devoir expliquer son problème. Bien sûr, il avait conscience que leur cerveau primitif était bien trop faible pour comprendre quoi que ce soit, mais il se devait d'essayer.

"Je cherche un pantalon à huit jambes. Ce n'est pas pour moi, s'empressa-t-il de préciser, mais pour mon... Comment est-ce que vous appelez ça déjà ? Ah ! Oui. Pour mon poulpe de compagnie."

Elle cligna deux fois des yeux, la main sur le téléphone de la sécurité. Son interlocuteur poussa un nouveau soupir. Comme les deux fois précédentes, il s'assit sur le sol. Sa peau commença à se métamorphoser pour des écailles vertes rigides alors que de nouvelles jambes, ou plutôt des tentacules, poussaient depuis le bas de son dos jusqu'au sol. Ses trois yeux jaunes alignés sur son crâne chauve démesuré se posèrent de nouveau sur la caissière, abasourdie. Elle poussa un cri perçant, rapidement suivi par l'ensemble des clients du magasin. La foule s'échappa en hurlant de la boutique, la dame de la caisse lui jeta une poignée de billets verts au visage avant d'en faire de même.

Les humains étaient si malpolis. Le directeur de l'agence de voyage en aurait des nouvelles ! Lui qui avait choisi ce séjour pour refaire sa garde-robe à la mode terrienne, il se retrouvait fort embêté par le manque de diversité de leurs vêtements et leur inhospitalité sauvage. C'était inacceptable et il se promit de se faire rembourser dès qu'il serait rentré à la maison, sur sa planète, au milieu de vraies personnes civilisées.

D'un geste méprisant, il quitta la boutique, attrapa une petite fille qui traînait là pour le goûter et regagna son vaisseau spatial en marmonnant dans sa barbe à propos de la stupidité des aliens et leur intolérance raciale.