Chapitre 125 - Leurs âmes liées

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GRAVESON - 5 HEURES AVANT L'ECLIPSE

Avant même le lever du soleil, le matin du 3 octobre, Kate put enfin savoir la date qu'il était. Cela se manifesta à son réveil après un sommeil entrecoupé ; ne dormant que par tranches de quatre heures toutes les dix heures environ, n'ayant aucun moyen de se repérer dans ses journées et la cave restant imperturbablement noire. Elle avait senti l'odeur de l'assiette que son père avait déposée non loin de la porte. Contrairement aux premiers jours, elle se rua dessus, l'estomac dévoré par la faim.
Quand elle chercha à s'éclairer pour localiser son plat, son Immatériel brilla si fort qu'elle en fut éblouie. Pourtant, elle n'en avait guère besoin d'autant... Elle comprit alors que l'éclipse était sur le point de se produite ; ce n'était qu'une question d'heures. Elle mangea l'espèce de bouillie de légumes infâme sans se soucier du goût, la purée se mélangeant au sang séché qui s'agglomérait au bout de ses doigts. Cela faisait quelques jours qu'elle avait cessé de marquer ses sombres sentences sur le mur. Elle commençait à manquer de place.
Tout autour d'elle, les phrases en rouge « NE LE TUE PAS » assistaient à sa piètre déchéance.
Quand elle eut terminé, elle se leva, sur ses jambes devenues bien grêles par le manque d'exercice et à cause de ses carences alimentaires. Puis, après une minute de pause, elle frappa à la porte. Personne ne lui répondit. Mais elle savait qu'on l'écoutait.

— Je suis prête... Je suis prête à le faire !

*** *** ***

POUDLARD

— Fais attention !
— J'en ai déjà mis quatre ! Je ne vais pas mourir au cinquième !
— On ne sait jamais.

Avec précaution, Tetsuya plaça le Matagama dans son réceptacle en pierre. Il épousa à la perfection la forme creusée dans la porte du tombeau. Il ne put s'empêcher d'éprouver une certaine fierté. Tous les autres artefacts avaient été disposés à leur juste place : Excallibur, la Coupe de Feu, Andvaranaut, l'eau de Jouvence et le collier des Brísingar.

— Tout est là ! s'enchanta Rose.
— Oui, enfin... il nous manque quand même le principal, fit remarquer Nestor.

L'emplacement réservé au pendentif de Kate restait vide. Ils avaient besoin d'elle pour ouvrir le tombeau...

— On a c-c-combien de temps ?

Tetsuya consulta sa montre : il était 7h12. Tout le monde était descendu au réveil, pensant que Kate serait apparue dans la salle commune à l'image du Père Noël un 25 décembre. Mais à quelques heures de l'échéance, leurs doutes devenaient plus cauchemardesques que jamais.

— L'éclipse sera à son paroxysme à 10h31. Et se termine aux alentours de 12h30...
— Des nouvelles d'Emeric ?
— Aucune...

Il rallongea sa manche de pull pour cacher les aiguilles de sa montre et pour camoufler la nouvelle angoisse qu'elles généraient.

— Je vais à la tour de l'horloge. Voir si Terry et Maggie ont des nouvelles. Restez là.

Nestor, Rose et Leeroy approuvèrent et restèrent dans la pièce souterraine, observant la remontée de Tetsuya. Il attrapa au vol sa cape de sorcier qu'il avait laissée sur le dossier de l'une des chaises de travail de la salle commune. Autour de lui, les plus jeunes commençaient à s'activer pour préparer leur nouvelle journée de cours. Certains étaient au courant de ce qui se tramait, mais la rumeur n'avait pas été éventée plus que de mesure. Tetsuya le constata par lui-même quand il traversa les couloirs de l'école. Les rires et les conversations le laissaient de marbre. Il semblait être un spectre, comme tant d'autres fantômes à Poudlard. Autour de lui, personne n'avait conscience de tout ce qui allait se jouer d'ici quelques heures.
Il traversa de grandes cours avant de grimper les escaliers de la tour de l'horloge. Au sommet, sur l'échafaudage en bois, devenue la plateforme de transplanage, Terry et Maggie attendaient là. Le premier faisait les cent pas, les lattes craquant sous ses pieds. La seconde avait métamorphosé un tonneau contenant de vieilles banderoles de Quidditch en une chaise pour rester assise. Maggie allait bientôt débuter son neuvième et dernier mois de grossesse.
Quand il posa le pied sur la dernière marche, Terry se précipita vers lui :

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant