Chapitre 38: Presque libre

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Le soleil vient réchauffer ma peau. J'ouvre lentement les yeux et je vois, en contre jour, Kaël debout en train de s'habiller. Son corps imposant cacherait presque le soleil. Je me demande quelques instants ce que je fais là, avant que les souvenirs de la veille ne me reviennent.

— Que fais-tu ?

Il se retourne vers moi, l'air amusé.

— Etre Empereur demande quelques obligations tu sais.

— Mais le médecin a dit...

— Ce que dit le médecin n'est pas aussi important que ce que je dis. Mais c'est gentil de te préoccuper de moi. Tu m'aimes bien dans le fond, pas vrai ?

— Kaël ...

— Je rigole détends-toi. Je serai occupé toute la journée mais tu peux te promener dans le palais comme bon te semble. Et l'on se retrouvera ici ce soir, j'ai fait porter toutes tes affaires.

— Pardon ?

— Si je te surveille moi-même, on a peut être une chance que tu arrêtes de faire des bêtises.

Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il est déjà sorti de la chambre. Je l'entends donner ses instructions me concernant à ses gardes et le silence revient. Je ne suis pas sûre d'avoir compris tout ce qu'il s'est passé ces dernières minutes. Ai-je rêvé ? La pile de mes vêtements sur la petite table près de l'entrée m'informe que non. Je suis énervée qu'il puisse penser qu'il n'y a pas besoin de me demander mon autorisation pour m'installer dans ses appartements, mais je suis également ravie de passer une nouvelle soirée avec lui. Je vais devoir néanmoins réfléchir à comment je pourrais montrer mon mécontentement. Cependant je n'ai pas le cœur à ça pour le moment. Kaël a dit que je pouvais sortir et je compte bien le faire, en restant dans l'enceinte rassurante du palais cette fois-ci. Je me presse de m'habiller et vais faire ma coiffure habituelle maintenant, c'est-à-dire, juste me brosser les cheveux. Lorsque je sors de la salle d'eau, un petit plateau avec mon repas m'attend sur la table. Je le dévore rapidement et je cours vers la porte. Lorsque je l'ouvre, je me retrouve face à face avec mes anciens gardes. Visiblement ils n'ont pas été punis pour leur petites siestes et cela me soulage. Je n'avais pas réfléchi avant qu'ils auraient pu être des victimes collatérales de ma fugue.

— Je tenais à m'excuser pour le tort que je vous ai causé messieurs.

— Ce n'est rien Madame. Si nous devions vous surveiller c'est que l'on se doutait bien que vous souhaitiez partir.

— Je vous remercie pour votre compréhension. Rassurez-vous, ma petite visite de la ville a calmé mes ardeurs. Nous pouvons donc nous promener l'esprit tranquille.

— Ce serait un plaisir de vous accompagner madame, mais l'Empereur nous a indiqué que vous étiez totalement libre de vous déplacer seule. Tout le palais en a été informé, vous pouvez donc vous promener sans risquer d'être importunée.

Je suis ébahie. Alors que je me suis enfuie, qu'il a dû se battre pour moi et risquer sa vie, Kaël me laisse libre dans le palais. Cela doit sûrement être une tactique pour me faire passer l'envie de recommencer mes petites sorties. Je dois avouer que cette technique fonctionne car je n'ai plus du tout envie de sortir de mon précieux palais. Je profite de la liberté qui m'est donnée et je me précipite vers les jardins. Je déambule paisiblement en oubliant même que toute ma vie a  basculé. Rien n'a changé ici, tout est aussi beau, tout est aussi calme comme à l'abri du temps qui passe, des guerres, des horreurs du monde. L'eau coule toujours de la même manière et le vent souffle toujours entre les branches d'arbres provoquant un ballet de feuilles volantes autour de moi. Rien ne vient jamais perturber ce lieu. Je décide de continuer ma relaxation dans ma grotte favorite. Je ferme les yeux et écoute la sereine mélodie de la cascade.

— Ah te voilà enfin ! Je te cherche depuis des heures !

 Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant