CHAPITRE 25

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J-36 avant la tournée

Le 7 août

– Ce truc est infernal.

Lodovica est accroupie dans le jardin, à côté d'une grosse tondeuse toute rouillée, qu'elle a couchée sur le côté. Elle a les mains noires de graisse, et il y a de grosses taches sur son jean ainsi que sur sa joue, là où elle a repoussé une mèche de cheveux derrière son oreille.

Je sors du studio de Ruggero.

– Qu'est-ce que tu fais ?

Il s'est écoulé plus d'une semaine depuis que Sebastian est reparti, et j'ai passé presque tout mon temps chez Ruggero, en compagnie de Lodo et de Fred, ou sur le bateau. J'ai discuté au téléphone avec Jorge il y a quelques jours, et on s'est mis d'accord pour sortir mes nouvelles chansons sur un EP en même temps que la tournée. On va diffuser « Anchors » pendant la dernière semaine de répétition, ce qui devrait suffire à susciter l'anticipation des fans. Depuis que tout est bouclé et que je ne cherche plus à composer d'autres titres, j'ai pu me détendre et profiter de mes dernières semaines ici. C'est d'autant plus important que mon avenir avec Ruggero est toujours incertain. On n'en a pas vraiment parlé, mais ma question demeure en suspens entre nous, telle un secret ou un courant électrique qui ne cesse jamais.

– Papa m'a dit que si j'arrivais à trouver d'où vient la panne, il m'achèterait les pièces nécessaires à la réparation, répond Lodovica sans lever les yeux.

Elle est trop occupée à démonter les entrailles métalliques de la bête dans un grand bruit de ferraille.

– Comme ça, tu pourras t'en servir ! lance Ruggero depuis la douche en plein air.

Lui-même a entrepris de remplacer un des tuyaux qui fuyaient.

– Pas question ! rétorque Lodovica. Je me contente de bidouiller. C'est déjà pas mal.

Je déplie une chaise longue, à laquelle il manque quelques lattes en plastique. J'arrive à m'installer confortablement malgré tout et croise les chevilles. Je plisse les yeux et regarde Lodovica s'acharner contre le fouillis de câbles et d'engrenages de la tondeuse. Avec son air concentré et sa mâchoire décidée, elle ressemble beaucoup à Ruggero quand il travaille sur le bateau.

– Ça te plaît bien de bricoler, non ? dis-je.

Lodovica pousse un grognement et plonge la main dans sa boîte à outils.

– C'est toujours mieux que de rester à bronzer sans rien faire, répond-elle d'un air exaspéré. Les filles de ma classe passent leur été à glander au soleil. C'est nul.

– Tu n'aimes pas aller à la plage ?

– Ah, mais je ne te parle pas de la plage ! Elles vont toutes squatter chez Mercedes Lambre. C'est la grosse maison au bout de la péninsule. Elle a une immense terrasse en bois, alors elles s'alignent bien sagement sur leurs serviettes et elles se font rôtir comme une brochette de saucisses.

La douche émet un couinement quand Ruggero l'allume pour tester le nouveau tuyau. Je l'entends rire doucement.

– Je n'exagère pas ! insiste Lodo. Franchement, je suis pressée de me tirer d'ici.

J'attrape mes lunettes de soleil, qui étaient posées sur ma tête, et les mets sur mon nez.

– Où est-ce que tu comptes aller ?

– Peu importe, répond-elle en serrant un boulon à l'intérieur de la machine. Dès que j'aurai fini le lycée, j'irai retrouver maman. Ou alors, j'irai peut-être à l'université si je suis acceptée.

Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE Där berättelser lever. Upptäck nu