Chapitre 20

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     Le lundi matin, je me réveille avec une enclume à la place du visage. Tout mon corps est d'une lourdeur ahurissante, aucun membre ne fait exception. La mauvaise humeur a repris le contrôle de mon esprit et ne me laisse que de maigres miettes du bien-être que m'a apporté le reste de mon week-end, aussi bref et trompeur fût-il.

Ma nuit avec Janelle m'a menée jusque dans les étoiles. Au-dessus de son lit d'étudiante, une galaxie d'autocollants phosphorescents a joué avec mes sens du début à la fin de nos ébats.

Elle était calme et timide, mais très douée de son corps. Ses petits seins ne parvenaient pas à remplir mes mains, elle pouvait à peine plier les genoux à cause d'une ancienne blessure, et pourtant, ce fut exaltant.

Difficilement, je me traîne jusqu'à la salle de bain où le miroir me renvoie une image blafarde.

Lorsque j'ai quitté Janelle au petit matin, Pauline était rentrée chez elle depuis longtemps et aucun moyen autre que du stop ne pouvait me permettre d'accéder à ma voiture. Ce qui n'était en soi pas une mauvaise chose puisque j'avais continué à boire durant la nuit et que j'étais loin d'avoir décuvé. Sauf qu'au lieu de retourner broyer du noir chez moi, j'ai préféré me laisser porter par la vie. Dans ce cas précis, la vie était une Toyota Yaris bordeaux qui m'a déposée à Sallanches. Autant dire à l'autre bout du monde quand on est dans cet état-là.

Ce n'était pas prévu, mais ne sachant comment occuper mon temps, j'ai passé une bonne partie de la matinée à siroter des cocktails dans un bar-café lesbien que j'ai particulièrement squatté il y a quelques années. Mais en pleine journée c'était loin d'être aussi exaltant qu'à l'époque et j'ai fini par trouver un moyen de rentrer chez moi.

L'eau brûlante provoque des sensations de picotement qui sont les bienvenues. Comme un rappel qu'à défaut de mon esprit, mon corps, lui, fonctionne encore parfaitement.

En sortant de la salle de bain, mon portable m'indique qu'Alex a encore essayé de me joindre. Depuis samedi soir, mon frère me harcèle et je refuse de lui répondre.

J'ai réussi tant bien que mal à me nettoyer du reliquat d'aversion que m'avait inspiré ce repas avec mon géniteur et son père, et tout m'est revenu dans la figure à la minute où j'ai lu son texto me demandant si ça allait.

Je soupire et me frotte le visage en essayant d'oublier tout ça et me remettre en mode travail, mais je suis abattue par le manque de sommeil.

S'il n'y avait que ça.

***

Habituellement, lorsque j'arrive à Extra'Time le matin, j'ai cette infime impulsion au creux des côtes qui traduit mon excitation à venir travailler. Je ne sais jamais ce que me réserve ma journée et ça déclenche automatiquement une petite montée d'adrénaline stimulante alors que j'ouvre la porte. Mais ce matin, j'ai le cœur en berne et pas le goût. Ni de voir mes collègues ni de mettre mon énergie dans un projet. Et encore moins de croiser la route de ma référente.

Ma référente. Chloé.

Tous les événements des deux jours précédents me reviennent en mémoire. La boule au ventre qui me torturait à la simple idée d'affronter ma famille ; le soulagement lorsque j'ai imaginé que tout irait bien, quand j'ai revu ma cousine, durant tout le temps où nous avons discuté avec ma tante... Et la honte que j'ai ressentie au moment où j'ai pris conscience qu'elle était témoin de tout le désastre qui a suivi.

Mais un événement tout particulier me rend blême : j'ai complètement essayé de mettre Chloé dans mon lit. Genre, sans aucun détour. Pour la deuxième fois.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant