Chapitre 3 (partie 2) : La fin du monde

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Ils restèrent enlacés pendant au moins une minute, puis prirent conscience de leur environnement.

Paris s'était arrêté. Seuls des murmures entrecoupés de cris teintaient le silence irréel de la métropole. L'air était lourd et sentait le renfermé. Par endroits, des nuages de particules retombaient lentement vers le sol lézardé de craquelures. Les bâtiments de style Haussmannien étaient fissurés, leurs vitres brisées, et l'un des balcons était même tombé sur le trottoir. Une voiture avec les roues en l'air était couchée au milieu de la route. Quelques personnes couraient à droite à gauche, mais la majorité de la foule s'était rassemblée à l'endroit le plus éloigné des bâtiments : l'intersection entre la route longeant la Seine et un pont qui la traversait.

William s'inquiétait pour son frère de 10 ans qui était resté seul à la maison. Il devait se mettre en sécurité avant qu'il n'y ait une réplique. Il sortit son portable, mais il n'y avait aucun réseau... Eva devait avoir eu le même réflexe, car elle regardait son téléphone avec anxiété.

— Pourquoi, ça ne marche pas ! Mes parents... Ils doivent s'inquiéter.

— J'ai l'impression que tout le réseau est HS, dit William. On ferait mieux de rentrer chez nous le plus vite possible.

— Mais le métro... Je ne peux pas y retourner !

— Moi non plus. De toute façon, je ne pense pas qu'il fonctionne encore. Il va falloir marcher.

— Marcher ? Ça va prendre combien de temps ?

— Je ne vois pas d'autre solution...

Eva soupira.

— On doit se dépêcher alors. C'est quoi le chemin le plus court, à ton avis ?

William se concentra. Il avait une idée générale de leur position et connaissait la direction de Saint-Cloud. Le problème était la Seine... Il fit de son mieux pour se souvenir du plan de Paris, puis évalua leurs options. Réfléchissant tout haut, il indiqua le pont de sa main.

— Ça doit être le chemin le plus court, mais c'—

— Je pense pareil, le coupa-t-elle. Je n'en peux plus de rester ici, allons-y !

William l'agrippa par le bras.

— C'est trop dangereux ! On pourrait mourir si le pont s'effondre.

— On peut mourir partout après un séisme. Et tu veux faire quoi ? Contourner la Seine ? En plus regarde, il y a déjà quelqu'un qui traverse.

Une vieille dame avec sa canne marchait péniblement vers eux, elle avait déjà parcouru la moitié du pont.

Eva se dégagea et se dirigea vers le fleuve. William la suivit. Il devait la dissuader de faire quelque chose d'aussi stupide.

— Je veux juste contourner ce méandre de la Seine. C'est vrai, c'est un détour, mais qu'est-ce que tu feras si le pont de l'autre côté du méandre est cassé ? On serait obligé de revenir sur nos pas. Et t'as vu l'état des bâtiments de l'autre côté ? Ils sont à deux doigts de s'effondrer. C'est bien plus sûr de longer le fleuve jusqu'à chez nous.

— Arrête d'être si pessimiste ! On sera en sécurité à la maison avec mes parents. Plus vite on y arrive mieux c'est.

Elle courut quelques mètres sur le pont puis sauta plusieurs fois.

— Tu vois, il ne se passe rien, c'est du solide.

— Heureusement qu'il ne se passe rien !

La Magie des CheminsWhere stories live. Discover now