Chapitre 37: Le lit

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L'on frappe à la porte. Je suis déçue d'être coupée dans notre conversation. Je me dirige vers la porte et l'ouvre. Une femme de chambre se tient devant moi, un plateau rempli de nourriture dans les mains. Je peux lire la surprise sur son visage, visiblement elle ne s'attendait pas à me voir. Oui madame, je suis la princesse fugueuse déjà de retour au palais, et moi aussi je suis étonnée de ne toujours pas être décapitée. Poliment elle me demande si je souhaite m'occuper du repas. Ce ne sont pas dans mes habitudes, mais je ne souhaite pas que nous soyons dérangés, je lui réponds donc par l'affirmative. Je prends le plateau, remercie la jeune femme et referme la porte d'un coup de bassin.

— Où veux-tu manger ?

— Le médecin m'a formellement interdit de quitter mon lit. Tu vas donc devoir m'apporter mon repas ici.

Je me dirige vers lui, pose le plateau sur ses cuisses et reste debout au bord du lit. Il s'assied avec difficulté, donc je l'aide à se redresser. Sa peau est chaude et douce. Il n'a toujours pas remis de vêtements sur son torse, mais maintenant que je suis habituée je suis un peu plus à l'aise.

— Nous allons devoir partager ce repas, ils n'ont pas prévu deux plateaux.

— Non ne t'en fais pas, je n'ai pas faim.

— Ne sois pas bête, tu ne vas pas te laisser mourir de faim. Installe-toi sur le lit ils ont mit beaucoup trop de nourriture pour moi seul de toute façon.

J'hésite un instant, je vais me retrouver dans un lit avec un homme à moitié nu. Mais j'ai faim et voir toutes cette nourriture m'ouvre l'appétit. Puis personne n'en saura rien, donc pourquoi me priverais-je ? Je m'installe donc à ses côtés en prenant soin de ne pas le toucher. Cependant, je suis si proche de lui que je peux ressentir la chaleur de son corps. Nous picorons chacun l'un après l'autre sur l'énorme plateau. Kaël me pose beaucoup de questions sur mon enfance et je suis touchée que cela puisse l'intéresser. Mais ma vie est beaucoup moins intéressante que la sienne. Je n'ai pas dompté de chevaux lorsque j'étais enfant et je n'ai pas d'ami. J'explique seulement comme mon père s'est toujours bien occupé de nous et comment mon frère passait son temps à m'embêter.

Il y a beaucoup de fruits sur le plateau et le jus sucré coulant dans ma gorge me fait le plus grand bien. Après ce copieux repas, je reste un instant affalée dans le lit en ayant l'impression que je vais imploser. Cela faisait longtemps que je n'avais pas si bien mangé. Le ventre lourd, je commence à somnoler et je sens le sommeil arriver. Mais il repart aussitôt lorsque ce que m'a dit le médecin me revient à l'esprit. Il doit appliquer de la lotion sur sa blessure. Je me suis engagée à prendre soin de lui donc il n'y coupera pas.

— Tu dois mettre la lotion que t'as préparé le médecin.

— Oh je me sens faible, je ne suis pas sûr d'y arriver. Peux-tu le faire s'il te plait ?

— Bizarre, tu n'étais pas faible pour manger tout à l'heure.

J'obtiens comme seule réponse son plus beau sourire innocent. Je me demande ce que cela veut dire. Est-ce qu'il souhaite que je le touche ? Non, mon imagination me joue des tours, il est juste fainéant, voilà tout. Je m'exécute en souriant, il est vraiment mignon lorsqu'il est comme ça. Je sors la petite fiole de la poche où je l'avais rangée. Je m'approche de lui et ôte son bandage. Je prends un peu de lotion et l'applique sur sa blessure.

— Je suis désolée pour tout à l'heure.

— Ce n'est pas de ta faute, ce n'est pas toi qui m'a planté ce couteau.

— Pourquoi es-tu si gentil avec moi ?

— Je te l'ai déjà dit, tu es la fille d'un roi que je respecte.

— Mais je me comporte si mal avec toi. Tu aurais déjà dû me décapiter.

— Tu te souviens de l'histoire de Catouns ? Même le plus terrible cheval du monde est maintenant mon fidèle compagnon, donc je garde beaucoup d'espoir te concernant. Et je ne veux pas te décevoir, mais ton caractère est très agréable à côté du sien, je suis désolé.

Il éclate de rire, encore. Mais cette fois-ci, ce rire semble vouloir cacher sa gêne. Il ne doit pas être à l'aise avec le fait de faire des compliments. Je décide donc de ne pas relever ce qu'il vient de dire. J'ai de la chance que ce soit cet Empereur et pas un autre qui me tienne prisonnière.

Je m'applique pour soigner au mieux sa blessure. Kaël semble apprécier que je m'occupe de lui si précautionneusement. Il a reposé sa tête contre l'oreiller et ferme les yeux. Au bout de plusieurs minutes, j'ai l'impression qu'il dort. Son visage est apaisé et sa respiration est lente. Je lui refais son bandage et décide de partir pour la nuit. Je me lève et l'admire une dernière fois, il est si beau. À peine ai-je tourné le dos pour quitter la pièce que je sens que l'on me prend la main.

— Reste avec moi. S'il te plait.

— Tu es un grand garçon, tu peux dormir tout seul.

— J'aime bien quand tu es là. On peut continuer à parler ?

Une partie de moi souhaite sincèrement rester. Mais une autre part sait que ce n'est pas respectable. Il n'a pas lâché ma main et il me regarde de la façon la plus attendrissante possible. La fatigue doit me rendre confuse car mon cœur fond et je craque. Lorsque je lui dis que j'accepte, son visage s'illumine.

— Est-ce-que je pourrais aller me changer au moins ?

— Il est vrai que cette robe est horrible.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire, j'ai juste envie d'une tenue propre. Je ne me sens pas à l'aise avec une robe déchirée.

— Regarde dans le placard au fond de la pièce, il doit y en avoir une. Tu peux aller te changer dans la pièce d'eau.

Lorsque je réalise pourquoi il y aurait une robe de nuit dans sa chambre, mon cœur se brise. Mais je dois faire partir le petit sentiment de tristesse qui s'immisce en moi. Il ne me doit rien. Je ne dois pas oublier que nous n'avons qu'une relation d'Empereur à prisonnière tous les deux, même s'il se montre très gentil avec moi. Je trouve bien une tenue là où Kaël me l'a indiqué et je me dirige vers la salle d'eau pour l'enfiler.

Je retourne voir Kaël et je m'installe au bout du lit, le plus loin possible de lui. Il me demande pourquoi je deviens tout à coup si distante et me propose plutôt de m'installer confortablement à côté de lui.

— Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te manger.

Je ne comprends pas pourquoi je me sens mal à l'aise tout d'un coup. Il a raison et je retourne m'installer à ses côtés. Il me donne quelques oreillers pour que je sois installée confortablement. Nous continuons à parler de nos enfances jusqu'à ce que la fatigue soit plus forte et que nous nous endormions.

 Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}Where stories live. Discover now