Chapitre VII: Clairière Annonciatrice

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Pendant leur fuite, Guillaume avait lentement perdu du sang à cause de sa blessure à la tête. Il s'était déjà rendu compte de cela pendant le combat, mais à ce moment-là, sa priorité avait été de fuir les gardes et la ville. Alors il avait fui, avec Bréval, en usant tantôt de la ruse subtile et précise, tantôt de la pure vitesse mettant les chevaux à rude épreuve. En regardant maintenant la position du Soleil dans le ciel, Guillaume réalisa que la durée véritable de cette fuite ne fût pas longue, mais que l'adrénaline lui avait donné une longueur d'importance égale à celle d'une journée entière. La seule chose qui put mettre fin à leur fuite ne fut pas la tête qui commençait alors à tourner de Guillaume, mais le retrait des gardes qui s'étaient aventurés trop loin du village, bourg, ou peut importe ce que cet endroit était. Une fois la menace disparue, Guillaume avait utilisé un baume qui traînait dans les affaires à Rauvain et s'était dirigé avec Bréval vers le ruisseau où ils se trouvent actuellement pour se reposer.

-Ça va mieux?

-Nan, j'ai encore la tête qui tourne un peu... Quelle idée d'aller la-bas alors que tu y étais recherché...

-Je pensais que j'avais disparu des mémoires, mais il faut croire que je les ai sous-estimés.

-Tu as de la chance que je ne me sente pas bien, car sinon, je t'en aurais collé une!

Guillaume, qui était alors assis mollement sous un arbre qui lui dessinait de large ombres sur le visage, se décidât soudainement à se lever d'une manière qui se révéla maladroite. Tandis qu'il se dirigeait vers son cheval, il fut remarqué par Bréval, dont l'occupation présente était le nettoyage du sang de sa tunique dans la rivière.

-Qu'est-ce que tu fait?

-Je prends mes affaires, lui répondit Guillaume en prenant effectivement ses affaires.

-Vu ton état, tu ne pourras pas aller bien loin.

-Là où je vais n'est justement pas bien loin, fit-il en retournant s'asseoir au pied de l'arbre. Je vais dormir un peu.

-Tu ne manges pas? Et tu est encore dans ton armure couverte de sang...

Guillaume préférât s'assoupir plutôt que de répondre autre chose qu'un «Boah...» bref et insouciant.

Après quelques instants, sans qu'il n'y pris garde, il se retrouva chez lui, au château de Wedheran, en Tauvente. Il ne savait pas du tout ce qu'il faisait là, mais il sentait qu'il était plus important d'ouvrir cette porte qui se trouvait devant lui que de douter de cette évidente réalité. Derrière, se trouvait sa mère, qui semblait l'attendre, mais qui semblait également être incapable de l'ouvrir elle-même pour venir le voir, lui. En le voyant lui et son masque lassé par la triste connaissance de la réaction qu'elle allait de toute manière avoir, elle se mit à avoir tout de même cette réaction, et laissât son visage de marâtre se ratatiner dans son habituelle lamentation. Et le premier sujet de cette lamentation était le fait que Guillaume savait qu'elle allait se lamenter. Donc il la regarda en spectateur silencieux se lamenter encore et encore, avec l'envie croissante d'interrompre ce flot ininterrompu avec sa propre action, pour tenter de la faire taire une bonne fois pour toute. Même si il savait que c'était désespéré, il s'y essaya quand même, car il n'avait pas grand-chose à perdre. Ainsi, il transcenda prestement le respect et la lassitude, mais au dernier moment, la colère s'engouffra par une porte dérobée dans sa volonté qui était jusque-là pure, et la corrompit. Ses lèvres s'ouvrirent pour exposer le néant d'où surgit un hurlement bestial, pauvrement déguisé en mots. Jamais il ne saura ce que lui même fut sur le point de dire.

«Guillaume, réveille-toi...»

En ouvrant les yeux, il remarqua qu'il faisait tout aussi noir que si ils étaient fermés. Manifestement, il avait menti quand il disait qu'il allait dormir «un peu», mais ce n'était pas comme si cela était bien important. Au moins maintenant, sa blessure n'était douloureuse qu'au toucher, et il n'aura pas à dormir plus que ça.

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant