Rêve Ou Souvenir.

17. CONSÉCRATION

Elle se dessinait lentement dans le lointain, gagnant en netteté au fur et à mesure qu'ils s'en rapprochaient. Géante perdue au milieu d'un tourbillon de poussière. Tenue droite, flèche fièrement dressée vers le ciel , ou plutôt la pierre dans ce cas-ci. Se dessinant dans le lointain en fines arabesques, la cathédrale jetait son feu marbré sur la populace et la narguait de son arrogante beauté.

Will stressait à mort dans la voiture noire qui avançait sur la route sablonneuse et le conduisait vers son destin.

Drôle de destin d'ailleurs que le sien. Franchement, on lui aurait dit qu'un jour il en arriverai là, il n'y aurait pas cru. Il n'y croyait toujours pas.

Il ne l'avouera jamais mais à l'époque, il n'avait pas plus que ça foi dans les projets de Max.

Intégré la milice, devenir riche, s'étaient des notions plus qu'abstraites. Non ce n'était pas pour lui.

Ces projets, ce rêve, avait fini par devenir une nécessité lorsqu'ils avait été séparés. Seul moyen pour eux de se retrouver, mais aussi de récupérer leur vie d'avant, du moins ce qu'il en restait.

Quand il y repensait ça le faisait bien rire, au final tout ce que ça lui avait apporté de bon c'est qu'il avait pu récupérer Émilie. Pour le reste, il n'était pas plus riche que ça et surtout il n'avait pas revu Max une seul fois.

Comme il aurait aimé qu'il soit là pour lui aujourd'hui. Non que la main de Carine dans la sienne ne soit pas d'un grand soutien, bien au contraire, mais tout de même, la présence de son ami aurait apporté un plus, juste ce qu'il lui manquait de courage.

Parce que maintenant que la cathédrale était juste là, devant lui et que la voiture c'était immobilisée, il flippait à mort. Grand Dieu, il allait être sacré. Ce n'était pas possible, il devait rêver. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, le sang affluant à toute vitesse vers ses tempes lui faisait tourner la tête.

- Je peux pas, je descends pas. Je rentre.

Resserrant plus encore leurs mains, Carine le couvrit de son regard tendre et lui  sourit pour le rassurer. Émilie, assise en face se redressa et se pencha vers lui pour lui dire d'une voix atone:

- D'accord, dans ce cas on rentre.

Les deux jeunes gens la couvrirent d'un regard torve. Que racontait-elle?

- Tu n'es pas sérieuse, je ne peux tout de même pas me défiler. Je dois y aller. Il ne s'agit pas que de moi, toute la ville compte sur ce sacrement elle en a besoin. Il faut que j'y aille. Il le faut.

Il avait sorti ça d'une traite. Et fixait Émile, visiblement dans l'attente d'on ne sait quelle réponse.

- C'est toi qui a dit que tu ne pouvais pas. Mais bon puisque tu sembles avoir changé d'avis, descendons alors, dit-elle sur le même ton. Néanmoins, ajouta t-elle un peu plus espiègle comme il s'avançait vers la portière, si je peux te donner un conseil, c'est d'être égoïste, fait le pour toi et pour personne d'autre. Ni pour un ami, ni pour un amour, ni pour une ville, juste pour toi.

Elle lui flasha un sourire étincelant. Il le lui rendit et rétorqua tout aussi espiègle qu'elle.

- N'est crainte, je suis très égoïste. Je ne le fais pas pour la ville. Je le fais pour ma ville.

Son sourire s'agrandit, les filles pouffèrent de rire. Ah, qu'il était bon de rire un peu, il avait toujours la boule au ventre, mais son cœur avait retrouvé son rythme de croisière.

Il descendit.

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