– En fait, je voulais juste vous remercier pour la couronne.

Mes lèvres s'étirent en un large sourire. Je me rends bien compte qu'elle n'avait pas du tout prévu de me dire ça, mais je ne fais mine de rien. Je n'ai plus envie d'interpréter ses actes pour elle. De toute façon, je me plante à chaque fois. Et puis, j'ai dit que j'étais en rémission, donc j'essaie d'agir le plus normalement possible.

– Avec plaisir, j'adore les décorations de Noël. J'ai vu que ta maison n'en possédait aucune, alors c'est cadeau.

Elle hoche la tête et sourit, puis reste quelques secondes à se dandiner d'un pied sur l'autre, comme si elle attendait quelque chose. J'ai envie de lui demander comment elle va, de connaître ses projets pour Noël, de lui poser un million de questions et discuter pendant des heures avec elle, mais je ne peux pas, je dois me contenir. Je résiste difficilement à la tentation de lui proposer d'entrer tester de la bièraubeurre maison, mais je dois respecter ma décision. Alors je reste statique en attendant qu'elle prenne la sienne. Finalement, elle lève la main en guise de salut, puis se retourne pour partir, le pas lent, semblant hésitante. Je recule sur le perron et saisis la poignée de la porte pour rentrer, quand elle se dirige à nouveau vers moi.

– Je... C'est faux, déclare-t-elle avec précipitation. Enfin si, c'est très mignon, mais je ne suis pas venue pour ça.

Je hausse un sourcil interrogatif.

– J'ai vu ta voiture devant la maison et... Je voulais te souhaiter Joyeux Noël.

J'attends la suite, mais elle n'ajoute rien. Je croise les bras, frissonnant, et lui souris, sans pouvoir m'empêcher d'être déçue. Malgré mon désir d'aller de l'avant, c'est vraiment difficile de lutter contre l'envie qu'elle revienne sur sa décision.

– Eh bien, merci Chloé, déclaré-je avec le plus de neutralité possible. Joyeux Noël à toi aussi et à ta famille.

Elle paraît mal à l'aise et semble livrer une bataille sans merci contre ses propres pensées. Son front se plisse et se lisse, elle se gratte la joue et se dandine comme si elle brûlait d'envie de faire pipi.

– Tu veux entrer deux minutes ? finis-je par proposer, sans pouvoir m'en empêcher.

– Non, non, je... tu me manques, souffle-t-elle soudainement.

Ses yeux croisent finalement les miens et nos regards se verrouillent. J'y vois alors briller une lueur nouvelle, comme une guerrière prête à partir au combat, comme une commandante s'apprêtant à lancer l'assaut, et j'ai envie d'écraser mon cœur lorsque je le sens se réveiller.

J'ai dit stop ! Plus d'espoir possible.

– On s'est vues hier au travail, fais-je remarquer, incertaine.

Elle rit doucement et secoue la tête.

– Tu sais très bien ce que je veux dire, Charly. Enfin, peut-être pas, en fait, se corrige-t-elle. J'ai conscience que je n'ai cessé d'agir de manière versatile avec toi. Un jour je me montrais sympa, un jour non. Un jour on s'embrasse, le lendemain je ne te calcule pas. Un jour j'ai envie d'essayer de construire quelque chose avec toi, et puis je me rends compte que j'en suis incapable. Je réalise que je ne peux pas m'attendre à ce que tu anticipes mes pensées. Alors voilà...

Elle prend une grande inspiration avant de continuer.

– Tu m'as demandé plusieurs fois ce que je ferais sans toi dernièrement. Je me doute bien que c'était juste une expression comme ça, pour plaisanter, parce que tu m'as été d'une aide précieuse. Mais la vérité, c'est que je n'ai plus envie d'essayer de savoir.

Hating, Craving, FallingDove le storie prendono vita. Scoprilo ora