Chapitre LI: De Bonne Foi

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Toujours coupés du jour par un voile au dessus d'eux, Guillaume et Luacha étaient deux têtes qu'on pouvait facilement perdre de vue parmi la foule de ces rues à la lumière atténuée.

-C'est encore loin? Demanda Guillaume.

-Je pense. Il faut que je retrouve la ruelle.

Après plusieurs instances où Luacha dût placer son regard dans l'interstice séparant deux bâtiments, pour ne rencontrer au bout que les ténèbres, vint finalement une tentative où elle réussit à retrouver les individus qu'elle avait rencontrés la veille. Et il ne fallut que quelques instants aux yeux dans la ruelle pour reconnaître là la fille qui était venue lors de la précédente matinée. Mais ce ne fut pas le cas du garçon qui l'accompagnait.

-C'est qui lui? Demanda la prostituée. Un clair de peau qui vient prier les Dieux Stellaires?

-Il n'est pas venu pour prier, clarifia Luacha. Il est venu vous proposer une offre.

-Un offre? Dit-elle en regardant Guillaume avec méfiance. Faut en parler avec ces gaillards, là-bas...

Le groupe d'hommes qu'elle désignait n'avait cessé de maintenir son regard sur l'étranger, ce dernier s'approchant maintenant d'eux avec une arme à sa ceinture. Avant de partir en ville, Luacha avait conseillé à Guillaume de venir avec aussi peu d'armes et d'armure que quelqu'un qui n'avait jamais fait la guerre. Mais le métal sous forme d'épée qu'il portait à sa ceinture n'avait put être affecté par les sons que son amour émettait. Et maintenant, arme à portée de main, il marchait et regardait sans volonté de revenir en arrière vers les possibles conséquences.

-Donne-nous ton épée, ordonna sèchement l'un des hommes. C'est un territoire sacré derrière, où les armes sont interdites.

-Vous n'aurez pas mon Épée...

Quand Luacha entendit cela, la peur qu'elle éprouvait grandit encore plus, au point qu'elle pouvait entendre son cœur presser contre sa poitrine, et sentir que ses doigts pouvaient à tout moment laisser s'échapper le réflexe de créer une arcane explosive. Les propriétés de l'arme portée par celui qu'elle aimait ne laissaient aucune possibilité pour la pitié une fois que l'ennemi avait saigné sa première goutte. Car cette dernière était forcée par la raison à être égale à la dernière, sous peine d'avoir à affronter plus tard un ennemi qui utiliserait les même armes qu'eux. Luacha savait cela, et Guillaume aussi. Ses lèvres avaient commencées à bouger pour pouvoir l'implorer de renoncer à son Épée, ne serait-ce qu'un moment, lorsque, fermement, il compléta sa phrase.

-... Car je ne viens pas pour prier, mais pour proposer une offre à tout ceux qui sont ici.

-Si tu nous propose de livrer l'imam à toi et tes potes en échange de l'impunité, dit l'un d'entre eux tandis que les trois autres entouraient presque discrètement le jeune homme, toi et ta copine allez mal finir.

-Non, c'est pas ça, je suis pas avec Ibn. C'est tout le contraire, je veux m'en débarrasser, et j'aurais bientôt les moyens de le faire.

-Toi?!

-Oui.

-Bon assez rigolé, casse toi, je le dirais pas deux fois.

-Et bien allez vous faire foutre... Leur jeta Guillaume en s'en allant, suivi d'une Luacha terriblement désolée, mais aussi soulagée.

Lorsque les deux furent tout juste sortis de la ruelle, il lui demanda combien de temps duraient ces «messes», comme il les appelaient.

-Pas très longtemps. Tu veux les recruter à la sortie, c'est ça?

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant