Chapitre 11: Secret

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—    Alexeï, qu'est-ce-que tu branles ?

Un homme à la voix grave semble chercher le fou, à qui je peux donner un prénom à présent. Un sourire pervers se dessine sur son vilain visage et, toujours son regard fixé dans le miens, il répond à son ami de venir le retrouver. Un jeune soldat tout aussi vulgaire qu'Alexeï arrive. Ses yeux s'arrondissent en quelques secondes et sa bouche suit le même mouvement. N'ont-ils jamais vu de femme ?

—    C'est quoi ça ?

—    T'es aveugle ou quoi ? Tu vois bien que c'est une demoiselle.

—    Merci, je ne suis pas aveugle ! Mais attends ce n'est pas n'importe quelle femme!

Mon cœur cesse de battre. M'aurait-il lui aussi reconnue ? Il faut que je brûle tous ces portraits.

—    Elle est trop belle!

Bien que cela me parût impossible, il est plus idiot qu'Alexeï. Je jette un coup d'œil inquiet au fou, qui serre encore plus fort mon bras. Il semble vouloir lui aussi taire mon secret pour le moment. Cela ne m'étonne pas, il doit vouloir me garder pour lui seul avant de dévoiler mon identité, pour m'offrir au plus généreux sans avoir à se battre pour me garder.

—    Lâche-donc la demoiselle, et fais tourner aux copains!

—    C'est hors de question espèce d'imbécile ! Tu n'avais qu'à la trouver en premier. Au lieu de ça, tu prenais trop de temps à dessaouler. Apprends à tenir l'alcool et après on en reparlera!

Alexeï éclate de rire, content de la méchanceté qu'il vient de dire. L'autre ne semble, à l'inverse, pas du tout apprécier.

—    Dans ce cas, je te conseille de bien la garder à l'œil, car je ne me priverais pas de profiter de ton absence pour voler ton précieux butin.

Sur cette menace, il tourne les talons d'un coup vif. Le fou ne semble pas atteint et rit de plus belle. Quant à moi je suis terrifiée, je n'ai jamais été entourée d'autant d'hommes qui ne se donnent même pas la peine de cacher leurs menaces et je peine à trouver une solution pour m'en sortir. J'ai besoin d'alliés, mais je ne sais pas où je pourrais en trouver. Ou bien je pourrais fuir, mais pour aller où ? Je me retrouverais en proie à d'autre danger. Je ne sais même pas si mon père et mon frère sont toujours en vie. Rien que le fait de penser à eux me provoque un pincement au cœur. Ma gorge se noue mais je ne peux pas montrer ma faiblesse face à Alexeï. Je déglutis, tentant de ravaler ma peine.

—    Arrête donc de penser, ça te rend laide !

Cet homme est détestable. Il me tire par le bras et commence à marcher d'un pas rapide. Les miens sont lourds et il doit me traîner pour que j'avance. Par moment j'essaye de me débattre pour me défaire de son emprise mais cela est toujours sans effet, il est plus fort que moi.

—    Où m'emmènes-tu?

—    Chez moi.

—    Tu n'es pas chez toi ici, comment peux-tu avoir un domicile ?

—    C'est simple. Je dégage les gens et je prends leur place. D'ailleurs ma chambre devrait te plaire.

Je n'ai aucune idée d'où un être comme lui peut vivre. Je ne suis jamais sortie du palais de ma vie, je ne sais pas comment c'est à l'extérieur. Et très honnêtement, je ne suis pas réellement prête à le quitter, j'ai déjà eu trop de sensations pour aujourd'hui. Je suis soulagée lorsque je remarque que nous nous dirigeons dans l'aile ouest. Cependant, nous allons dans des lieux que je ne connais pas. Il est vrai que cette demeure est immense, ça ne m'étonne donc pas de ne pas connaître les moindres recoins. Nous sommes sûrement dans la partie réservée aux domestiques. En chemin je ne croise que des hommes, tous habillés de la même façon qu'Alexeï. Cela ressemble à la tenue de combat de Phoebus, sauf qu'eux sont tout en noir, ce qui me provoque des frissons parcourant ma colonne vertébrale. Pour supporter la chaleur, ils sont peu vêtus, je ne les fixe donc pas. Je remarque même certains qui sont torse nu. À l'instant où je vois leurs corps, je détourne le regard, et baisse les yeux. Le fou parade comme un coq. Beaucoup nous regarde, et plusieurs félicitent Alexeï sur notre passage. Ils semblent tous avoir pris possessions des lieux. Il y a d'autre femmes, certaines sont apeurées et semblent elles aussi être prisonnières de ces soldats, tandis que d'autres sont très à l'aise et rigolent d'une voix grasse. Ils n'hésitent pas à les toucher, à les embrasser et à se coller contre elles. Sont-ils donc sans gêne ?

 Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}Where stories live. Discover now