Chapitre 21

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Le lit avait l'air tellement vide cette nuit.
 
L'obscurité était beaucoup plus pesante, encore plus effrayante qu'avec Harry. J'avais dormi seule ces derniers jours, incapable de marcher, mais plus les nuits passaient, plus l'obscurité devenait insupportable.
 
Voir le visage impassible d'Harry, sa façon raide de bouger, ses yeux me regardant à peine.
 
Et quand il me parlait, c'était comme s'il était forcé. Comme s'il devait le faire. J'avais de plus en plus de mal à le supporter.
 
Est-ce qu'il... se souciait vraiment de moi ?
 
Je pensais que oui. J'avais commencé à croise que peut-être Harry se faisait du souci pour moi.
 
Cette nuit-là, quand je lui avais sauvé la vie, quand il m'avait d'abord remercié, je pouvais voir ses murs s'écrouler. Et le jour où l'orage grondait, et quand nous nous étions embrassés sous la pluie. 
 
Tout n'est pas contrôlable.
 
Harry avait du mal à accepter ça.
 
Parce que peu importe comment, peu importe combien de temps nous pouvons garder le contrôle, il
y a toujours un moment où la situation nous échappe.
 
J'y avais profondément pensé. Je pouvais entendre tout le monde parler en bas. Le rire de Lottie remontant les escaliers, la voix de Gemma à travers les murs. Mais j'étais coincée dans cette chambre. Eleanor était l'une des personnes avec qui je passais la plupart de mon temps, l'autre étant Louis, qui s'occupait de ma blessure. Même Niall me ramenait un peu de nourriture, et il s'était avéré être une personne sur qui l'on peut compter, quand il ne portait pas sa grosse veste en cuir. Liam avait fait une apparition aux côtés de Niall ici et là, mais ses yeux bruns me regardaient avec scepticisme, comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il fallait faire.
 
Je n'avais jamais vu Zayn.
 
Et Harry était celui qui m'accompagnait à la salle de bain, il enlevait mes bandages, désinfectait ma blessure et en mettait des propres après m'avoir lavé.
 
Mais il ne m'avait jamais embrassé.
 
Ou même touché.
 
Etais-je si repoussante ?
 
Harry m'avait dit qu'il voulait préserver la « lumière » que j'avais.
 
Mais la lumière était en train de s'éteindre.
 
Je pouvais le sentir.
 
L'obscurité dans la pièce commençait à m'envelopper entièrement. Autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Pendant la journée, j'avais commencé à moins parler. J'étais trop occupée par mes pensées. Je savais qu'Eleanor était inquiète pour moi, mais pour une raison quelconque, la seule chose à laquelle je pouvais penser était Harry.
 
Mais plus que tout, je n'arrêtais pas de penser à cette nuit, où je l'avais sauvé.
 
Et je ne le regrettais pas.
 
Je me rappelai encore du regard dans ses yeux quand il m'avait vu, quand il s'était appuyé contre le mur avec du sang partout sur lui.
 
La douleur était évidente dans ses yeux et son regard avait l'air triste et torturé. Il était évident qu'il s'en foutait de se faire tuer. C'est pourquoi il m'avait demandé pourquoi je l'avais sauvé.
 
Je savais que c'était un grand tournant dans ma vie, dans ma vie avec Harry. J'aurais pu m'enfuir cette nuit-là, j'aurais pu disparaître, et Harry serait mort.
 
Mais je l'avais sauvé.
 
Mais ce soir, j'en avais assez. La chambre était tellement sombre que j'étais terrorisée. Je jetai les couvertures et je sentis la douleur se réveiller dans ma cuisse. Je pouvais entendre des voix en bas, et je m'arrêtai pour écouter. Non, c'était seulement Louis et Liam qui rigolaient à propos de quelque chose.
 
Harry.
 
Je pouvais m'appuyer sur mon pied, même si ça me brûlait un peu. Mais la douleur était moins forte au fil des jours. Bien sûr, je n'étais pas encore en mesure de quitter le lit, 'Ordre de Harry' selon Louis.
 
Je regardai dans chaque chambre et j'ouvris accidentellement la porte de Lottie. Je soufflai de soulagement quand elle ne bougea pas. Elle était toujours de mauvaise humeur quand elle se réveillait.
 
Je me forçai à descendre les marches.
 
"Claire ?" La voix de Louis résonna sur ma gauche, dans le salon. Il avait un verre dans la main, sûrement du vin, et Liam m'observait en silence à côté de lui. "Qu'est-ce que tu fais debout ?"
 
Il se raidit sur son fauteuil, sur le point de m'aider à remonter à l'étage.
 
"Je cherche Harry." Dis-je. "Où est-il ?"
 
"Non, non." Dit Louis, posant son verre sur la table. "Tu as besoin de retourner au lit."

La simple pensée de retourner dans cette chambre sombre me fit exploser. "Non, je ne vais pas y retourner. J'ai besoin de voir Harry, où est-il ?"
 
"Ce n'est pas le moment." Déclara rapidement Louis. Il vint vers moi, ses lèvres forçant un sourire. "Viens, je vais t'aider à retourner dans ta chambre."
 
"Non, j'ai besoin de le voir." J'insistai fortement, regardant prudemment Louis.
 
"Louis." Averti Liam calmement.
 
"Tu sais tout comme moi," Explosa Louis, "Qu'il serait dangereux pour elle d'aller là-bas."


"Où ça 'là-bas' ?" Demandai-je, confuse.
 
"Laisse-la le voir." Insista négligemment Liam. "Peut-être que ça va tout résoudre. Ça me fait chier que tout le monde soit tendu comme ça." Il croisa ses chevilles, évidemment agacé par la situation.
 
"Où est-il ?" Demandai-je plus fort. "Pourquoi vous ne voulez pas me dire où il est ?"
 
"Parce qu'en ce moment," Expliqua lentement Louis, essayant de me faire comprendre quelque chose, "Harry est instable. Il est-"
 
"-Je sais comme il est !" Je craquai, le regardant de manière impuissante. "Tu ne comprends pas, je dois le voir." Ajoutai-je plus calmement. "Je dois résoudre ce problème. S'il te plaît..."

Louis avait l'air d'être noyé dans ses pensées, comme s'il envisageait quelque chose. Sa mâchoire était contractée et il me regardait par-dessus son épaule, avant de regarder une nouvelle fois Liam, qui haussa les épaules.
 
"Ce qui doit arriver, arrivera." Dit Liam d'un ton neutre.
 
"Très bien." Grommela Louis. "Mais ne dis pas que je ne t'ai pas averti." Il me fit signe d'avancer.
 
"Suis-moi." Je le suivis, marchant rapidement avec lui alors qu'il traversa la cuisine. C'est alors que je réalisai qu'il y avait une porte sur le côté. Louis ouvrit la porte et se tint sur le côté, avec des yeux sombres mais prudent.
 
Ne dis pas que je ne t'ai pas averti.
 
"Sois prudente." Grommela Louis, ses yeux montrant de l'inquiétude, ce qui me rendit nerveuse. Je passai devant lui, voyant que les lumières s'étaient estompées dans les escaliers menant vers ce qui ressemblait à un sous-sol. Je commençai à marcher vers le bas avec soin, ayant une prise ferme sur la rampe pour éviter de trébucher en avant.
 
Le sol était cimenté, et les murs étaient sombres et froids. Je pouvais entendre le bruit de ce qui semblait être... Une respiration rapide.
 
En un premier lieu, tout ce que je pouvais voir était le matériel de la pièce. Ça ressemblait à une
salle de gym, il y avait un miroir, reflétant chaque chose se trouvant dans la pièce. Je ne savais pas que Gemma avait sa propre salle de gym au sous-sol...
 
Je trouvai Harry couché sur un banc, soulevant des altères. Je regardai de plus près, curieuse de le voir soulever des poids énormes avec ses poings. Il respirait profondément à chaque fois qu'il les levait avec ses mains, et il expirait moins fort quand il les ramenait sur son torse. Je ne pouvais pas voir grand-chose de lui, car il était couché, mais je pouvais voir qu'il était en short, quelque chose à laquelle je n'étais pas habituée.
 
Je pouvais voir mon reflet, mais il ne pouvait pas me voir sous cet angle. Je pris un moment pour regarder mon apparence, mais cheveux emmêlés et mes vêtements amples.
 
"Harry ?"
 
Ses mains se stoppèrent dans les airs, ses biceps se fléchissant fortement à mi-mouvement. Et tout à coup, il se redressa, ses yeux verts rencontrant les miens instantanément. Il y avait quelque mèche de cheveux qui pendaient mollement sur son front et qui semblaient humides de sueur. Il avait l'air sans vie. La sueur faisait briller ses bras et son débardeur était trempée, il devait être là depuis un certain temps maintenant.
 
"Qu'est-ce que tu fais ici bordel de merde ?"
 
Sa voix rauque interrompit le silence, et j'étais un peu choquée par l'hostilité que je pouvais  entendre dans la façon dont il avait craché sa phrase. Il se pencha pour poser les poids à côté de ses pieds avant de se redresser.
 
J'étais incapable de parler pendant quelques minutes. Il me regardait durement et semblait impatient, ce qui m'intimida instantanément.
 
"Je, euh..."
 
"Louis t'a laissé sortir du lit ?" Demanda Harry de nouveau, en levant un sourcil. "Je lui ai dit de ne pas te laisser bouger, tu es censé rester au lit, Claire." Ses yeux regardèrent ma jambe.
 
"Je ne veux pas rester au lit." Me plaignis-je.
 
"Pourquoi pas ?"
 
Ses yeux verts me scrutaient, tout son attention était finalement sur moi. Je me sentis soudainement si nerveuse, si petite sous son regard. Ça faisait maintenant des jours qu'il m'avait ignoré, et maintenant il me fixait, et je triturais mes mains nerveusement, avalant difficilement sous son regard.
 
"Je n'aime pas dormir seule." Avouai-je tranquillement en regardant le sol. J'hésitai avant de murmurer, "Ce n'est pas la même chose sans toi."
 
"Ne sois pas ridicule." Déclara Harry, avant de se rapprocher. "Viens, je vais te ramener."
 
"Non, Harry, nous devons parler."
 
"Parler ? Mais nous parlons putain."
 
"Non. Tu ne m'écoute même pas." Je me forçai à le regarder, et c'était à son tour de regarder le sol. "Peux-tu me regarder quand je te parle ?" J'explosai, et j'eus immédiatement son attention, même si ses yeux s'étaient assombris à la façon dont je lui avais parlé.
 
"Pardon ?" Demanda-t-il doucement. "Peux-tu répéter ?"
 
"Regarde-moi quand je te parle." Répétai-je lentement, ma mâchoire se serrant de frustration.
 
"Juste parce que ta jambe est blessée ça ne veut pas dire que je n'hésiterai pas à te remettre à ta place." Grogna doucement Harry, la férocité prenant part dans ses yeux. Je compris alors de quoi Louis parlait quand il avait dit qu'Harry était instable, je pouvais le voir juste en regardant dans ses yeux émeraude. Je pouvais voir le mélange d'émotions tourbillonnait en lui.
 
"Tu veux que je te fasse mal ?" Demanda Harry avec un sourire narquois, les yeux étincelants quand il vit mon visage pâlir. Il s'approcha de moi, et je me forçai à ne pas bouger, gardant mes pieds plantés sur le sol. Il se pencha et ses lèvres frôlèrent mon oreille, chuchotant, "Est-ce c'est ce que tu veux ? Tu veux que je te prenne ici, contre le mur ? Hm ? Est-ce que c'est ce que tu veux que je fasse, Claire ?"
 
"Non, ce n'est pas ce que je veux que tu fasses." Le dégoût était évident dans ma voix, et je poussai instinctivement Harry loin de moi, le regardant de travers. "Je suis venu pour parler, Harry."
 
Je fis exactement ce qu'il voulait que je fasse.
 
Je levai mon poing et le balançai vers lui.
 
Il en profita, son sourire tordu s'élargissant, et il serra fermement ses doigts autour de mes poignets avant de les apporter rapidement au-dessus de ma tête. Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit que mon dos claqua fortement, très fortement contre le mur. J'avais à peine ouvert la bouche pour crier qu'il força son chemin entre mes jambes, son genou les écartant, bien que je remarquais qu'il était resté distant par rapport à ma jambe blessée.
 
"Harry," Grognai-je, à moitié paniquée, "Qu'est-ce que tu fais ?"
 
"Je te rappelle qui est le boss." Murmura-t-il d'une voix rauque, ses yeux ne cherchant pas les miens. Ils regardaient mes lèvres, et ses mains agrippaient fermement mes hanches.
 
"Je voulais parler !" Soufflai-je, luttant sauvagement contre son emprise. Mes jambes donnaient des coups et se tortillaient, bien que je fis la grimace quand je frottais ma jambe blessée contre Harry. Ses yeux étaient sombres et sans émotion, même après avoir vu ma grimace.
 
"De quoi tu veux parler ?"
 
"Ce n'est pas évident ? Je suis ici pour parler de la raison pour laquelle tu es un connard !" M'exclamai-je, poussant la poitrine d'Harry. Son sourire s'élargit à mes vaines tentatives de le repousser, et il m'énervait terriblement.
 
"Tu peux continuer de te débattre," Roucoula Harry d'un air moqueur, "Mais je ne vais pas te laisser partir."
 
Je voyais pratiquement rouge maintenant.
 
Les dents serrées, je levai mon genou et je frappai son ventre. Il ne trébucha pas comme je l'avais espéré  mais ses mains se desserrèrent assez de mes poignets pour que je puisse me retirer. J'en profitai pour mettre un bon coup de poing dans le visage d'Harry.
 
Il leva les mains pour toucher sa joue, qui semblait devenir très rouge tout à coup.
 
"Putain, tu viens de me frapper ?" Demanda doucement Harry, comme étourdi.
 
Je ne perdis pas de temps pour acquérir une certaine distance de sécurité par rapport à lui, le regardant avec beaucoup de prudence. "Est-ce que tu vas m'écouter maintenant ?"
 
"Tu viens de me frapper." Déclara Harry, les sourcils froncés alors qu'il me faisait face. Sa mâchoire était contractée, et je savais que je serais un tas de cendre si les regards pouvaient tuer. "Tu viens juste de ma frapper, là."
 
"Je le devais." Répondis-je. "Tu m'avais épinglé contre le mur, Harry." Je m'arrêtai avant d'ajouter, "Et ce n'est pas toi qui m'a dit de toujours me battre ?" Ses yeux ne semblait pas réfléchir à ma phrase, en fait, il avait l'air encore plus en colère par ma réponse.
 
"Je ne te comprends pas." Dis-je avant qu'il n'ait la chance d'ouvrir la bouche. "Je ne comprends pas comment il y a quelques jours, tu pleurais parce que je m'étais fait tirer dessus."
 
"Je n'ai pas pleuré." Grogna Harry.
 
"Si, tu pleurais ! Tu m'as supplié de ne pas te laisser !"
 
"J'étais un putain d'idiot." Dit Harry. "Il est clair que je n'étais pas bien dans ma tête."
 
Je me moquais. "Et tu penses que tu es bien maintenant ? Regarde-toi, Harry. Sérieusement, regarde-toi dans le miroir." Il me choqua quand il tourna la tête pour regarder fixement son reflet. "Que ressens-tu lorsque tu te regardes ? Huh ? Tu te sens heureux ? Satisfait ? Content ?"
 
"Je ressemble à qui je dois être." Répondit-Harry rapidement.
 
"Fort ? C'est ça ? Pourquoi tu as si peur d'avoir l'air faible ?" Demandai-je en le fixant.

Il ne répondit pas, le visage neutre. Je commençais sérieusement à en avoir assez de ce comportement. Je sentis les larmes me monter aux yeux et cela m'énerva encore plus car je ne voulais pas avoir l'air faible devant lui.
 
"Est-ce que tu réalises ce que tu es entrain de faire ?" Grommelai-je. "C'est toi qui m'a pris, tu m'as arraché de tout ce que j'avais. Tu-" Je m'arrêtai en réalisant que ça ne servait à rien d'user ma salive.
 
Le choses semblaient toujours être les mêmes avec Harry.
 
Nous nous disputions, puis il faisait en sorte que je lui pardonne et je retombais dans les bras de Harry Styles.
 
Et je le détestais pour ça.
 
Vraiment.
 
"Je suis entrain de perdre mon temps." Murmurai-je en réalisant que je faisais une grande erreur. Je réalisai en regardant Harry que c'était peut être trop tard.
 
Parfois, il est impossible de sauver certaines personnes.
 
"Je te détestes." Dis-je quand son regard croisa le mien. Il semblait à nouveau calme mais son visage n'affichait aucune émotion. "Je te détestes tellement Harry. Je détestes la manière dont tu me traites comme un objet, je détestes comme tu t'énerves pour des choses stupides, mais surtout, je détestes comme tu fais toujours en sorte que j'ai pitié de toi pour ensuite le regretter. J'en ai tellement marre, je n'en peux plus de tout ça."


Ce n'était pas la première fois que je lui disais tout ce que j'avais sur le cœur. Chaque fois que j'étais avec Harry, il semblait faire ressortir le pire en moi.
 
"Je ne veux pas que tu ais pitié de moi." Gronda soudainement Harry. Cette phrase avait dû heurter une corde sensible parce que la veine dans son cou se contracta de rage. "Je n'ai jamais voulu de ta sympathie Claire !"
 
"Je suis humaine !" Hurlai-je, les larmes coulant sur mes joues. "Et devine quoi Harry ? Les humains ressentent de la sympathie. Mais je sais que toi tu n'en es pas capable." Je me mis à rire sèchement. "Tu es incapable de te soucier de qui que ce soit, même pas de toi."


Je pensais que Harry allais me frapper.
 
Ses mains tremblaient visiblement, et ses épaules étaient tendues, ses yeux plus sombres que jamais. "Ferme-là, Claire."
 
"Je pensais qu'il y avait peut être une petite chance que peut être, peut être tu tenais à moi. Mais je suis vraiment stupide d'avoir penser ça."


"C'est moi qui t'es porté sous la pluie !" Répondit-Harry. "C'est moi qui ais refais tes bandages chaque fois que tu voulais prendre un putain de bain !" Je levai les yeux au ciel à ça et il éleva la voix encore plus. "Tu penses vraiment que tout ça tourne uniquement autour de toi ? Tu dis que je suis égoïste mais depuis tout à l'heure tu ne fais que parler de toi."
 
"Tu m'as pris !" Hurlai-je tellement fort que l'écho dans la petite pièce me fit presque mal aux oreilles. "Bien sûr que ça tourne autour de moi ! Je pense que j'ai quand même le droit de voir les choses sous ma perspective !"


"Eh ben, le putain de monde ne tourne pas autour de toi." Dit-Harry. "Je sais qu'on t'as appris le contraire depuis toute petite, pas vrai ? Tu étais une salope pourrie-gâtée, hein ?"
 
Sa voix était dure et ses yeux brillaient dangereusement.
 
"Je n'étais pas pourrie-gâtée." Répondis-je. "Loin de là. Et je t'interdis de parler de comment j'ai grandis. Oui, je sais que ton père était violent et que ta mère est partie mais-"
C'est à ce moment là qu'il craqua.
 
Parler de sa mère n'était pas la meilleure chose à faire, surtout quand Harry était aussi instable.
Je regardai Harry et la seconde d'après j'étais sur le sol avec le goût familier du sang dans ma bouche. Je déglutis, ma joue préssée sur le sol et mes yeux écarquillés d'horreur.
 
Il m'avait frappé.
 
Je savais que j'étais en danger. J'avais dit quelque chose que je n'aurais jamais dû mentionné et je savais que la colère de Harry ne s'était atténuée.
 
"Peut-être que je devrais tout simplement me débarrasser de toi."
 
Sa voix était sinistre et étrangement calme. J'entendis ses pas se rapprocher derrière moi et je commençai à ramper doucement pour tenter de m'éloigner de lui. Je fixais le miroir en face de moi et je voyais Harry me fixer furieusement.
 
"Peut-être que je devrais mettre une fin à ce que j'ai commencé."
 
Je sentis ses mains m'attraper et il me mit une violente claque. Je regardai un paire d'yeux émeraudes perdue mais surtout instable.
 
Et mon corps entier sembla se paralyser quand je regardai dans ses yeux. Je voyais bien plus que mon reflet.
 
"Je ne vais pas te laisser te faire du mal."
 
Ses yeux étaient presque rouges à présent et il m'avait pressé contre le mur. Je sentais ses doigts chauds se refermer autour de mon cou.
 
"J'ai besoin de toi."
 
"Harry." Murmurai-je la gorge sèche, mon visage entier me faisait mal mais je m'en fichais.
 
"Ferme-la !" Grinça-t-il. Il avait l'air presque peiné. "Tu vois ce que tu me fais, putain ?" Sa lèvre tremblait. "Sais-tu à quel point j'étais terrifié quand je t'ai vu inconsciente ? Tu m'as rendu faible Claire et ça me terrifie." Il déglutis et son visage s'adoucit pendant un moment.
 
"Tu n'appartiens pas à mon monde." Murmura-t-il doucement. "Je-"
 
Ses doigts se refermèrent complètement autour de mon cou et je sentis mes poumons brûler à cause du manque d'air. Cette douleur me rappelait péniblement celle que j'avais ressentis quand Zayn avait tenté de me tuer.
 
"Je ne veux plus te faire de mal."
 
Sa voix était maintenant pleine d'émotion et j'étais choquée de voir de grosses larmes couler sur ses joues.
 
Harry Styles, ancien leader de gang, fils de Daryl Styles était entrain de pleurer.
 
"Je vais tout effacer." Murmura-t-il presque avec douceur et il se pencha et déposa un doux, très doux baiser sur mes lèvres.
 
"Pitié, ne me laisse pas."


"Je ne te ferais plus de mal." Dit-Harry en mettant fin au baiser, il laissa cependant ses lèvres sur ma joue. Il commença a serrer mon cou doucement au début, comme pour tester ma vulnerabilité. Je ne comprenais pas pourquoi je ne me débattais pas, dans l'état où il était j'aurais facilement pu m'échapper de son emprise.
 
Mais j'étais captivée par son regard, incapable de dire quoi que ce soit et totalement à sa merci.
 
Puis il dit quelque chose que je n'aurais jamais imaginé entendre venant de lui.
 
"Je suis désolé."


Il étouffa un sanglot et c'est à ce moment que la douleur intense se fit sentir. Mon cou semblait se faire écraser et ma bouche était entre-ouverte, laissant échapper un gargouillement.
 
Je ne pouvais voir que ses yeux.
 
"Shhh." Harry tenta de me faire taire. "Reste silencieuse okay ? Ce sera bientôt fini, Claire."
 
Ne me fais pas ça !


Je ne veux pas mourir. 


QUE QUELQU'UN M'AIDE !


J'attrapai faiblement la main de Harry tentant de la retirer, de m'accrocher à la vie, en vain. Ses biceps étaient contracta à cause de la pression qu'il appliqué sur mon cou, le visage déterminé. 
 
"J'aurais dû faire ça il a longtemps." Marmonna-t-il.
 
Non !
 
Lâche-moi !
 
Je ne sentais plus mon visage. La terre tournait autour de moi et je commençais à penser que peut être que Harry avait raison. Peut-être que c'était mieux comme ça.
 
Harry pourrait redevenir leader de son gang et je serais finalement libre.
 
"C'est pas grave." Articulai-je. Le visage de Harry se décomposa, ses yeux s'écarquillant quand il m'entendit parler. Ses mains semblèrent se figer autour de mon cou. Il m'écoutait attentivement. "Je te pardonnes. Je te pardonnes, Harry."


"HARRY PUTAIN QU'EST-CE QUE TU FOUS !?"



La voix de Louis retentit dans la pièce et des bruits de pas rapide dévalèrent les escaliers. Et soudain, je ne voyais plus les yeux de Harry.
 
Je voyais ceux de Louis.
 
Je m'effondrai dans ses bras, et il me rattrapa facilement, m'empêchant de tomber. Il toucha doucement mon cou avant de souffler.
 
"Elle va bien." Annonça-Louis soulagée. "Elle est vivante."


"Je ne peux pas la protéger !" Cria fortement Harry. "Putain, je ne peux même pas la protéger de moi."
 
"Ça suffit tes conneries Harry !" Répondit-Louis aussi fort. "Tu réalises à quel point t'as l'air d'un malade mental là ? Ressaisis-toi putain !" Il gérait la situation comme si Harry était un enfant qui venait de faire un caprice. Mais à en juger par la douleur dans mon cou, ce n'était pas un simple caprice.
 
Liam tenait Harry qui était silencieux et figé. Il me fixait, et tentait de se calmer et de ne laisser paraître aucune émotion maintenant que nous n'étions plus seuls. Il ne pleurait plus.
 
"Maintenant," Commença-Louis, me tenant fermement par les épaules et se décalant pour que je puisse voir Harry. "Vous devez vous réconcilier." Sa voix était encourageante mais sévère, ce que je trouvais bizarre. 
 
Je pleurais à chaude larmes. Harry avait tenté de me tuer.
 
Il a faillit me tuer.


Oh mon dieu...


Qu'est-ce qui est entrain de se passer, bordel ?
 
"Harry, Claire t'aime." Annonça-Louis calmement. "EtClaire, Harry t'aime. C'est une putain d'évidence, plus vite vous le comprendrais, mieux ce sera pour tout le monde." Louis pointa son doigt sur Harry en grondant, "Et n'essaye pas de nous mentir ou de te mentir. Tout le monde dans cette maison sait que tu l'aimes. Il est temps que tu l'acceptes. Je ne te jugerais pas, merde, je serais même heureux pour toi. Et peu importe ce que Zayn t'a dit, c'était de la merde. Depuis quand ce mec s'intéresse à qui que ce soit ?"


"Tu veux vraiment rester comme ça ?" Demanda-Louis, plus doucement. "Tu veux vraiment vivre comme ça ? Sans te soucier de personne ?"
 
Harry fixait le sol. Il ne dit rien. 
 
Et moi non plus.
 
J'en avais vraiment assez. Ma gorge brûlait à cause de ce que Harry m'avait fait.
 
La vérité était dure mais c'était vraie.
 
Si jamais je restais avec Harry, j'allais finir morte.
 
"Claire ?" Louis me regardait. "Est-ce que tu tiens à Harry ?"
 
"Oui." Murmurai-je après quelques secondes. Je fixai Harry avec attention mais il ne leva pas les yeux, pas une fois.
 
"Harry, tu comptes dire quelque chose ?" Demanda-Louis.
 
Personne n'osa parler dans la pièce.
 
Harry ne dit rien, il ne bougea même pas un muscle...
 
Je savais que c'était trop tard. Harry était allé trop loin.
 
Mais Louis ne semblait pas vouloir abandonner. Déterminé, il dit sèchement, "Si tu t'en fou vraiment d'elle, alors c'est pas grave si elle part ? Si tu ne la revois plus jamais ?"

Mon cœur se serra et je sentis la tristesse m'envahir. Je mordis ma lèvre en regardant Harry.
 
"Non." Dit-Harry après un moment. "J'en ai rien à foutre qu'elle parte ou pas."
 
Je sentis mon monde s'écrouler et s'exploser en un million de petits morceaux. J'eus l'impression de recevoir un coup de poing dans le ventre en entendant ces mots froids, et plus de larmes coulèrent sur mes joues. Il parlait de manière tellement détaché.
 
Il s'en foutait vraiment.
 
La partie naïve de mon cerveau espérait que Harry reviendrait à lui et qu'il s'excuserait avant de me prendre dans ses bras et de m'embrasser...
 
Mais j'avais tord.
 
C'était la réalité. Les choses comme ça n'arrivait que dans les livres et dans les films, mais la réalité était beaucoup plus cruelle.
 
"Monte au premier et fais tes bagages." Me murmura-Louis, ayant l'air dévasté.
 
Je voulais lui demander où j'étais censé allé mais mon esprit était figé et ma bouche incapable de sortir un son. Je gardai mes yeux fixés sur le sol, incapable de regarder Harry. 
 
Je ne pouvais croire que ce qui était entrain d'arriver.
 
Je commençai à monter les escaliers, les jambes engourdies. J'avais l'impression d'avoir survécu à un film d'horreur, j'avais vu le pire. Mon visage semblait en feu et mes cheveux était dans toutes les directions.
  
Pourquoi je t'aime ?
 
J'attrapai la rambarde et posai les yeux sur Harry qui me regardait à travers le miroir. Mais il ne fis rien pour me stopper.
 
Je n'avais plus rien à perdre à présent. Je pouvais lui dire.
 
Ça ne ferais de mal à personne. 
 
"Je t'aime, Harry." Dis-je fermement même si ma voix était basse. Je laissai les mots résonner bizarrement dans l'air avant de monter les escaliers, trop embarrassée pour rester plus longtemps. Dès j'arrivai en haut, je ne fus pas étonnée de voir Zayn appuyé contre le mur.
 
"Il se débarrasse finalement de toi ?" Demanda-t-il.
 
"Va te faire foutre." Dis-je sans émotion avant de me diriger vers l'étage. Je boitai plus la normale, tout semblait me faire mal. Le cœur lourd, j'avais l'impression que je ne cesserais jamais de pleurer.
 
"Ne sois pas comme ça." Dis-Zayn en me suivant. "C'est mieux pour tout le monde. Tu ne veux pas retrouver une vie normale ?"


Je ne dis rien. 
 
Je ne voulais pas perdre mon temps avec lui.
 
Je fis mes bagages en silence, ne voulant pas réveiller Eleanor, Lottie et Gemma. Je voulais leur dire au revoir, mais je savais qu'il fallait mieux que je parte le plus vite possible. En rangeant mes habits, je vis un cadre avec une photo sur la commode près du lit. Comment ce fait-il que je ne l'avais jamais remarqué avant ? Qui l'avait posé là ?
 
Je le pris et un sanglot fit trembler mon corps en voyant la photo.
 
C'était la photo que Louis avait pris pour l'anniversaire du gang. Je souriais à la caméra, portant la veste en cuir que Harry avait fait pour moi. Harry était près de moi, ses bras autour de ma taille et c'était bizarre de le voir porter sa veste en cuir. Son visage était sérieux mais il semblait sourire un peu.
 
Ma mâchoire se contracta alors que je reposai douloureusement le cadre sur la commode avant de prendre mon sac et de sortir de la chambre. Je fermai la porte doucement et descendis les escaliers. 
 
La maison était tellement silencieuse. Elle semblait totalement vide alors qu'il y avait beaucoup de monde à l'intérieur.
 
"Claire."
 
Je me figeai en entendant sa voix rauque derrière moi, juste au moment où je me rapprochai de la porte d'entrée. Je lâchai mon sac, tendue, et me tournai pour regarder par dessus mon épaule.
 
Harry.
 
"Qu'est ce que tu veux ?"
 
Je reculai un peu quand il avança vers moi. Ses yeux étaient fixés sur moi, sa mâchoire contractée et son corps entier était tendus. Je me forçai à ne plus bouger même si je voulais vraiment m'éloigner au fur et à mesure qu'il se rapprochait.
 
 Je sursautai un peu quand il fut près de moi, mais il se mit à genoux et son visage s'adoucit instantanément. 
 
"Viens ici."
 
"Pourquoi ?" Demandai-je rapidement.
 
Il releva lentement les bras vers moi et il semblait lutter pour parler. "Juste, s'il te plaît... viens ici."
 
Je m'avançai doucement vers lui et j'hoquetai de surprise quand il me tira soudainement vers lui. Je me retrouvai aussi à genoux puisqu'il était plus bas que moi. Il me serra contre lui, tellement fort que j'avais du mal à respirer.


"Je suis vraiment stupide,"  Dit-Harry doucement. "Je suis un putain d'idiot."


"Harry ?" Demandai-je faiblement, ma voix étouffée contre son torse.


"Je me fiche de ce que pense les autres." Dit-Harry, en se reculant pour prendre mon visage entre ses mains avec douceur. Ses yeux fixaient désespérément les miens, ses sourcils froncés. "Je tiens à toi, Claire. Tellement. Je tiens vraiment vraiment à toi."


Je pouvais voir qu'il disait la vérité.


Il ne cachait plus rien.


Mais je ne pouvais pas m'empêcher de rester hésitante et méfiante, après tout il avait faillit me tuer.


"J'ai l'habitude de tout foutre en l'air," Dit-Harry, tremblant, presque peiné et triste. "Je suis tellement perdu et je ne sais pas quoi faire. Mais...Il y a quelque chose chez toi, tu me donnes envie d'essayer, de me battre. Claire, tu me donnes envie de devenir quelqu'un de bien. Vraiment." Sa voix était basse et il parlait vite, comme s'il était nerveux. Il attrapa mes mains et enlaça nos doigts. J'étais incapable de détourner les yeux des siens.  "Ne me laisse pas. J'ai besoin de toi. J'ai vraiment besoin de toi. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi."
 
Ses yeux étaient plein d'émotion. Il avait ouvert son cœur totalement.
 
Je commençai à céder en entendant ses mots et quand je vis qu'il était vraiment sincère, j'eus envie d'éclater en sanglots. Je souris de soulagement et passai mes bras autour du cou de Harry. 

"Je pensais t'avoir perdu." Dis-je, en avalant difficilement.
 
"J'étais perdu," Répondit doucement Harry, ses bras me serrant à nouveau contre lui. "Mais tu m'as trouvé et tu m'as ramené à la raison." Il me serra encore plus fort. "Je suis vraiment désolé."
 
Je le tenais fermement refusant de le laisser partir. "C'est pas grave. Juste... s'il te plaît, ne tente plus de me tuer, okay ?" Je ris nerveusement. Mon dieu, cette situation était complètement folle. Je me reculai pour le regarder dans les yeux. Je souris, "Je t'aime."
 
Je ne regrettai pas les mots qui quittèrent ma bouche.
 
J'en avais assez de le cacher. Je ne voulais plus fuir.
 
Et je savais que Harry allait changer de sujet ou trouver quelque chose pour étouffer le sujet.
 
Mais au lieu de ça, ses yeux s'illuminèrent et il affichait un grand sourire montrant ses fossettes. C'était comme si je venais de lui annoncer qu'il avait gagner au loto, il était submergé parla joie, comme un petit garçon.
 
"Je le sais."
 
Et quand il m'embrassa, je ne ressentais plus aucune tristesse.
 
Parce qu'à cet instant précis, tout sembler avoir un sens.

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Encore une fois désolé d'avoir pris autant de temps à poster un nouveau chapitre, c'est les fêtes et j'en profite pour me reposer et profiter de ma famille :)

Unstable (suite de twisted)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant