Jour 1 : Froid Polaire

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Coucou ! C'est parti pour ce Writober 2020 avec le premier thème du mois !

Jour 1 : Froid polaire

Moustache avait connu de nombreuses galères dans sa vie de chat, mais ça, c'était une première. Debout devant la porte grande ouverte, la queue fouettant rageusement l'air, il regardait avec consternation le tas de glace à la vanille gigantesque qui lui bloquait la magnifique vue sur le jardin. Il avait beau gratter, frapper, cracher : l'obstacle refusait de bouger de sa route. Il ne comprenait même pas comment il avait fait pour arriver ici en premier lieu ! Sa maîtresse ne mangeait-elle pas cette chose le soir en pleurant devant l'écran magique où des mâles humains faisaient la cour nus dans le lit de leurs femelles ?

Avec un profond dégoût, il posa ses vibrisses dessus pour inspecter l'étrange matière. Pas d'odeur, pas de sucre, froid. Inutile. Il poussa un miaulement colérique à l'attention de sa maîtresse qui l'observait depuis cinq minutes maintenant accroupie devant lui, sa stupide boîte à voix dans les mains braquée sur lui. Qu'est-ce qu'elle attendait pour lui libérer la voie au juste ? Qu'il lui pisse sur les pieds ? Ca pouvait s'arranger.

Il miaula de plus belle et donna un coup de patte dans la barrière froide avec insistance, yeux dans les yeux avec son humaine. Si avec ça elle ne comprenait pas le message, il n'aurait plus qu'à se reconvertir en chat de gouttière. Elle finit par s'avancer vers lui et posa une main sous son ventre. Enfin, elle venait à sa rescousse ! Elle leva sa truffe au-delà du mur blanc... Mais quelque chose ne tournait vraiment pas rond. Le jardin se trouvait là, comme d'habitude, mais partout où il posait son regard, la glace à la vanille recouvrait tout : les coins dodo, l'arbre à écureuils et même les trous de ces ennuyeux rats qui le dérangeaient parfois pendant sa sieste. C'était une catastrophe ! Ses odeurs, son territoire ? Où s'arrêtaient-ils ?

Mais toutes ces interrogations ne furent rien face à l'immense trahison dont sa maîtresse fit preuve. Sans aucune pitié, elle le jeta en avant. Dans un réflexe félin, il se réceptionna les quatre pattes en avant, mais l'intégralité de son corps s'enfonça dans la glace à la vanille. Il se retrouva couvert de la tête aux pieds par la substance humide et sans odeur. Malgré ses longs poils tout juste toilettés, une vague de froid le secoua. Il tenta d'avancer, de sortir du trou, mais là encore, une cage de matière sans odeur l'encerclait de partout. Il était prisonnier ! Un miaulement de détresse s'échappa de sa gorge. Mais où était donc son abrutie d'humaine quand il en avait besoin ?

Elle ne tarda pas à aller le récupérer, hilare à en perdre le souffle. Elle le souleva de sol : ses longs poils blancs emmêlés étaient couverts de bouloches blanches et dures. Cela prendrait des heures à toutes les retirer ! Mécontent, il attendit qu'elle le repose sur le plancher des vaches avant de filer, la queue entre les pattes vers la chambre de sa primate. Il monta sur le lit et, alors que ses poils séchaient, il se courba et lâcha sa plus belle crotte molle juste à côté de son oreiller, avant de l'enterrer sous le coussin.

Cela lui apprendrait. Un chat de son rang, ça se respecte, qu'elle le veuille ou non.

Squelettes et tartelettes | Writober 2020Where stories live. Discover now