CHAPITRE 12

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Dimanche, 2h35 du matin

J'écris.

TU ES RÉVEILLÉ ?

NON.

HAHA.

JE N'ARRIVE PAS À DORMIR.

MOI NON PLUS.

ÇA VA, TA CHEVILLE ? C'ÉTAIT UNE MÉCHANTE GAMELLE.

JE NE SUIS PAS TOMBÉE, JE SAUTILLAIS. NUANCE.

N'EMPÊCHE, T'AVAIS LA CHEVILLE ENFLÉE.

ELLES SONT TOUJOURS COMME ÇA.

HAAAN ! VALENTINA ZENERE A LES CHEVILLES COMME DES POTEAUX !

SURTOUT NE LE DIS PAS À MES FANS.

PROMIS. CE SERA NOTRE PETIT SECRET.

J'AI PASSÉ UNE SUPER-SOIRÉE.

MOI AUSSI.

JE VAIS DEVOIR SORTIR EN MER DEMAIN SOIR.

TU PARS TOUTE LA NUIT ?

OUI. C'EST LE JOUR DE REPOS DE MON PÈRE.

JE PEUX VENIR ?

CE N'EST PAS SUPER-CONFORTABLE.

ÇA NE ME FAIT PAS PEUR.

TU PROMETS DE NE PAS JUGER MES GOÛTS MUSICAUX ?

PROMIS.
SAUF SI TU ÉCOUTES DES RAPPEURS SAPÉS COMME DES CLOWNS.

ÇA EXISTE, ÇA ?

BONNE RÉPONSE.

La journée du lendemain s'écoule dans une lenteur infernale. Je me promène sur la plage avec Carolina et Chiara, puis cette dernière va en ville et nous rapporte des petites salades du café vegan, mais j'arrive à peine à avaler quelques bouchées. Je ne cesse de penser à Ruggero, aux flammes reflétées dans son regard charbonneux, à ses doigts forts entre les miens. J'en oublie complètement ma musique ou ma tournée. Espèce d'accro !
Enfin le soir arrive et, une fois Caro endormie devant un documentaire sur le street art et Chiara pelotonnée dans sa chambre avec son livre, je m'esquive discrètement par la porte de derrière. On est convenus que Rugge viendrait me chercher au bout d'un ponton situé non loin de la maison. Quand j'arrive, son bateau est déjà là, doucement ballotté par les eaux noires. Ruggero est appuyé à l'un des poteaux auxquels il s'est amarré, les manches retroussées jusqu'aux coudes.
L'océan est presque immobile malgré une brise fraîche. Cette fois, j'ai bien choisi mes vêtements – gros pull en laine, jean et Converse –, mais dès que Ruggero se dirige vers le large, le vent me fouette sauvagement les cheveux. Ces vacances me rappellent que je ne peux pas toujours contrôler mon apparence quand la nature s'en mêle.
J'aide Ruggero à remonter les casiers pendant quelque temps, mais je me fatigue plus vite que lui et finis par m'asseoir sur la banquette à l'arrière du bateau. Rugge travaille avec une lenteur gracieuse, comme s'il pratiquait une sorte de yoga bien à lui. Je me garde bien de rompre sa concentration. Au début, ce silence me pèse. Je n'ai plus l'habitude de rester si longtemps seule avec mes pensées, sans personne pour les partager ou les confronter. Alors, je me force à écouter, à sentir le picotement de l'écume salée sur mon visage et mes mains, à guetter les premiers signes de l'aube à l'horizon.
Au bout d'une heure, je craque.

Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE Where stories live. Discover now