Chapitre 43: L'adieu

4.5K 403 18
                                    

       Je suis sortie de mes doux rêves par des heurts frénétiques, puissants et ininterrompus à la porte. Qui peut donc agir si brutalement à une heure pareille ? Kaël se lève en jurant, visiblement on ne le réveille pas souvent. Il se dirige vers la porte, toujours torse nu.

—    Héphaï ? Que fais-tu ici à cette heure ?

—    Je suis désolé de te déranger Kaël mais j'ai une information de la plus haute importance. Est-ce-que Diane peut nous entendre ?

—    Oui elle est ici, que se passe-t-il ?

—     Je pense qu'il serait préférable que nous parlions à l'extérieur.

       Je constate un silence qui semble durer une éternité. Kaël doit réfléchir et jauger la situation. Sans ne rien dire il referme la porte et part chercher une tenue plus appropriée pour un empereur. Les choses doivent être grave, je sens l'angoisse s'emparer de mon corps.

—    Tout va bien Kaël ?

—    Je ne sais pas, mais ne t'en fais pas je gère la situation. Toi reste ici.

       Il me donne un rapide baiser sur le front et disparaît soudainement. Malgré ses paroles réconfortantes je ne suis pas rassurée pour autant. Des images de la bataille du palais me reviennent à l'esprit. Et si lui aussi disparaissait ? Je ne suis pas prête à le perdre. Cette fois je ne peux pas rester sans rien faire. Je décide d'aller passer une tenue correcte et de sortir pour voir ce qu'il se passe.

       Seulement lorsque j'entrouvre la porte, je ne vois pas de scène de guerre comme la dernière fois. Il n'y a pas de feux, pas d'hommes gisant à terre, pas de combats, pas de cris, pas de pleurs. Le palais a le calme normal d'une fin de nuit. J'essaye d'écouter si la bataille pourrait être à l'extérieur du palais, mais je n'entends que le hululement des oiseaux de nuit. Les gardes habituels ne sont même pas devant la porte, ils doivent dormir paisiblement. Mais que se passe-t-il ?

       Héphaï semblait réellement inquiet et devait avoir une conversation avec Kaël assez importante pour qu'elle ne puisse pas attendre l'aurore ni avoir lieu devant moi.

—    Mademoiselle Diane que faites-vous réveillée à cette heure ?

       Je me retrouve face à une servante, qui ne semble vraiment pas comprendre pourquoi je suis debout si tôt. Je ne suis pas sûre qu'elle sache grand-chose de la vie politique, mais je pense que si la guerre était là, elle le saurait.

—    Excusez-moi mais savez-vous ce qu'il se passe ?

—    Ce qu'il se passe ?

—    Oui l'Empereur est parti précipitamment ce matin. Il y a-t-il une bataille dans la région ?

—    Non, rassurez-vous mademoiselle, la guerre est loin nous sommes en sécurité. Et l'Empereur est toujours dans le palais, il est seulement avec Monsieur Héphaï. Vous pouvez rentrer dans votre chambre vous reposer, tout va bien.

       Il ne sont pas partis ? Mais que préparent-ils ? Quelle information peut être aussi importante ? De nombreuses questions se bousculent dans ma tête. Je décide de suivre les conseils de la jeune femme et je retourne dans la chambre attendre Kaël. De toute façon il sera le seul à pouvoir me donner des explications.

       Je décide d'essayer de dormir. Bien que je sois rassurée depuis ma discussion avec la servante et j'ai bien remarqué qu'il ne se passait rien de grave, je me demande tout de même pour quelle raison Héphaï est venu réveiller Kaël de manière si brutale. Peut être qu'un de ses soldats a commis une faute grave ? Je doute que cela mérite de réveiller l'Empereur. Ça ne peut pas être à cause de Phoebus ou bien de mon père, car s'il devait y avoir une bataille elle se découlerait au palais, là où est le pouvoir. Une province lointaine se rebelle-t-elle ? Le connaissant, je suis sûre que Kaël aurait déjà pris sa monture préférée et serait parti immédiatement pour remédier au problème lui-même, il ne serait pas resté ici à simplement discuter avec Héphaï. Non c'est forcément une autre raison, mais j'avoue avoir de la peine pour trouver laquelle. Cela ne sert à rien de se torturer l'esprit, je ne peux pas deviner de toute façon.

       De plus j'ai besoin de sommeil, je dois dormir, mais je ne parviens pas à stopper les questions dans ma tête. Je décide donc de me forcer à penser à autre chose et mes pensées sont immédiatement happées par la nuit passée. J'étais tellement bien dans ses bras, c'était une sensation indescriptible. Une vague de chaleur m'envahit immédiatement à cette simple évocation. En fermant les yeux, j'arriverai presque à sentir son odeur chaude et réconfortante. Elle n'est pas de ses odeurs artificielles bien trop forte à mon goût, mais le parfum familier et naturel, d'un homme qui prend soin de lui et de son corps.

       Je repasse les scènes de la veille dans ma tête sans m'arrêter et j'imagine également la suite, me laissant guider par mes désirs. Ceci me permet de m'endormir, enfin, apaisant les questionnements dus au départ précipité de Kaël.

#

—    Diane, réveille toi.

       J'ouvre timidement les yeux et je remarque que Kaël est assis très près de moi et me caresse les cheveux. Je suis contente de ce contact mais je ne comprends pas pourquoi il me réveille.

—    Que se passe-t-il Kaël, pourquoi es-tu ici ?

—    Je dois te parler et cela ne peut pas attendre.

       En seulement une phrase il parvient à me terrifier. Pourquoi doit-il me parler ? Pourquoi à moi ? Je ne suis qu'une prisonnière, ses affaires ne me concernent donc pas. Cela doit être important si cela nécessite d'être traité immédiatement. Vais-je devoir prendre une décision concernant mon peuple ? Je ne suis pas prête à faire cela, je ne peux pas, on ne m'y a jamais préparée. J'écoute donc avec angoisse et appréhension ce que Kaël s'apprête à me divulguer.

—    Je pense que tu ferais mieux de t'assoir, ce que je vais te dire n'est pas facile à entendre.

       La boule d'angoisse qui n'était seulement présente que dans le creux de mon estomac, implose et irradie la totalité de mon corps. Je m'assieds sans le quitter du regard, cherchant à y percevoir ce qu'il va me dévoiler. Mais il ne laisse rien paraître, il doit être habitué à devoir cacher ses sentiments. Cependant il vient poser sa main sur mon épaule, m'amenant à penser que les choses sont très graves.

—    Je suis sincèrement désolé Diane, je ne sais pas comment t'annoncer une telle nouvelle. Ta peine sera immense mais tu es forte et tu sauras la surpasser et apprendre à vivre avec.

—    Je t'en supplie dis-moi enfin ce dont tu veux me parler !

—    Ton père...

—    Quoi mon père ?

—    Ton père est mort cette nuit, Diane.

 Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant