Chapitre 20: Partir

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—    Mais pourquoi ? Il est impossible de sortir de ce palais. Ce n'est donc pas nécessaire de me laisser enfermée dans une pièce, je le suis déjà dans ce château. Votre empereur a dit que l'on me traiterait correctement donc appelez-le, j'ai deux trois choses à lui dire !

Je suis pleine d'assurance, mais pas sûre que je la garde devant lui. Je préférerais quand même éviter de lui donner l'envie de me couper la tête.

—    Cela est impossible Madame, il est sur le champ de bataille.

J'en aurais presque oublié qu'il avait autre chose à faire que de se préoccuper de moi. En effet, il doit se charger de piller mon peuple et de me voler mon royaume. Mais pour qui se prend-t-il à m'enfermer comme un oiseau en cage. Je suis chez moi ici, c'est lui l'intrus ! Les deux soldats me poussent avec délicatesse dans la chambre et referment la porte derrière moi. Ma colère ne descend pas. Je commençais à l'apprécier pour son aide et grâce à son attitude, mais en fait je le déteste. Oui je le hais. Il est celui qui m'a tout pris, qui a permis à Alexeï de m'attraper dans ses filets, qui m'a enlevé ma vie paisible auprès de mon Père et de Phoebus. Mon Père, mon Frère. À leur évocation leurs visages m'apparaissent, ils me manquent plus que tout. Je ne sais même pas ce qu'ils sont devenus et ce qu'ils font. Je sens les larmes monter et ma vision devient floue. Je cours jusqu'à mon lit et mets ma tête entre mes bras. À partir de là, je pleurs sans ne plus pouvoir m'arrêter.

Au bout d'une éternité, mes larmes cessent de couler. J'ai l'impression d'être vidée. Je n'ai plus aucune énergie, je n'en ai plus assez pour pleurer en tout cas. Mes yeux sont gonflés et mes joues rougies lorsque l'on frappe à ma porte. Quoi encore ?

—    Madame, l'Empereur.

Suite à cette annonce, une grande et puissante silhouette blanche apparaît, sans même attendre mon approbation. D'un geste de la main il indique à l'autre homme de fermer la porte. Je reste assise sur mon lit et ne me donne pas la peine de me lever. Cela semble le surprendre, mais il ne s'attarde pas là-dessus. Il vient se poster devant moi. Je regrette un instant ma petite rébellion, car maintenant qu'il se tient ici il m'impressionne encore plus qu'hier. Comment ai-je pu oublier qu'il était si grand ? Mais tant pis, ce serait idiot de se lever à cet instant.

—     As-tu pleuré ?

Il semble étonné et me fixe, dans l'attente de ma réponse. Mais non, aucun mot ne sortira de ma bouche, je n'ai pas envie de lui adresser la parole. Je cesse de le regarder et tourne la tête le menton levé. Je ne souhaite pas qu'il me voit dans cet état, c'est-à-dire vulnérable. Après quelques secondes de silence, il décide de le briser, il réalise bien qu'il ne tirera rien de moi ce soir.

—    Mes hommes m'ont informés que tu souhaitais sortir de ta chambre. Je leur ai indiqué que je t'y autorisais à condition que tu sois accompagnée. Je leur ai donc dit de te présenter une autre femme, pour que tu te sentes moins seule et que tu te fasses une amie qui te tiendra compagnie lors de tes promenades.

Sa voix est sèche, il semble agacé par mon comportement. À peine a-t-il terminé sa phrase qu'il me tourne le dos et sort de la chambre après avoir pris le soin de claquer la porte. Pense-t-il que je pleurais juste parce-que j'étais privée de sortie ? Non, j'ai fondu en larmes car je me demande si la guerre que tu as provoquée ne m'a pas enlevée les deux hommes que j'aime le plus au monde, imbécile. Cette altercation m'a encore plus énervée contre lui. Il ne comprend vraiment rien, je le hais de tout mon cœur.

