Chapitre 86 - L'énigme des miroirs

1.9K 142 69
                                    

L'ambiance à Poudlard, ou du moins, dans le petit groupe d'amis, avait sensiblement changée depuis la rupture de Maggie et Terry. Les deux ne s'adressaient même plus la parole, si ce n'était pour se saluer, quand ils se croisaient. Kate avait ainsi appris qu'il était impossible pour elle de se dédoubler et que le choix devenait de plus en plus difficile le matin, au petit-déjeuner, quand elle devait se décider à rejoindre la table des Poufsouffle ou celle des Gryffondor. La plupart du temps, elle préférait se rendre à la sienne pour éviter que son geste soit interprété comme du favoritisme.
Mais ce matin-là, elle choisit de s'asseoir avec Maggie, pour plusieurs raisons : la première, Terry était déjà bien entouré, discutant avec Branstone et Clifford, deux de ses amis de Poufsouffle ; la seconde, un match allait avoir lieu. Gryffondor et Serpentard se disputaient la deuxième rencontre de la saison, après un match Poufsouffle – Serdaigle, pour le moins décevant. De ce fait, Kate avait décidé d'apporter son soutien moral à Maggie, qui n'était jamais confortable, une heure avant la confrontation.

— Pas de photo ! cria la Gryffondor à l'intention de Suzanna, qui avait pointé discrètement son appareil vers elle.
— D'accord, d'accord... ! Pas la peine de me le dire comme ça !

Maggie ne s'excusa pas et secoua la tête avant de ravaler une gorgée de jus de citrouille. Suzanna se pencha vers Scarlett et lui chuchota :

— Je ne m'étais pas rendue compte à quel point le fait qu'elle sorte avec Terry pouvait annuler sa mauvaise humeur naturelle...
— Vous allez exploser les Serpentard, sourit Kate, pour couvrir le chuchotis de Suzanna.
— Pas sûre, grommela Maggie. On s'est pas assez entraîné, je trouve...
— La faute à Gale qui est plus occupé à courir après les filles qu'à planifier des entraînements, lâcha Moira.
— Cet abruti ne changera donc pas, soupira Kate, qui commençait à s'habituer aux frasques de son idiot d'ex.
— Qu'il profite ! rebondit Suzanna, elle-même vexée, car ayant fréquenté Griffin, même si ce ne fut que quelques semaines. Il est canon aujourd'hui. Mais le karma est le karma ! Si ça se trouve, dans quinze ans, il sera tellement hideux que personne ne voudra de lui !
— Ça serait ironique, pour un Gale...
— Tu penses que le vaudoo peut fonctionner ?
— J'y ai déjà pensé, Suzanna. Mais ça ne sert à rien de s'acharner sur les handicapés.
— Tu es la sagesse incarnée, Kate.

Puis, la Papillombre dévisagea le profil de Maggie, obnubilée, semblait-il, par sa tartine de confiture. La Gryffondor n'était plus tout à fait la même, depuis quelques semaines. Elle s'était même enfermée dans son dortoir, le soir d'Halloween, refusant de se joindre aux festivités. Non. Maggie n'avait définitivement pas le cœur à rire. Elle s'était résolue à épouser Henry Egerton, à abandonner Terry. Peut-être était-ce mieux pour eux deux. Terry avait pris ses distances pour ne pas avoir à souffrir plus longtemps de cette situation. Mais Kate savait qu'il se vouait toujours, l'un pour l'autre, un profond amour que rien ne pourrait effacer. C'était là toute l'étendue du drame.

— Je comprends, souffla Kate à sa meilleure amie, malicieuse, les coudes sur la table. Je trouve aussi cette tartine délicieusement sexy !
— Bas les pattes, Whisper ! ricana Maggie.
— Mais tu sais ce qui serait encore plus canon ?

Sans prévenir, elle ajouta une tranche de pain par-dessus et s'exclama, triomphante :

— Un sexy sandwich !
— Je... ne voulais pas de sandwich, Kate.
— Tu rigoles, j'espère ! Meilleure invention du monde ! Réfléchis deux secondes. S'il tombe par terre... il tombera forcément du côté du pain ! Bam ! Tous les problèmes de la tartine maudite sont résolus !
— Waoh. Ma vie a changé.
— Cache ta joie.

Maggie étira un discret sourire en relevant les efforts que déployait sa meilleure amie pour lui changer les idées. Elle vida son jus de citrouille, dont elle fit claquer le godet sur la table.

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant