Chapitre 4 (partie 2) : L'autre monde

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La cacophonie de bruits sourds s'intensifia. Il était proche. Seul un petit amas de troncs géants et de broussailles cachait encore l'animal.

Il prit une grande inspiration, puis bondit sur le côté, brandissant son téléphone devant lui pour éclairer la bête.

Une biche ! Enfin... une sorte de biche... Une antenne d'une dizaine de centimètres finissant par un petit globe lumineux sortait de son front.

William se détendit. Même si cette créature à antenne était très insolite, elle n'avait pas l'air dangereuse. Son antenne clignotante était même plutôt mignonne, et puis il y avait déjà des arbres haut-parleurs dans cette forêt, alors pourquoi pas une biche à antenne fluorescente ?

William observa l'animal de plus près. Quelque chose n'allait pas. Elle se débattait, tapait frénétiquement le sol de ses sabots, mais rien n'y faisait, sa jambe arrière droite restait coincée, enfoncée dans un trou jusqu'au genou.

William s'approcha prudemment, curieux de voir ce qui la retenait prisonnière.

Le trou semblait vivant... Ses parois pleines de piques se rétractaient lentement autour de leur prise tandis qu'une substance visqueuse engluait la patte de la biche au fond de la cavité.

Qu'est-ce que c'était ? Une plante carnivore ? Elles n'étaient pas sensées manger uniquement des insectes ? William frissonna à l'idée de tomber dans l'un de ces pièges végétaux. Il allait devoir faire plus attention où il mettait les pieds.

Malgré tous ses efforts, la biche ne parvenait pas à bouger sa jambe. Les parois dentées allaient bientôt entrer en contact avec sa chair. William ne pouvait pas supporter ce spectacle. Il agrippa la patte d'une main et tira, mais ses efforts n'eurent aucun effet. Il rangea son portable, puis utilisa ses deux mains et tout le poids de son corps pour tenter d'extirper la jambe du trou.

La biche s'affala sur lui, et ils tombèrent au sol. Avait-il réussi ? William souleva un peu l'animal pour se dégager, puis se releva, récupéra son portable et illumina la scène.

La biche, toujours à terre, tressautait mollement, une lance plantée dans son flanc. Quelques mètres derrière l'animal, une silhouette sombre approchait furtivement.

La forme poussa un cri, puis s'échappa dans l'obscurité.

— QUI EST LA ? hurla William

Avant que quiconque n'ait pu répondre, les arbres haut-parleurs s'éveillèrent, créant des centaines d'échos de leurs deux cris. William avait le souffle court et les muscles crispés. Est-ce qu'il allait aussi recevoir une lance dans le ventre ? Tandis que le vacarme des arbres s'éloignait, William balayait frénétiquement les alentours avec sa lampe, mais il ne trouvait pas la moindre trace de la silhouette.

— Wu'ir do ? dit doucement une voie dans son dos

William se retourna brutalement, éclairant une nouvelle fois l'inconnu, mais celui-ci recula, et se fondit à nouveau dans les ombres.

William essaya de se calmer. S'il tentait quelque chose sans réfléchir, il allait mourir : son agresseur aurait pu le tuer lorsqu'il était dans son dos ! William avait eu de la chance qu'il ait décidé de lui parler et non de l'embrocher. Il devait maintenir le dialogue.

— I'm a friend. Can we talk ?

— Dapa di watipo !

Apparemment, il ne parlait pas anglais non plus... Si cela continuait, il allait se faire éventrer !

— Dapa di watipo ! répéta la voix sur un ton plus agressif

Ne panique pas, ce serait encore pire, pensa-William en tremblant. Peut-être qu'il comprendra l'une des autres langues que je connais un peu ?

La Magie des CheminsWhere stories live. Discover now