Ma nuit fut agitée. Je ne parviens pas à apaiser la colère qui gronde en moi depuis la veille et mon altercation avec Kaël. Plus les secondes s'écoulent et plus le feu anime mon corps. Comment ai-je pu oublier qu'il est mon ennemi ? C'est lui seul le responsable de tout ça, rien ne l'oblige à régner sur le monde. Il pouvait très bien rester dans son petit royaume minable et j'aurais ignoré son prénom toute ma vie. Bon, je peux bien comprendre son envie d'expansion, tous les monarques veulent montrer leur puissance, mais de quel droit ose-t-il s'attaquer à nous ? Nous sommes la plus grande civilisation du monde et lui n'est rien du tout, rien d'autre qu'un sale jeune prétentieux et arrogant. Il devrait nous respecter et s'incliner devant nous ! Pas venir avec son armée de pouilleux pour tenter de nous envahir. Mais il verra bien quand nous récupérerons le pouvoir. Il rentrera chez lui, honteux et humilié par notre puissance.

Voilà je suis encore plus énervée maintenant. Pour me calmer je fais les cents pas dans ma chambre. Je décide tout de même de m'habiller avec ces horribles robes qui me collent et montrent bien trop mes formes. Une fois ceci fait, je ne sais plus quoi faire pour me contenir. Je vais donc sur mon lit m'assoir et marmonne quelques insultes. Puis la porte s'ouvre.

—    Madame, nous sommes là pour votre promenade.

—    Ma promenade ?

—    Oui l'Empereur nous a demandé de vous accompagner où vous le souhaiterez, tant que nous restons dans le palais.

Au vu de notre rencontre d'hier, je ne pensais pas qu'il maintiendrait mon droit à revoir mes beaux jardins.

—    Je n'irai pas me balader.

—    Mais, Madame, l'Empereur...

—    Tant pis pour lui, sortez maintenant !

Les deux hommes semblent surpris par ma virulence, je le suis moi-même, cependant ils s'exécutent et referment la porte derrière eux. Enfin seule, je reprends mes allers et retours le long de ma chambre dans le seul but de me calmer. Mais il n'est pas possible de pouvoir rester tranquille ici car ma porte s'ouvre encore, avec violence cette fois. Kaël entre comme une furie sans ma permission et sans être annoncé.

—    Pourquoi n'es-tu pas sortie lorsque l'on te l'a proposé ?

—    Je fais ce que je veux.

—    Non, tu es ma prisonnière donc je décide ! J'essaye de me montrer agréable mais Alexeï avait raison, tu as un très mauvais caractère.

—    Ne pas se laisser faire n'a rien à voir avec un mauvais caractère. Je n'ai pas à m'incliner devant toi.

—    Tu ne mérites pas mon attention. Donc maintenant tu resteras ici, toute seule. Si tu ne veux voir personne, tu ne reverras plus jamais personne. Et comme ça je n'aurai plus à te voir pleurnicher !

Son visage exprime toute sa colère et son corps est tendu. Il me pointe du doigt et hurle ses mots. Après avoir déballé tout ce qu'il avait sur le cœur, il claque la porte et disparaît. Je suis maintenant seule dans cette grande pièce et c'était peut être la dernière personne qui allait m'adresser la parole de toute ma vie.

Les revoilà, les larmes me gagnent. Je ne sais même plus pourquoi je suis triste. Est-ce parce je viens de me faire disputer comme une petite fille par un homme qui m'impressionne ? Dès qu'il est face à moi je me sens comme une chose fragile qu'il pourrait écraser juste par la force de son regard gris. Je ne comprends pas pourquoi je ressens cela. Pourquoi être triste à cause de lui qui me rejette ? Ce n'est pas normal car je le déteste du plus profond de mon cœur.

Je dois partir d'ici. Mais comment ?

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—    Bonjour messieurs ! Comment allez vous aujourd'hui ?

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 Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant