Chapitre XI: Langeurs du Soir

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Les chevaux continuèrent de poser leur sabots sur la terre rocailleuse, rapprochant progressivement Guillaume, Bréval et Isabella d'un village qui écoulait ses habitations sur les pentes d'une colline. Tous différents de corps et d'esprit qu'ils étaient, les trois accueillirent cette nouveauté avec soulagement. Car même après leur départ du ruisseau, le Soleil déjà prêt pour l'Été avait toujours été trop fort pour eux, qui étaient encore dans le printemps léger. Mais l'astre diurne devait lui aussi à un moment où à un autre passer de l'autre coté de l'horizon, et déjà le ciel adoptait une teinte jaune comme à la fois du papier vieilli et du glorieux or.

«Et donc, tu me la racontes ton histoire?

-C'est avec grand plaisir que je te la conterais.

-Tu m'avais déjà dit ça, mais au final, tu ne fais que la reporter à la prochaine fois.

-... La vérité, c'est que je ne tient pas vraiment à parler de ma vie, car j'ai un sens de l'intimité assez... Rigide.

-Il y a cette fille, entendre ton histoire pourrait lui remonter le moral.

-Ta préoccupation pour le bien-être des jeunes demoiselles est très chevaleresque. Tu aurais été excellent dans la haute profession qu'est la chevalerie errante.

-Eh eh eh... Hélas, je suis trop terre à terre pour cela. Bon, tu lui dit?

-Oui... Oui...» Répondit un Bréval agacé d'entendre à l'instant sa tentative de détourner la conversation échouer.

«Donc voilà mon histoire.» poursuivit-il, cette fois-ci en réliçais et de manière à ce qu'Isabella puisse entendre. «Je viens d'une famille de riches marchands qui voyagent beaucoup. C'est d'ailleurs pour cette raison que je sais parler le tauventais. Un beau jour d'été, alors que nous voyageons vers Kelraïm, notre convoi fut attaqué par de vils bandits. Nous restâmes trois longs mois entre leur griffes, et à plusieurs reprises mon grand frère essayât de se soustraire de leur joug. Mais hélas, toutes furent des échecs et eurent pour conséquence la transformation de celui-ci en «exemple» par les bandits, subissant ainsi toute une pléthore d'atrocités dont je fut le malheureux témoin. Mais contre-intuitivement, ce obstination à la malice de la part de mon grand frère est exactement ce qui me poussera plus tard à adopter ce genre de comportement en tant que manière de vivre.»

Bien qu'Isabella voulait avoir le moins d'interaction possible avec ses deux ravisseurs, elle avait quand même écoutée cette histoire, d'abord par absence de choix, puis par curiosité. Quand le flot de paroles de Bréval s'était tarit, elle fit la triste réalisation que des actes de bravoure pouvaient inspirer le mal.

«Et comment toi t'en est sorti? Demanda Guillaume, toujours en réliçais, qui dans son cas était encore imparfait.

-Et bien mon grand-père paya simplement la rançon.»

Bréval chevauchant au milieu du trio, Guillaume pouvait discuter avec lui tout en ayant un œil sur Isabella, et il avait vu l'intérêt que celle-ci avait porté au récit de Bréval. Il en informa celui-ci, qui n'avait pas vraiment l'air de s'en préoccuper. En la regardant un peu plus, Guillaume la trouvait moyennement jolie, principalement grâce à ses cheveux noirs ondulant comme la mer nocturne, et ses yeux bleu comme l'océan diurne. Mais visage était imparfait à cause de quelques imperfections sur la peau et d'un nez un peu trop gros.

Les premières étoiles avaient déjà fleuries sur la voûte céleste quand ils furent arrivé au village. Les maisons étaient faîtes d'une cimentation de galets similaires à ceux du fond du ruisseau, mais d'une taille telle que la pente ne pouvait les emporter. Ils trouvèrent une petite auberge rustique, qui ne proposait pas grand-chose à manger, pas plus qu'il y avait beaucoup de chambres, mais le lieu était très loin d'être un trou à rat. Isabella mangea très rapidement, pour se diriger tout aussi rapidement dans sa chambre, tandis que Guillaume et Bréval discutait du déroulement du jour prochain.

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesWhere stories live. Discover now