4. Gazelle (2/2)

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– Non, Maureen, j'y vais, dit Rémi en s'avançant vers Ziad, Achille et Maxime.

– Je te dis que c'est bon, insiste la jeune femme. J'étais championne d'athlé, si ça devient louche, je ferais ce que je sais faire de mieux : je cours.

– Oui, puis laissez-nous des garçons, implore Diane.

Lilia ne peut s'empêcher de serrer la main de Maureen avant qu'elle s'éloigne.

– Faites vite !

Ziad demande à Ven de les alerter par un cri au moindre doute. Puis les quatre éclaireurs s'élancent et longent leur limite respective.

Achille tremble de tout son corps, mais il scrute la moindre parcelle de haie, sans hésiter à vérifier l'état du mur quand il le peut. Pour se donner du courage, il déclame sa pensée de l'instant :

– Ptain j'pisse de trouille, j'pisse de trouille, j'pisse de trouille !!!

Ziad et Maureen se rejoignent à l'angle de leur délimitation.

– Alors ? demande-t-elle.

– Rien, répond-t-il, non sans manifester de l'admiration pour sa rapidité malgré sa robe rouge, peu adaptée à la course.

Achille et Maxime font aussi chou blanc. C'est auprès d'un groupe dépité qu'ils délivrent leur verdict.

– On est piégé ! peste Diane.

Les larmes ont fait place à une colère collective, une rage.

– On devrait entrer, suggère Lilia. On s'enferme dans le grand salon. On a de la nourriture, de l'eau, on s'arme des couteaux, on surveille les baies vitrées... On finira bien par venir à notre secours !

Nath est du même avis.

– Qui nous dit qu'on ne s'est pas complètement fait avoir ? Et si toute la machine Symphonia n'était qu'un leurre, un appât ? Qui nous dit que la production n'est pas qu'une équipe de freaks détraqués ?

Maxime n'a pas le temps de poursuivre, une nouvelle explosion retentit. Ils sont pris pour cible.

Les douze ont le même réflexe : ils plongent dans la piscine.

Leur cercle se reforme au centre, puis le calme se fait et Ziad reconnaît une odeur caractéristique :

– Des pétards ?

Soudain, la bâche motorisée s'actionne, menaçant de les piéger.

– Sortez !

Ils nagent à s'en déchirer les muscles des bras et des jambes. Mélissandre a perdu ses lentilles. Elle devine une silhouette sur le côté opposé et se dirige vers elle.

Les autres arrivent déjà sur le bord d'en face.

Lorsque Mélissandre se hisse, elle appelle la silhouette à l'aide.

– Oh, sauvez-nous !

De l'autre côté, Rocco crie son nom, mais c'est trop tard.

La silhouette taillade l'épaule de la jeune femme avant de la repousser dans le bassin. Son cri est étouffé par la tasse.

– Mélissandre !

Des grilles émergent autour de la piscine, comme des herses inversées entravant les élans de Ziad, Ven et Lilia qui s'apprêtaient à plonger pour lui porter secours. Maureen constate que la silhouette a disparu.

Ils ont beau crier, Mélissandre peine à flotter, entre sa blessure et la quinte de toux. Elle crie, la bâche arrive déjà à son niveau.

– A l'aide !!!

– NON !

– Mélissandre !

Le cri de la jeune femme se poursuit, puis s'éteint alors que la bâche la recouvre, transformant le bassin en cercueil.

Ziad et Maxime courent de l'autre côté, espérant voir où s'est retranché l'homme-silhouette.

– Salaud ! hurle Maureen. Mais aidez-nous, putain ! implore-t-elle en cherchant désespérément les caméras.

Les haut-parleurs grésillent à nouveau, hérissant le poil de chacun d'eux.

« Voilà ce qui va se passer, à partir de maintenant, vous êtes seuls. Prenez garde, je vais vous avoir un par un. »

Diane fond en larmes.

« Peut-être que l'un d'entre vous s'en sortira »

– Enfoiré ! répond Ziad.

« Si vous restez groupés, je vous tue tous »

Nath est retenue par Rémi, au bord du malaise.

« Une dernière chose : souriez, vous êtes filmés ».

LE MAESTROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant