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Je ne parviens pas à fermer l'œil de la nuit. Les scènes affreuses de violence que Lucifer m'a fait subir me reviennent en mémoire dès que mes paupières se ferment. Je pleure silencieusement dans mon lit. Je sais que faire cette course n'est pas bien pour ma santé mais juste imaginer pouvoir courir sur la piste, entendre le coup de pistolet annonçant le départ, les hauts parleurs criant le nom de celui ou celle ayant franchi en premier la ligne, me donnent des ailes.
Je me lève doucement pour pas réveiller mes deux partenaires de chambre, ouvre la baie vitrée et sors sur le petit balcon. Je me muni d'un papier et d'un crayon et commence à écrire une lettre que je donnerai à Grégoire samedi. Une multitude d'émotions m'envahit lorsque mon crayon griffonne tous les mots, toutes les choses que je n'arrive jamais à dire. L'écriture est une arme puissante, les mots justes sont révélateurs et dévastateurs. Je la ferai tomber. Elle paiera le prix de sa vie pour ce qu'elle m'a fait. J'ai un secret, un gros secret qu'il la détruira quand je lui dirai et qu'elle ne pourra plus rien faire. Elle sera derrière les barreaux tandis que moi je serai libre et je pourrai lui faire sentir qu'elle est une délinquante, une moins que rien. Le printemps renaîtra dans mon cœur tandis que l'hiver s'emparera du sien. La vengeance. Voilà ce qui m'anime. Je plie la lettre et la range sous mes vêtements dans ma valise.

Vendredi. Je ne peux à peine regarder en face mes amis. Je sais qu'ils veulent m'aider. Ils veulent mon bien. Et je ne fais que les repousser. Ils ne savent pas ce que c'est d'avoir honte, de voir de la pitié dans tous les regards que tu croises, de ne plus savoir où est ta place. Heureusement, le séjour à Paris est terminé. Je suis dans le car, adossée contre la fenêtre, le regard vaquant sur le paysage qui défile...
Je me repasse en boucle le visage d'Alix quand elle m'a vu, les tirades de Grégoire et les avertissements de Jean. Albane, elle, m'a écouté sans jamais me juger.
Mes maux de dos n'ont cesser d'accentuer mais ma cheville va un peu mieux. J'espère de tout cœur que je pourrai courir demain. Je vais la gagner cette course et je vais prouver à cette salope que rien de ce qu'elle fait peut m'atteindre. Ensuite, j'irai porter plainte en prenant soin de passer ma médaille autour du cou. Dans deux jours, cette connasse sera dans une cellule.

Le trajet me paru plus long qu'aller. Peut-être parce que je n'ai pas parlé une seule fois... Je descends et attrapé mes bagages. Évidemment, je vais devoir faire le trajet à pied avec Grégoire. Nos parents ne seront probablement pas encore rentrer. Tant mieux.

- Tu veux que je t'aide ? Me demande Grégoire.

Je sais qu'il veut juste m'aider à me sentir mieux. Je décline sa proposition en repensant à tout ce qu'il m'a dit hier.
Je commence à marcher, Grégoire sur mes talons. Mon sac pèse lourd bien trop lourd pour mon dos. Je sens mon épaule gauche s'afaisser. Une douleur vive me parcours la nuque jusqu'au coude. Je me stoppe immédiatement.

- Ju tout va bien ?

- Oui merci Grégoire.

- Arrête de me parler comme ça ! Je veux juste t'aider !

Je lui jette mon sac et ma valise à ses pieds.

- Merci maintenant tu peux arrêter de faire une scène au milieu de la rue ?!

Je sais que ma colère est injuste.
Il ne me répond pas, ramasse mes affaires et continue de marcher jusqu'à la maison.
Arrivé là bas, je ne remarque pas la voiture de nos parents ce qui est plutôt bon signe. Nous sommes accueillis par Emy qui tient Eliot dans ses bras. Tommy se tient derrière eux.

- Alors les Parigos votre séjour s'est bien passé ?

- Génialisme ! Réponds Grégoire froidement.

Il passe devant sa sœur, manquant de la bousculer et rentre en trombe dans la maison.
Emy se tourne vers moi et demande :

- Qu'est-ce qu'il a ?

Spring will be rebornWhere stories live. Discover now