La Magie des Chemins

Chapitre 3 (Partie 4) : La fin du monde

Ils marchèrent jusqu'à ce que la lumière rouge ait disparu, puis firent une pause. William déposa l'enfant au sol. Celui-ci resta allongé par terre, sans doute épuisé après s'être tant débattu. William raconta ce qui s'était passé à Eva. Elle resta silencieuse quelque temps, puis versa quelques larmes.

— C'est horrible...

— Je ne savais pas quoi faire. Mais le feu arrivait, alors je l'ai attrapé et je me suis enfuit.

— Je pense que tu as bien fait, le réconforta-t-elle. J'aurai sans doute fait pareil.

Elle enlaça le petit enfant.

— Ça va aller maintenant, lui murmura-t-elle.

— Je veux ma maman...

— Elle n'est pas ici, mais quand tout ça sera terminé, je t'aiderai à la retrouver, promis.

— Je veux maintenant !

— Tu penses que ta maman voudrait que tu retournes dans les flammes ?

Le petit ne sut pas quoi répondre.

— Je suis sûre que ta maman aimerait que tu restes avec nous, en sécurité, continua-t-elle.

L'enfant se détendit, mais riva ensuite son regard vers William.

— Je veux bien être avec toi, mais pas avec le méchant !

— Eh ! Je ne suis pas méchant ! dit William

Le gamin se blottit dans l'étreinte d'Eva.

— Si ! Il m'a crié dessus très fort, et puis il m'a attrapé et ça a balancé très fort et ça a fait mal.

— Ne t'inquiète pas, je te protège maintenant, répondit Eva. Tu t'appelles comment ?

— Rayan

— C'est un joli prénom. Moi, je m'appelle Eva et lui c'est William. Il n'a pas fait exprès de te faire mal, il voulait juste te sauver du feu.

— Hum, oui, désolé si j'ai été trop brusque, s'excusa William.

— Il m'a protégé lorsque la terre a tremblé, sans lui, je serais sans doute morte. Alors tu peux lui faire confiance aussi.

Rayan regarda William avec méfiance, mais finit par se calmer sous les encouragements d'Eva.

— Tu me protèges ?

— Oui, ne t'inquiète pas répondit-elle. Le feu pourrait encore nous rattraper donc on ferait mieux de se remettre en route. Tu peux marcher ?

Rayan acquiesça. Ils se levèrent et se remirent en route. Ils marchèrent pendant plus d'une heure. William soutenait toujours Eva, essayant de minimiser sa douleur. Il commençait à fatiguer ; de temps en temps, il avait même des vertiges. Sa gorge était si sèche qu'il regrettait d'avoir refusé l'eau d'Eva, mais c'était trop tard, Rayan avait fini la bouteille. Il espérait vraiment que les parents d'Eva les attendaient avec de l'eau et un refuge sinon... Non, il devait rester positif ! La pluie de cendre avait cessé, et ils étaient presque arrivés.

Ils étaient actuellement dans le parc de Saint-Cloud. William connaissait bien ce parc se trouvant juste à côté de chez lui. Il l'avait traversé chaque fois qu'il se rendait au collège. Mais aujourd'hui, tout lui paraissait étranger. Le sol était recouvert de troncs à moitié ensevelis sous les cendres, et les quelques arbres qui tenaient encore debout avaient été dénaturés par la substance noire. Ils ressemblaient désormais à des ombres sinistres pleines de bras difformes. Au loin, la colline avec ses jolies fontaines était devenue une masse sombre et irrégulière.