Spring will be reborn

10

Comme aucun membre de ma famille n'est là le lundi soir au moins jusqu'à 20h30, je propose à Côme de rester avec moi. Nous nous asseyons dans le canapé, en silence. Nos regards vides se croisent de temps à autre puis se posent sur une autre chose. Je pleure intérieurement. Si seulement le passé pouvait disparaître à jamais. Une larme coule sur la joue de Côme.

- Personne ne pourra le faire revivre, dit-il dans un murmure. Nous devons avancer Judith. Il a toujours été là pour nous et nous avons toujours été là pour lui mais nous ne pouvions pas imaginer que derrière son visage angélique, se cachait une autre personne. Tu n'y peux rien. Il est mort il y a un an et demi déjà...

Ces mots me font trembler. Je déteste l'entendre parler de Liam comme ça. Il était tout pour moi, il m'a relevé quand je n'avais plus personne, quand tout le monde autour de moi me détestait, quand même mes amis me tournaient le dos.                                                                                      Nous étions en troisième. Je venais de perdre mon frère Louis, 3 ans. Il est décédé suite à un accident de voiture. Le monde s'est arrêté de tourner ce jour là. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. J'étais tellement replié sur moi-même que mes meilleurs amis ne me reconnaissaient plus. Au milieu de l'année, j'ai fait la connaissance de Liam. Il arrivait d'Angleterre à cause de la mutation de sa mère. Nous étions tous les deux perdus et ensemble nous avons réussi à revivre. Les jours passaient plus vite, j'étais presque redevenue moi-même. L'année se termina et Alix revînt s'installer à côté de chez moi. Bien sûr, elle n'était au courant de rien. Pendant l'été, elle nous a tous réunis, mes anciens amis et moi et nous avons repris le cour à peu près normal des choses. Jusqu'au jour tragique de la mort de Liam...

- Je sais, dis-je en sanglotant.

Il me prends dans ses bras et nous restons là, à pleurer ensemble. Sa présence m'était rassurante. Depuis sa mort, Côme et moi avions toujours évité le sujet pour essayer de continuer comme si jamais rien n'avait eu lieu. Nos rires et nos taquineries remplaçaient nos pleurs et nos sanglots. 

- Nous allons y arriver, ensemble, je te le promets Ju, me souffle t-il avant de déposer un délicat baiser sur ma joue.

La porte claque. Il était parti. Je monte dans ma chambre. J'ouvre la porte. Une enveloppe est posée sur mon lit. Je déchire la partie collante et entame la lecture : 

" Tu ne t'en sortiras pas. Tu lui as ruiné la vie, tu m'as ruiné la vie. Il était tellement amoureux de toi qu'il en est devenu aveugle. Quand je te vois, je ne peux m'empêcher de penser à tous les moments que j'aurai dû passer avec lui. Tout est de ta faute. Je te hais !"

Ma vue se trouble, mes mains tremblent. Je chiffonne la lettre et la lance sous mon lit. Je m'écroule sur le parquet, épuisée.