CHAPITRE 20

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J-48 avant la tournée

Le 26 juillet

La maison de Ruggero est en fait composée de trois petits bâtiments – quatre si on compte le poulailler. On n'a presque pas bougé du cottage au cours des derniers jours. Ruggero continue à nous apprendre le surf, on fait du yoga avec Sol sur la terrasse, je cuisine pour toute la bande, et on a enfin fait le tour de tous les jeux de société qu'on a trouvés dans le salon. Alors ce soir, pour changer, j'ai décidé de passer le voir chez lui. J'ai hésité à l'appeler d'abord ou à lui envoyer un texto, mais j'ai envie de lui faire la surprise et je suis trop fière de m'être débrouillée pour découvrir où il habite. Bon, d'accord, Carolina m'a un peu aidée, mais ses souvenirs étaient franchement vagues. Elle m'a parlé d'une boîte aux lettres rouge en forme de bateau, alors j'ai demandé à K2 de sillonner le voisinage en roulant tout doucement. Quand on trouve enfin ce qu'on cherche, il me dépose au bout de l'allée de coquillages avant d'aller se garer à un endroit discret.

J'avance lentement vers les trois petites bâtisses. Je devine sans mal laquelle est la maison familiale à la collection de bottes en caoutchouc alignées sous le porche. Il y a aussi une espèce de grande cabane avec un fil à linge entre la fenêtre et la douche en plein air. La troisième construction est un abri de jardin d'où dépassent des chaises longues toutes rouillées, des planches de surf abîmées et une vieille tondeuse à gazon qui semble somnoler sur la pelouse.

Les poules se promènent en liberté, et quelques-unes m'escortent jusqu'à la porte d'entrée. En approchant, j'entends de l'eau qui coule et des bruits de casserole en provenance de la cuisine, ainsi qu'une télé allumée sur une chaîne sportive. La porte est entrouverte. Je frappe doucement et jette un coup d'œil à l'intérieur. J'aperçois un coin du salon – le bout d'un canapé en cuir tout usé, où repose une paire de pieds nus.

– Bonjour ! Il y a quelqu'un ?

Un bruit de pas retentit, et la porte s'ouvre sur une adolescente. Elle a d'épais cheveux noirs relevés en queue de cheval et porte un short en jean avec un sweat-shirt gris sur lequel est dessiné un petit robot rose. Elle se fige en me voyant et murmure sans remuer les lèvres :

– Oh, mon Dieu.

Je souris et lui fais un petit signe de la main.

– Salut. Tu es Lodovica, j'imagine. Moi, c'est Valentina. Est-ce que Ruggero est dans les parages ?

Elle reste immobile, bouche bée.

– Oh, mon Dieu. Oh, mon Dieu, répète-t-elle un peu plus fort. Attends, une seconde. Je crois que...

Elle ferme les yeux un instant en posant une main sur son ventre.

– Non, c'est bon, déclare-t-elle. J'ai cru que j'allais vomir. Tu as déjà eu cette impression d'avoir envie de vomir mais, en fait, non ? Ben c'était ça, mais c'est passé, explique-t-elle avant de respirer un grand coup. Ouf, ça va mieux.

J'éclate de rire.

– Bon, tant mieux.

– Ouais, tant mieux, renchérit-elle en hochant la tête d'un air solennel. Je t'en prie, entre. Enfin, si tu veux. Tu veux entrer ? Ou pas ? Houlà... Ruggero ! hurle-t-elle brusquement sans me quitter des yeux, comme si elle craignait que je disparaisse. Ruggero !!!

– Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? lance-t-il depuis la cuisine.

Je l'entends fermer le robinet et débouler en courant.

– Qu'est-ce qui t'a... ? Oh, souffle-t-il en me voyant.

Pris au dépourvu, il me regarde, cille, jette un coup d'œil autour de lui puis rougit.

Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE Onde as histórias ganham vida. Descobre agora