Chapitre LXX: Flammes Sous La Nuit

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Les chétives flammes se tenaient droitement sur leur bougies, et apportaient silencieusement leur lumière aux hommes rassemblés. Les similitudes liant ces derniers dans leur entièreté étaient rares, car souvent brisées par au minimum un contre-exemple. Mais celle qui parvint à justement tous les rassembler était qu'ils mangeaient. Rapidement sans regarder les salissures, lentement en suivant un ordre précis des aliments, les yeux et l'attention sur le disque de porcelaine finement ouvragé, simple participation pour des motifs ultérieurs, satiété, goût, même là, leur façons de manier les ustensiles de métal pour déchiqueter la chair déjà morte divergeaient. Une grande partie d'entre eux étaient des chefs de troupes mercenaires convoqués depuis toute sortes de pays et de régions chaudes sous le soleil de ce continent, tandis que beaucoup d'autres étaient des généraux guerroyant sur le pays de leur ancêtres. Et ce, furent-ils des soldats ayant gravi les marches sablonneuses du succès, ou des aristocrates étant descendus depuis la riche côte nord. Et puis, il y avait Ibn, qui mangeait les aliments avec un ordre précis, et qui participait simplement pour le motif de l'unité avec ses commandants, se fichant du goût de ce qu'il avalait, et ayant déjà une satiété suffisante. Il resta muet, presque invisible, laissant ses hommes dérouler leur conversations sous son regard et son ouïe. Et bien que la plupart d'entre elles portaient sur des sujets qu'il connaissait déjà, ou qui avaient peu d'intérêt, il était satisfait de ce qu'il écoutait, les voix composant ces discussions étant pour la plupart d'une humeur positive. Leur armée était quasiment intacte, et fut rendue plus éclatante encore par la part du butin distribuée sur ses ordres à chaque soldat, refusant ainsi le chaos et les envies de révolte causées par un possible pillage libre. Avec un nouveau gouverneur nommé par lui à la tête de la ville, tous n'attendaient plus que de repartir avec le même esprit courageux et batailleur qu'ils avaient eu en quittant Beliziz, pour pouvoir revivre ces moments dans une contrée plus riche encore. Cependant, passées les émotions, se trouvait un fait sec: l'espoir d'une deuxième victoire de même qualité devait être rétracté, sous peine d'une déception coûteuse. Ceux devant lui en parlaient justement, ils abordaient la question des éléphants, de l'aide de la Khandoce, des Erlin, et des autres obstacles qui se manifesteront bientôt, et bien qu'ils comprenaient l'étendue du problème, ils surestimaient celle de la solution, qui n'était d'autre qu'eux-mêmes. Pour maigrir cette confiance grasse, Ibn se vit obligé de se faire entendre en frappant sur la table basse d'ébène, avant de déclarer sa volonté en seulement douze mots. «Peu m'importe ce que vous pensez, considérez la prochaine bataille comme difficile.» Il regarda chaque général et chef dans les yeux, les uns après les autres. Ils n'eurent rien à ajouter et acquiescèrent avec plus ou moins de bonne volonté, sauf un, mercenaire reliçais dont le regard tranquille n'évitait nullement de croiser celui du roi autoritaire.

-Si je puis me le permettre Votre Majesté, la bataille à venir ne sera ni pour moi, ni pour la plus grande partie de mes hommes, la première où l'on devra prouver notre valeur contre les choses mentionnées précédemment, ni la plus difficile ainsi, je ne pense pas que nous ayons besoin de défaitisme.

-Cela peut-être vrai, mais est-ce que tout le monde ici peut en dire autant? Répondit Ibn, non seulement à destination du Reliçais, mais de tout ceux qui se reposaient sur ce dernier. Eux aussi auront à combattre, et toi et tes hommes ne pourrez pas gagner la bataille par vous-même.

-Bien sûr qu'il n'est pas question de gagner la bataille par nous-même, je dis simplement que notre aide sera précieuse.

-Si c'est le cas, autant en profiter à maximum. Que dirais-tu d'offrir à mes soldats un entraînement supplémentaire pour les préparer à affronter les armées de mon oncle, contre de l'or bien sûr? Cela sera bien plus productif que d'encourager la confiance et la paresse.

-Volontiers.

Suivant cet accord, le dîner se poursuivit jusqu'à ce qu'il n'y ai plus aucun aliment digne d'être mâché encore et encore. Ibn fut le premier à partir, non sans recevoir quelques salutations de la part de ceux encore à table. Deux gardes du corps, stationnés discrètement aux coins de la salle, rejoignirent leur souverain à la porte. De l'autre côté de cette dernière, les trois trouvèrent deux soldats qui montait la garde à gauche et droite de celle-ci. Ibn leur adressa un simple mais honnête «au revoir messieurs», avant de s'en aller avec sa propre paire de gardes le long du couloir éclairé par des torches.

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant