Chapitre LXVI: Se Mettre a l'Ombre des Regrets

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En quittant la villa, Luacha était déçue. Les nouvelles qu'elle reçut du village n'étaient pas matière sur laquelle le bonheur pouvait apparaître, et du fait de leur trop petites différences avec ses souvenirs, la seule chose qu'elles pouvaient produire était une maigre morosité. Elle avait demandé au chevalier par l'intermédiaire de Bréval de partager tout ce qu'il avait vu là-bas, même les moindres détails qui n'avaient pas d'importance pour lui, pour voir si ils avaient de l'importance pour elle. Parmi toutes les bagatelles qui lui ont été données, elle ne put trouver qu'un, puis un deuxième véritable développement accompli par le village. La première était la basse méprise que ces villageois avait seule traduite en action, tandis que la deuxième et la plus conséquente fut que sa vieille et malade mère la remplaça, et s'occupait du troupeau qui était auparavant le sien. En pensant à cela, son cœur commençait à se fissurer devant l'image mentale qui apparaissait inévitablement, mais cette fragmentation ne pouvait jamais être complétée, la faute à un souvenir tenace: celui de la femme qui lui avait donnée naissance la rejetant pour avoir aidé un étranger. Au final, elle se demanda si venir voir ce Tauventais avait vraiment été utile. Il fallait bien prendre des nouvelles de son village, essaya-t'elle de se justifier, mais à quoi bon, si elle ne pourrait jamais retourner là-bas? A souffrir de ne jamais profiter des bonnes nouvelles tout en échouant à ignorer les mauvaises nouvelles? Étrangement, cela lui semblait être une meilleure alternative par rapport à n'être que la Reine, qui n'avait pas besoin de contexte passé pour exister. Luacha ne pouvait s'imaginer faire l'une de ces deux choses sans se trouver également misérable. Finalement, elle en eu marre, et décida qu'elle allait mettre un terme à tout cela, et simplement retourner au village dans le futur proche pour en parler avec ceux qui l'ont bannie.

-Alors? Satisfaite? Lui demanda Bréval marchant à côté d'elle.

-Non, mais ce n'est pas de ta faute, ni celle de ce Tauventais...

Elle en vint presque à oublier que l'homme en armure qui s'était tenu devant elle était un ennemi ayant essayé de tuer Guillaume. Ce fait qu'elle avait entendu devint mystérieux à ses yeux, qui avaient vu un chevalier vide de haine, de tristesse ou même de joie. Il y avait simplement eu une sorte d'acceptation sans jugement de la réalité dans son regard, comme si il continuait de progresser sur la route de la vie en dépit des gouffres et falaises sans jamais désespérer ou célébrer. Luacha peinait a répondre à ce stoïcisme par une colère bruyante, surtout qu'il n'était plus là et en sachant qu'il ne faisait que sa mission. Elle essaya à la place d'adopter un peu de cette rationalité royale avec laquelle elle réussit à calmer ses autres émotions, usant de l'opinion disant que le chevalier aurait dû être emprisonné.

«Hé, toi!» Rattrapa une voix venue de derrière. Sur les deux jeunes gens qui se retournèrent, seule Luacha reconnu Joruhonèl, et put avoir son visage éclairci par le plaisir.

-Bonjour! Comment allez-vous?

-Rien de bien différent pour moi. Et c'est qui lui? Ton amant?

-Malheureusement, non. Je suis un ami de Guillaume nommé Bréval d'El Japre, répondit en plaisantant ce dernier. Et vous êtes?

-Joruhonèl. C'est une olius qui nous a aidé contre Avrion.

-C'est un bien grand mot pour juste vous avoir dit qu'il arrivait.

-Ce n'est peut-être pas grand-chose à vos yeux, mais sans ça, la moitié de la ville serait sans doute déjà partie en fumée.

-C'est peut-être vrai. Et sinon, au nom du Père, comment l'autre idiot à fait pour rassembler une armée entière?!

-Ce n'est pas vraiment compliquée, ma chère dame, expliqua Bréval. Tout le monde veut avoir ce genre de pouvoir, même vous sans doute, sans présumer de vos intentions bien sûr.

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant