Chapitre 1 (partie 2) : La vie de William

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Sa mère l'accueillit avec un bisou sur le front. Même à plus de quarante ans, elle était belle. Ses longs cheveux châtains caressaient son visage délicat, pendant que ses yeux verts, mis en valeur par une paire de lunettes bleues à verres ovales, examinaient William avec tendresse.

— Comment ça s'est passé à l'école ?

— Bien, répondit-il machinalement, repensant aux événements de la journée.

Comment pourrait-il lui révéler qu'il n'était qu'un chien qui ne savait même pas nager ? Toute sa classe le prenait pour un animal, mais au vu du dégoût qu'il leur inspirait, il n'était même pas sûr de pouvoir revendiquer ce titre. Il devait être un déchet, bon à être jeté à la poubelle...

William fuit le regard inquiet de sa maman pour aller se barricader dans sa chambre.

William s'efforça d'oublier ses émotions négatives. Il devait trouver un endroit où ranger la licorne. Sa chambre était une petite pièce austère comprenant simplement un lit, un bureau avec un ordinateur, une armoire et une étagère avec quelques livres. Exposer le doudou sur l'étagère aurait était trop embarrassant, il le cacha donc au fond de l'armoire.

Il alluma son ordinateur et se laissa absorbé par article sur la formation des trous noirs. Un sourire conquit peu à peu son visage.

William dégusta des articles scientifiques, pendant plusieurs heures, s'imprégnant de leur savoir.

Lorsque sa mère l'appela pour venir manger, il appliquait ses nouvelles connaissances de relativité générale sur le problème des trois corps. Cette mise en pratique s'avérait plus difficile que prévu. Il avait déjà retrouvé les solutions d'Euler et de Lagrange en utilisant la théorie de gravitation de Newton, mais n'arrivait pas à reproduire ses résultats avec la relativité générale. Peut-être que son père saurait lui expliquer ? William quitta sa chambre pour aller lui demander conseil.

La cuisine, qui leur servait aussi de salle à manger, paraissait étriquée malgré sa taille moyenne. Une table en bois prenait la majorité de l'espace central tandis que la périphérie était occupée par la cuisinière et l'évier.

Katelyn, la mère de William, se faufila entre une chaise et un placard pour finalement atteindre l'évier et pouvoir remplir sa carafe d'eau.

Son père était déjà assis. Un mètre soixante-dix, cheveux noirs coupés courts avec un début de calvitie, Tristan Schwartz avait une apparence des plus ordinaire. Seul ses yeux bleus pétillants trahissaient son intelligence hors du commun. Vêtu de sa familière chemise à carreau légèrement froissée, il mâchonnait son crayon à papier favori, perdu dans ses pensées.

— Papa, s'exclama William. Je suis bloqué ! Je n'arrive pas à retrouver les orbites stables du problème des trois corps avec la relativité générale. Tu peux venir m'aider ?

Son père éclata de rire.

— Tu m'impressionnes, tu sais ? dit-il en se levant. A ton âge, je comprenais à peine ce qu'était une dérivée. La relativité générale n'est pas mon sujet de prédilection, mais je pense encore pouvoir t'apprendre une ou deux choses.

William et son père allaient partir s'amuser avec les équations d'Einstein, lorsqu'ils se firent rappeler à l'ordre par la maîtresse de maison.

— Tristan ! dit Katelyn. Le repas est prêt, alors ne va pas jouer avec ton fils. J'ai l'impression d'être la seule adulte ici...

Déçu, William et son père s'assirent.

— On verra ça après manger, le consola Tristan.

La Magie des CheminsWhere stories live. Discover now