Spring will be reborn

46

- Liam ? C'est toi, tu es revenu ?

Je n'ai pas bien entendu, c'est un cauchemar. Je me pince pour savoir si toute cette merde n'est qu'un putain de rêve. Apparemment, je suis bien ici, dans une chambre d'hôpital, avec ma copine, qui au passage est ma demi-sœur par alliance, car pour bien tout compliquer, sa mère n'est pas sa mère, et qui vient de se réveiller de cinq jours de coma en prononçant le nom de son ex. Vraiment dans notre vie rien ne va plus. Je lui réponds calmement pour éviter de lui infliger une crise cardiaque :

- Mon amour, je suis Grégoire...Liam n'est plus parmi nous depuis plus d'un an.

Une larme roule sur sa joue, elle tremble en disant :

- Oh excuse-moi Greg, c'est que...C'est que...

Je lui prends la main et l'incite à continuer :

- Liam est vivant Greg !

- Non bien sûr que non ! Ca n'a aucun sens, mon cœur !

- Si Greg, il m'avait envoyé une carte, il y a deux mois avec son numéro. Je l'ai appelé pendant notre séjour à Paris...

- Bordel de merde ! Mais tu comptais m'en parler quand ? Je suis qui pour toi Ju ? Parce que je commence à douter fortement ! 

- Laisse-moi finir Greg. Je l'ai appelé pour qu'il témoigne avec moi contre sa mère ! Lui aussi s'est fait battre... Le jour de sa potentiel mort, le tireur lui a tiré en l'air et l'a kidnappé puis il a dû rembourser sa dette pendant un an. Depuis six mois maintenant il vit chez son père. Il peut m'aider ! Greg s'il te plaît, ne te met pas en colère.

Elle me supplie du regard. Tout ce cirque et ces chamboulements commencent à sérieusement m'agacer. Je sais même plus comment me comporter avec Judith. Notre relation ces derniers temps a tellement changée : elle est passée d'un couple fusionnel et passionnel à une relation fraternel. Et puis, Liam qui refait surface. Je sais pas combien de temps encore je vais pourvoir supporter tout ça.

- Mais je comprends pas, son corps n'avait pas été retrouvé ?

- Non jamais ! Mais sa mère lui a fait faire une tombe.

L'étincelle que je vois dans son regard est la même que quand elle me regarde. Une étincelle d'espoir signe d'échapatoir et de beauté. Je ne sais vraiment plus quoi pensé mais je doute que ce soit le moment pour remettre en question notre relation.

- Et quand doit-il arriver ?

- Jeudi.

- Merde c'est aujourd'hui !

- Hein ? Mais je suis là depuis combien de temps ? Et il m'est arrivé quoi ? 

Je la vois commencer à s'affoler. Elle est encore bien pâle et je pense qu'elle n'a pas beaucoup de force. 

- Arrête de paniquer Ju. D'après les médecins, tu as fait une sorte d'AVC mais ça n'a encommagé aucun muscle. Tu es là depuis samedi...

Elle détourne le regard et se mord la joue pour ne pas pleurer. Je déteste la voir dans cet état.

- Regarde-moi Ju.

Je prends son menton dans mes mains et souris :

- Tu l'as fait Ju ! Tu y es arrivé ! Les championnats de France t'attendent à bras ouvert !

En un instant, elle retrouve le sourire et m'enlace chaleureusement.

- Je suis tellement heureuse Greg. C'est enfin une bonne nouvelle !

Je l'embrasse sur la joue. 

La porte s'ouvre sur un médecin accompagné de Tommy qui était parti le chercher. Nous le laissons seul avec Judith encore euphorique. 

- Elle va comment ? 

- Bien...Comme une personne qui sort du coma quoi.

Tommy me sourit. Je vois arriver toute la petite famille au bout du couloir. J'ai de la chance de les avoir tous. La situation n'est pas facile facile a accepté mais maintenant ils font partis de moi en quelques sortes. Je les adore. 

Nous attendons tous patiemment derrière la porte que le médecin ressorte. Un quart d'heure plus tard, Jean et Alix débarquent main dans la main, le sourire aux lèvres. 

- Alors vous l'avez vu, elle va bien ?

- Je peux la voir ? 

- Oui d'apparence tout va bien...Non désolé Al, on attend que le médecin sorte pour pouvoir rentrer. 

- Ok pas de problème sinon quoi de neuf ? 

Jean, Alix et moi restons en retrait par rapport au reste de la famille. Je leur réponds à voix basse :

- Disons que je sais plus trop où on en est avec Ju.

- Hein mais pourquoi tu dis ça ? me coupe Alix.

- Je sais pas... C'est comme si j'atais juste un élément décoratif dans la vie de Judith. Elle me voit comme son frère et encore. Elle me enfin nous confit rien. Je peux pas continuer avec ce type de relation. Et le pire dans tout ça, vous savez quoi ? 

Je passe une main dans mes cheveux pour me calmer. 

- Bah vas-y balance mec !

- Son ex, vous savez Liam...

- Il est mort, qu'est-ce que tu viens nous dire toi ! rigole Alix.

- Sois pas jaloux mec ! Rigole Jean.

Je les fusille du regard. Si seulement c'était que ça.

- Fermez-là bordel ! Il est vivant et de retour !

Alix ouvre la bouche et la referme je ne sais combien de fois. Jean regarde à tour de rôle sa copine et moi.

- Je suis sérieux ! Elle me l'a dit en se réveillant !

- Ah ouais là ça devient vraiment bizarre ! Mais t'es sûre qu'elle avait toute sa tête ?

- Oui parce qu'en soit elle sort du coma mec !

- Oh oui je peux vous dire qu'elle était totalement lucide ! Son regard était tellement...Tellement aimant quand elle m'a raconté ce merdier ! Vous pouvez pas savoir comment ça me fou en rogne ce bordel !

La porte s'ouvre sur le médecin. 

- Elle marche comme sur des roulettes cette Judith ! Elle pourra sortir demain soir ! Bonne soirée à tous !

Sur ces mots, il s'en va tout sourire à la chambre d'à côté.

Tout le monde rentre dans la chambre sauf moi. J'en ai assez entendu pour aujourd'hui. J'appelle notre chauffeur et rentre à la maison. 

Je me repose une dizaine de minute dans le canapé. Mon regard se pose sur le piano qui trône comme un roi au milieu du salon. Je m'y installe. Mes doigts effleurent nostalgiquement chaque touche puis je me laisse envahir par le printemps de Vivaldi. Cette musique, si vive, si mélodieuse qui exprime renaissance et espoir. Je me laisse imaginer une vie sans problème où à chacun de mes pas une fleur colorée pousserait sous le signe d'une bonne action. La vie y serait comme un voyage le long d'un fleuve tranquille remué par quelques tourbillons par-ci par-là. Un paradis sur Terre.