Chapitre 8

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La devanture du bowling est surmontée d'un grand néon rouge qui luit dans la nuit. Je pénètre dans l'établissement et repère immédiatement Samy et Sandie. Ils sont en grande discussion vers le bar, tandis que d'autres collègues attendent déjà à côté des pistes.

J'échange mes baskets plates contre les fameuses chaussures glissantes antidérapantes qui me font des pieds de géante et me dirige vers le groupe. Je salue mes collègues d'un signe de main et repère immédiatement l'absence de Chloé. Quand j'arrive près d'elle, Betty m'enlace discrètement alors que je m'enquiers des retardataires.

– D'autres personnes nous rejoindront peut-être plus tard, répond Christophe, mais en attendant, on peut lancer la partie !

Après nous être donnés des surnoms ridicules pour le décompte des points, le premier joueur se met en place. Je n'ai jamais été très douée dans les activités consistant de près ou de loin à viser une cible, à l'exception de la pétanque, ce qui constitue un véritable mystère. Au bowling, tout est une question de chance chez moi. J'ai beau essayer de tirer dans les quilles en me plaçant de différentes manières à chaque coup, c'est au destin que la trajectoire s'en remet.

Quand vient le tour de Betty, elle se pavane devant moi, choisit une boule assez légère et la lance avec force. La masse heurte la piste lourdement et fuse en suivant une ligne droite. Dans un grand fracas, les quilles explosent et lui valent un strike dès le premier tour. Elle virevolte vers moi, réalise une petite danse de la victoire et me glisse un clin d'œil aguicheur.

– Ah ouais, tu es comme ça ? ironisé-je quand nous nous croisons en bord de piste.

– C'est à toi, essaye d'être à la hauteur, me susurre-t-elle d'une voix féline.

Elle est mal barrée si elle cherche en moi une adversaire à sa taille !

Faites que la chance soit en ma faveur ce soir ! Je choisis ma boule, insère mes doigts dedans et tente vainement de trouver mon meilleur angle d'attaque. Je la lance d'un petit coup sec du poignet en essayant d'y mettre le plus de force possible. J'attends, tendue, qu'elle arrive à bon port, espérant marquer au moins quelques points pour ne pas me ridiculiser devant Betty. Les quilles centrales s'écroulent et laissent deux orphelines de chaque côté de l'âtre.

– Ouh, sifflent en chœur mes collègues pour me taquiner, ça fait mal ça !

Je retourne m'asseoir sur un des sièges en plastique en riant, après avoir lancé ma deuxième boule sans succès. Samy lève une main que je claque, m'encourageant. J'ai probablement exécuté ma meilleure prestation de la soirée, mais ça m'importe peu. Mes collègues sont tous détendus et amusants. L'ambiance est bon enfant et j'ai l'impression d'être avec des amis plus que des collaborateurs professionnels. Tout le monde se taquine et se défend plutôt bien. Contre toute attente, je ne termine pas dernière et mes quelques coups de chance me valent une place honorable au tableau. Quand l'ultime boule est lancée, Betty me suggère de continuer la soirée chez elle.

Durant les quelques kilomètres qui nous séparent de son appartement, elle laisse vagabonder sa main sur ma cuisse droite, alors que je conduis. De temps en temps, elle remonte jusqu'à mon entrejambe puis redescend. Ce petit jeu m'attise plus que ce à quoi je m'attendais. Mais je n'ai aucun doute sur la raison pour laquelle Betty souhaite me ramener chez elle.

Son hall est sombre et froid, et elle ne prend pas la peine d'allumer en cherchant ses clés. Le bruit de la serrure résonne et elle m'attrape par la manche pour me faire entrer. Deux guirlandes de mini lampions multicolores créent un chemin aérien menant du vestibule jusqu'à sa chambre. La cuisine, à droite, baigne dans un halo orangé provenant de l'éclairage de rue accroché juste sous la fenêtre. L'appartement semble déserté. Je n'entends que les pas feutrés de Betty sur la moquette du couloir.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant