Chapitre 8: Le mur

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— Diane, réveille-toi et habille-toi, vite ! Dépêche-toi je t'ai dit !

Mon frère me hurle ces quelques mots. Il se tient aux pieds de mon lit et me jette une robe en plein visage. Jamais il n'était entré dans ma chambre en pleine nuit, et encore moins pour me réveiller. J'exécute ses ordres sans poser de questions car je devine qu'il n'a pas le temps de discuter. Je devine la gravité de la situation à sa tenue. Elle est toujours de couleur pourpre, mais celle-ci est renforcée au niveau du torse afin d'éviter les coups mortels. J'enfile la robe qu'il m'a donné par-dessus ma tenue de nuit afin d'aller le plus vite possible. Je vois son impatience, il tourne en rond dans la chambre tel un tigre en cage. Je ne le quitte pas des yeux pendant que je m'habille.

À peine ai-je fini, qu'il se précipite sur moi, me prend la main et me tire à l'extérieur de la chambre. Il avance à grandes enjambées et j'ai besoin de courir pour maintenir son allure. Nous passons le pas de la porte et là, mes cauchemars se réalisent sous mes yeux. La quiétude des dernières heures est bien terminée. J'entends des hommes se battre, crier et les coups s'enchainent. Je vois également des femmes qui tentent de se cacher, en pleurs, démunies face à l'horreur qui les entoure. Les jardins, d'ordinaire si verts et paisibles, sont désormais teintés de rouge. Un feu les embrase et les détruit. Les lieux de ma tendre enfance partent en fumée dans les flammes de l'enfer et je ne peux rien faire pour les protéger.

— Que se passe-t-il Phoebus ? Où allons nous ?

— Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Je t'emmène  dans un endroit où tu seras en sécurité et je t'interdis d'en sortir.  Tu as entendu ? Tu ne bougeras pas de là où tu seras.

— Oui, j'ai compris...

Mes derniers mots ne sont que des murmures. Je n'ai pas l'habitude que mon frère soit aussi autoritaire avec moi. Je le sais strict avec ses hommes mais, avec sa petite sœur, il a toujours été plus doux qu'un agneau. Je sens la peur m'envahir peu à peu, elle part de mon ventre et se dirige vers mon cou où elle vient m'étrangler. Elle m'empêche de parler et me coupe le souffle. La respiration me manque, j'aurai besoin de m'arrêter mais je ne peux pas, mon frère tire toujours sur mon bras et accélère la cadence. Je regarde frénétiquement à gauche, à droite. Je vois des inconnus se battre face à notre garde, qui doit s'assurer de la sécurité du palais. Je vois des hommes se noyer dans une mare de sang, gémir, hurler ou bien encore prier. Tandis que d'autres ne font plus le moindre son, ne produisent même plus un souffle.

Je ralentis petit à petit, cette tragédie rend mes pieds si lourds que je n'ai plus la force de les porter. Mon frère s'arrête lui aussi, vient se blottir contre  moi et passe son bras autours de ma tête afin de m'empêcher de voir sur les côtés. Il m'embrasse sur le front et nous repartons d'un pas rapide. Je me sens protégée dans ses bras, je sais qu'à cet endroit rien ne peut m'arriver. Nous arrivons face à une paroi extérieure du palais. Je ne comprends pas ce que nous faisons ici mais j'ai confiance en mon frère. Il appuie sa main contre le mur et une porte, qui était jusqu'alors invisible, apparaît. Elle donne sur une petite pièce où sont déjà entassées quelques femmes que je ne connais pas. Phoebus se place devant moi, pose ses mains sur mes épaules et me regarde droit dans les yeux.

— Tu seras en sécurité ici, je viendrais te chercher quand tout sera terminé.

J'utilise les peu de forces qu'il me reste pour secouer la tête et lui indiquer que j'ai compris. Sans que je n'ai le temps de le réaliser, il s'approche de moi et me serre dans ses bras. Il me murmure à l'oreille :

— Tout ira bien, ne t'en fais pas, je reviens très vite.

 Amour prisonnier: Le sommeil de la liberté {Tome 1}Kde žijí příběhy. Začni objevovat