Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}

Chapitre 3: La révélation

      Comment ? J'ai dû mal entendre. Déjà ? Je savais que ce jour arriverait mais je n'avais pas prévu que ce moment soit venu. Je ne me sens pas prête, pas prête à épouser un inconnu, pas prête à quitter ma famille, pas prête à quitter mon palais, pas prête à quitter mon pays. Cela fait trop de chamboulements d'un coup, je suis trop jeune pour vivre toutes ces émotions.

C'est donc lui cet inconnu, celui qui arrive. Il venait donc bien pour moi et c'est celui que je vais épouser. Voilà pourquoi autant de mystère autour de sa personne, il demande que je sois informée que je vais l'épouser avant de le rencontrer, quand même.

—    Tu ne vas rien dire à Père hein ?

—    Mais, tu es sûr de toi ? Cela doit être une erreur.

—    Non je suis désolé, j'en suis sûr et certain. Je comprends que cela puisse te chambouler mais ne t'inquiète pas, tu as encore quelques mois, le temps que le mariage soit organisé, pour te faire à cette idée. Tu vas me manquer mais on savait que c'est comme cela que ça devait se passer. Et ça sera l'aventure de ta vie, profite de ce moment.

Plusieurs mois ? Pourquoi Phoebus parle-t-il d'une si longue période ? Mon époux est déjà en chemin, ce délai sera alors beaucoup plus court. Il n'est donc pas au courant de tout. Mais tant pis, que ce soit maintenant ou dans longtemps, le choc sera la même. Je devrais toujours épouser un inconnu.

—     L'heure du dîner approche, va te préparer pour ton entretien avec Père. Et n'oublie pas de feindre la surprise surtout.

Je me prépare de mes plus beaux atours sans entrain, puis je mange du bout des lèvres de délicieux mets. Je devrais profiter de ces moments, les derniers chez moi, mais je n'y arrive pas. Je ne suis jamais sortie du palais, je n'ai aucun idée de ce à quoi ressemble la vie dehors, de ce à quoi ressemble mon propre pays. Et je n'aurai pas le temps de l'apprendre que l'on va m'enfermer dans un nouveau palais inconnu, loin de ma maison.

—    Mademoiselle Diane, sa Majesté le Roi vous attend.

Pour la première fois de ma vie, je me traîne pour aller voir mon père. Je n'ai pas envie d'avancer et je prends tout mon temps. Je n'ose jamais le faire attendre, mais aujourd'hui sera une exception. Je suis tiraillée car je n'aime pas me comporter de la sorte, ce n'est pas digne de mon éducation, mais le poids des responsabilités est trop lourd pour rendre mes pas légers.

J'arrive bien trop vite à mon but et je pénètre dans le salon royal, caractérisé par le rubis, tout ici semble être animé par les flammes. Le crieur m'annonce. J'avance à petit pas, puis réalise une première révérence où je ne fais que baisser la tête. Je continue ma progression jusqu'au milieu de la pièce où j'effectue ma seconde révérence, cette fois-ci je dois plier les genoux. Je peux ensuite poursuivre mon avancée jusqu'à me positionner face à mon père, qui est installé sur son trône entièrement serti de pierres précieuses rouges comme le sang.

—    Ah, te voilà enfin ! Pourquoi es-tu en retard ?

—    Veuillez m'excuser Père, cela ne se reproduira plus.

—    Je l'espère bien, cela ne te ressemble pas. Bon, je vais aller droit au but, tu sais que je devais aborder avec toi un sujet important. J'ai décidé que le temps est venu pour toi de te marier ma chère fille.

Je ne dois pas oublier d'avoir l'air surprise, même si perdre ma chambre m'importe peu pour le temps qu'il me reste à vivre ici, je ne veux pas que Phoebus ait des ennuis.

—    Mais Père pourquoi ? Je suis trop jeune pour le mariage. Ne pourrais-je pas attendre encore quelques années.

—    Tu ne l'es pas, tu es même trop vieille. Les princesses se marient plus jeunes en règle générale. Si nous avons fait une exception c'est parce que nous t'aimons beaucoup et que nous voulions te garder à nos côtés. Mais le temps de l'égoïsme est révolu, tu dois maintenant remplir ta mission, assurer la paix avec un peuple voisin grâce au mariage.

Je n'ai pas envie de ça. Je n'ai pas envie de me marier. Je n'ai pas envie d'être un petit oiseau en cage, aussi belle soit-elle. Je sais, je ne suis pas ici pour penser à mes sentiments, mais pour assumer mes responsabilités de future souveraine. Mais ne pourrais-je pas amener la paix d'une autre façon? Ne suis-je qu'une marchandise que l'on donne comme cadeau? Bien que ma raison m'interdise d'espérer l'amour, je le fantasme en secret. J'ai réussi à me procurer des romans qui traitent de ce sentiment si fort qu'il nous transporte dans un autre monde. J'aime mon père et mon frère mais cette passion qui anime mes personnages préférés semble tellement différente. Si seulement je pouvais ressentir cela un jour, rien qu'un seul, ce serait une telle joie. Mais je ne suis pas libre de décider. Jamais notre société ne l'accepterait, je vais donc devoir continuer à m'évader par la pensée pour vivre ma vie de rêve. Je vais devoir accepter ses règles et m'y plier de bonne volonté.

—    Très bien Père. Quand arrivera mon futur époux ?

—    Quand tu l'auras choisi. Je sais qu'il est d'usage que le père sélectionne un mari pour sa fille mais je pense que tu mérites d'être entendue. Je t'ai donc préparé une liste de princes qui pourrait nous convenir. Je te demanderais donc d'y réfléchir et de me donner ta réponse demain soir.

Je pense dans un premier temps avoir mal entendu mais je réalise très vite que cela est impossible. Non les paroles de mon père sont claires, mon futur époux n'a pas encore été sélectionné. Dans ce cas, pourquoi allons-nous avoir un visiteur ?