Chapitre 26

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– Putain, tu la kiffes, j'en étais sûre !

Je lèche l'opercule de mon troisième pot de mousse aux marrons avec dévouement.

– Arrête de t'emballer, Pauline, on a fait que s'expliquer.

– Dis-moi que vous l'avez fait en tournant votre langue dans la bouche de l'autre !

Je grimace avec véhémence et lui balance des miettes de pain à la figure.

– Sérieusement ?

– Ben quoi, j'ai l'impression d'être dans une vieille sitcom à la con avec vous. Previously, dans « les lesbiennes à la montagne », Chloé a couché avec Charly, mais Charly ne s'en souvient pas. Charly s'explique avec Chloé, vont-elles réussir à passer au-dessus ? La suite dans le prochain épisode !

Je n'ai absolument aucun doute concernant la raison pour laquelle cette fille est ma meilleure amie.

– N'importe quoi ! Il ne se passe rien, en fait. Il s'est passé un truc, ouais, mais c'était flou pour nous deux, donc ça ne compte pas. Et à partir de là, il n'y a rien de plus à dire.

– Si ! Parce qu'entre temps, elle t'a entendu la pourrir au téléphone pour finalement t'envoyer un texto chelou dans lequel elle te dit à la fois qu'elle te kiffe tellement qu'elle t'en déteste.

– C'était une erreur.

Elle fait une moue sceptique mais je lui répète encore l'explication de Chloé, que j'ai décidé de croire, et elle finit par abdiquer.

– Ouais, je persiste à dire qu'il y a un truc louche entre vous. Ce n'est pas fini votre histoire, je vous le garantis.

Je souffle en me levant et rejette ses paroles en secouant la main vers elle. Je récupère le grand plaid en laine que je squatte dès que je vais chez Pauline tandis qu'elle décide de se préparer un café. Je la regarde s'affairer dans sa petite cuisine depuis le canapé dans lequel je m'enfonce confortablement et repense à la veille. Je ne suis pas rentrée en car, mais en voiture avec Chloé. Cela ne m'enchantait pas vraiment d'ailleurs. La seule raison pour laquelle j'ai accepté de monter à nouveau dans son bolide c'est parce que la route n'était pas longue et qu'elle était incapable de sortir du parking. Elle avait réussi à embourber son pneu jusqu'au parechoc et plusieurs personnes ont dû venir nous aider pour la dépêtrer de là. Évidemment, entre temps, le bus était reparti.

L'atmosphère était assez étrange entre nous, presque joueuse malgré ma tension. Je crois qu'on a essayé d'échanger des banalités au début, mais ça n'a pas vraiment fonctionné et on a fini par retourner à notre conversation. Elle s'est excusée à nouveau de ne pas avoir stoppé le jeu, mais comme elle l'a dit elle-même, elle n'était pas en meilleur état que moi. Et bien que tout soit flou, je me souviens parfaitement l'avoir voulu à cet instant, je me souviens de notre désir en symbiose. C'est d'ailleurs ce qui m'étonne le plus, d'avoir tellement eu envie d'elle à ce moment-là, alors qu'a priori rien ne m'attirait chez elle. Mais il faut croire que parfois, le corps répond à son propre langage, qui dépasse tout préjugé.

Pauline revient, étale la couverture sur nos jambes et s'affaisse sur le dos du canapé.

– J'ai quand même du mal à comprendre comment elle peut être si différente entre les moments où je la vois au naturel au boulot et quand elle en fait trois tonnes dès qu'elle va dans une soirée. Même au bowling elle se fringue n'importe comment.

– Elle s'habille bien comme elle veut, en même temps.

Je lève les yeux au ciel.

– Ouais, mais bon. C'est con.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant