Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE

CHAPITRE 16

J-59 avant la tournée

Le 15 juillet

- Où est-ce que tu vas comme ça ?

Je m'immobilise, la main sur la poignée de la porte de derrière. Chiara se tient au pied de l'escalier, vêtue du pyjama rayé que j'ai acheté en trois exemplaires pour elle, Carolina et moi à Ruggero. Elle a les cheveux relevés en un chignon désordonné et porte ses lunettes.

Il est tard, et ça fait déjà des heures qu'elle est montée dans sa chambre en nous souhaitant bonne nuit. 

- Je croyais que tu dormais, dis-je.

Chiara entre dans la cuisine et, après m'avoir jeté un regard, sort un grand pichet de limonade du frigo.

 - J'avais soif. Et toi ? Tu vas encore te promener ?

Depuis que Jorge et les autres sont partis en promettant de revenir dès que j'aurais de nouveaux morceaux à enregistrer, je suis sortie voir Ruggero chaque soir. La première fois, Chiara et Carolina étaient encore debout, alors je leur ai raconté que j'allais faire un tour sur la plage en quête d'inspiration.

Ce n'est pas entièrement faux.

– Oui, dis-je en resserrant les pans de mon gros gilet. Jorge tient vraiment à ce que je finisse cet album.

Il m'a assuré qu'on pourrait sortir les cinq chansons qui sont déjà en production et en faire une sorte d'EP pour accompagner la tournée, mais j'aimerais autant pouvoir présenter un album entier. Si je continue sur ma lancée, ça ne devrait pas poser de problème – tant que je ne me laisse pas déconcentrer.

Je jette un coup d'œil par la fenêtre. Rugge est déjà sur la plage, en train de préparer un feu de joie pour qu'on puisse dormir à la belle étoile. Je porte un collant en polaire sous mon jean et il m'a promis d'apporter des couvertures. Je sais bien que je ferais mieux de travailler la mélodie qui me trotte dans la tête depuis ce matin, mais la perspective de passer la nuit entière avec lui, de bavarder pendant des heures et de se réveiller face au soleil levant... Je suis incapable d'y résister. Après tout, je pars dans un peu plus de trois semaines, et on n'a même pas encore parlé d'avenir –que ce soit le sien, le mien ou le nôtre.

- Je suis impatiente d'entendre ton prochain morceau, déclare Chia.

Elle me sourit avec une telle gentillesse, une telle confiance, que mon cœur se serre.

- Tu as déjà un titre ? Ajoute-t-elle.

Je me retourne en entendant Carolina arriver du salon, les cheveux tout aplatis d'avoir dormi sur le canapé.

- Un titre pour quoi ? Marmonne-t-elle.

- Oh, pardon ! On t'a réveillée ? s'écrie Chiara.

Caro bougonne quelque chose et, avec une démarche de zombie, va se planter devant le frigo, qu'elle ouvre et referme sans rien en sortir.

– Valentina va faire un tour pour écrire son nouveau morceau, explique Chiara. Je voulais savoir comment elle comptait l'appeler.

Carolina lève le pouce en bâillant etse dirige vers l'escalier. Je me retourne vers la porte, mais quelque chose me retient. Chaque fois que je pars sans leur avouer où je vais vraiment, j'ai l'impression qu'un fossé se creuse entre nous. J'ai beaucoup repensé à ce que m'a dit Jorge sur le fait que mes émotions transparaissent dans ma musique. Je tiens à rester sincère, autant dans mes chansons qu'avec mes amies.