Chapitre 69 - Songes liés et vocations communes

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Quatre années de construction et d'organisation avaient suffi pour que Poudlard puisse voir le jour. Sur les plans de Rowena, les quatre fondateurs avaient consacré leurs jours et leurs nuits pour cette école qui pouvait accueillir plusieurs centaines d'élèves. Oui. Maëva se reconnaissait en eux. Ils nourrissaient de tels rêves.

Un matin, elle contempla le château, encore vide, à partir d'un emplacement que Kate connaissait bien : le creux qui abritait la cabane d'Hagrid. La jeune fille spectrale, qui ne quittait pas les côtés de Maëva, jetait un coup plus méfiant à ces murailles. Elle reconnaissait plus loin le lieu où se déroulait habituellement son cauchemar. Et maintenant qu'elle savait que Cliodna chuterait de ces remparts, tuée de la main de son amie, cette vision lui laissait un goût amer. Comment avaient-elles pu en arriver là.

Le vol d'un magnifique papillon arracha Maëva à ses pensées. La sorcière en sourit et s'approcha de l'insecte aux vives couleurs, qu'elle apprivoisa grâce à son Immatériel. Le papillon se jucha alors sur le doigt qu'elle lui présenta. Maëva appréciait les animaux, Kate le distinguait clairement. Son chien Ailin, devait lui manquer. Mais cela faisait déjà près de vingt ans qu'elle avait quitté le foyer familial. La bête ne devait, hélas, plus être de ce monde depuis longtemps.

— Professeur ?

Maëva se détourna de son papillon pour dévisager Godric, qui venait l'aborder à l'orée des bois. Le jeune homme présentait désormais une forte carrure et une barbe claire bien fournie. La druidesse se souvenait encore du jour où elles l'avaient recueilli, elle et Cliodna, alors qu'il n'était encore qu'un enfant, qu'un écuyer. Leur petit protégé était aujourd'hui devenu un homme, un sorcier accompli. Cette observation lui réchauffait le cœur.

— Que puis-je pour toi, Godric ?

— Accepter ma présence à vos côtés, si vous le permettez ?

Dans un sourire, Maëva hocha la tête, puis tous deux contemplèrent Poudlard, Godric avec un soupir :

— Sans vous, rien de tout cela n'aurait été possible.

— Vous avez été les instigateurs de ce projet, le mérite vous revient, raisonna Maëva, sans complètement y croire. Les nouveaux élèves vont-ils bientôt arriver ?

— Nous fignolons encore quelques derniers détails. Salazar s'oppose à mon idée d'accepter les Nés-Moldus. Je pense pourtant que ce sont les plus vulnérables.

Maëva se tut ; elle connaissait les positions de Serpentard, sans jamais lui avoir avoué qu'elle en était elle-même une. Une sorcière née du fruit du hasard.

— Tu devrais défendre ton opinion, Godric.

— Je sais... Mais je ne veux pas que cela dégénère. Pas maintenant. Je vais lui accorder le temps, peut-être reviendra-t-il sur sa décision.

— Tu es confiant, Godric. Salazar a de la chance d'avoir un ami conciliant que toi. Hélas, je m'étonnerai qu'il change d'avis. Les années n'y feront rien. Le temps ne comble pas le vide créé par l'absence d'une personne, même si on se force à y croire. Et la sœur de Salazar est encore trop présente dans son esprit.

Godric hocha la tête en lui admettant cela. Puis, après un court silence, il reprit :

— Nous cherchons le moyen de répartir le plus équitablement possible les élèves entre nous quatre.

— Vous avez chacun émis des choix. Des critères. Je présume.

— C'est exact.

— Et je suppose que tu viens m'en parler car vous pensez que je suis en mesure de vous aider pour cela ?

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant