Chapitre 26

23.9K 1.2K 251
                                    

"Je trouve que ce chapeau te va vraiment bien."

Je pinçais mes lèvres, essayant de me retenir de rire en appuyant sur le grand chapeau de cowboy sur le dessus des boucles indisciplinées de Harry. Il me regarda avec une expression du genre "ce n'est pas marrant" et me lança un regard blasé.

"Par contre, celui-là t'ira encore mieux." Je pris un chapeau de gangster pour remplacer celui qu'il portait déjà. Il était noir et un peu petit sur la tête d'Harry, mais mon sourire faiblit en voyant l'ironie de cette image.
 
Harry avait été chef de gang...

"Je crois que je préfère le chapeau de cowboy, en fin de compte." Murmurai-je quand Harry retira le chapeau de sa tête.

"Tu n'étais pas censé chercher un film ?" Me rappela sèchement Harry, pas du tout amusé par la situation. Je soupirai et il pris ma main, me conduisant vers la partie arrière du magasin. Harry m'avait amené faire du shopping. Je recherchais un film que nous pouvions tous regarder le soir. C'était agréable de sortir, d'être dans un environnement normal.

Mais Harry n'arrêtait pas de me rappeler la triste réalité.

Il était tellement énervé, il était sur ses gardes et surveillait tout. Il n'avait pas l'air de passer un bon moment du tout, pas comme moi, parce qu'il était inquiet à cause de ce nouveau gang qui se formait à Cheshire.

Mais honnêtement, est-ce que ça allait toujours être comme ça ?

Harry sera toujours comme ça chaque fois qu'on sortira quelque part ?

Il ne me laissait jamais hors de sa vue, jamais. Nous ne pouvions même profiter du paysage et des jolies boutiques puisque Harry voulait constamment bouger.

Il me tira derrière lui, se dirigeant vers le coin du magasin. Il n'y avait pas beaucoup de gens dans ce magasin, autres qu'une fille à la caisse et deux jeunes hommes.

Les choses n'étaient pas chères, elles ne coutaient presque rien, et j'en étais heureuse.

"Je ne vois pas de DVD ici." Murmurai-je, m'arrêtant pour prendre un bracelet.

"Tu le veux ?" Demanda Harry.
 
"Non, je ne fais que regarder." Curieuse, j'attachais le bracelet autour de mon poignet. Il m'allait parfaitement, se balançant un peu, et il était noir, avec quelques breloques qui pendaient.
 
"Il te va bien." Wow, c'était la première chose positive que Harry avait dit de toute la matinée.

"Merci." Je le remis à sa place, mais Harry le reprit, libérant ma main pour l'examiner.

"T'es sûre que tu le veux pas ?"

Je savais que Harry était encore très riche, même si on ne pouvait pas le deviner en le regardant, arborant une veste noir sur un T-shirt noir décontracté et un jean noir... Wow, je vennais de remarquer qu'aujourd'hui, Harry était habillé tout en noir.

"Oui." Répondis-je en haussant les épaules. "Je ne l'aime pas vraiment."

Harry le posa de nouveau, en marmonnant : "Pourquoi tu peux pas faire simple ? Soit tu l'aimes ou tu l'aimes pas."

"Non, soit je l'aime, ou soit je l'aime bien. Il y a une différence."

J'attrapai la main de Harry avant qu'il ne puisse même se déplacer, et nous nous dirigeâmes vers l'avant du magasin. "Si t'aimes bien ce bracelet," Dit Harry, "Pourquoi tu ne l'achètes pas ?"

"Parce que je ne l'aime pas beaucoup."

Je regardai par-dessus mon épaule pour lui lancer un sourire, il avait l'air confus, mais il n'insista pas sur la question.

Nous sortîmes rapidement de la boutique, rien n'avait vraiment attiré mon attention, donc je conduisis Harry vers la sortie du centre commercial. Nous venions tout juste de sortir quand un homme en bicyclette me frôla de très près, tellement près que j'avais pu sentir l'air sur mon visage.

J'entendis Harry jurer derrière moi.

"Pourquoi tu regardes pas où tu vas, espèce de connard ?" Gronda Harry, se poussant devant moi pour regarder l'homme qui s'éloignait. J'attrapai sa main, entrelaçant nos doigts, et lui murmurai de se calmer. Son visage était tendu quand nous commençâmes à marcher, mais bientôt, il se détendit, même s'il gardait un œil méfiant.

Nous passâmes devant une boutique de mariage, et puis une bijouterie. Je n'hésitais pas une seconde à tirer Harry à l'intérieur, en entendant une cloche retentir quand nous ouvrîmes la porte. Il y avait un vieil homme assis à la caisse avec de grandes lunettes aux verres épais, et il nous accueillis avec un sourire chaleureux, que je rendis.

Et je ne vais pas mentir, tout ce qui se trouvait ici était très cher. Mais une jeune fille a le droit de regarder, pas vrai ?

"Regarde ça," Je m'émerveillai tranquillement, prenant délicatement un collier qui avait une magnifique croix en pendentif. J'étudiais le travail de celui-ci, observant comment les petits détails étaient, avant de le reposer doucement. Harry regardait sur l'autre étagère à côté de nous, en regardant une rangée d'anneaux exposés. Je n'avais jamais été intéressée par les bagues, j'étais plus le genre de fille qui portait des boucles d'oreille.

Mais ça me rappelait tellement mon premier emploi à Londres. J'avais toujours adoré travailler dans les bijouteries. Je trouvais que les bijoux était magnifiques, même si je ne suis pas le genre de fille bling-bling. J'étais plus simple, je n'aimais avoir quelque chose d'énorme perché sur mon cou. Un simple collier avec une petite croix m'aurait suffit.

Ce travail était le seul que j'avais pu garder. C'était le seul que j'étais capable de gérer, et cela me rendait un peu triste. Ça me manquait d'y travailler.

"Harry," Je lui serrai la main pour attirer son attention, "Regarde ce collier."

C'était un collier en argent, avec une petit clef qui pendait. J'avais toujours eu une fascination pour les clefs, même si je n'avais jamais posséder un collier avec une clef. Je tirai doucement sur le pendentif, étudiant de près pour voir les détails de celui-ci. C'était beau, mais simple. Tout ce que j'aimais.

Curieuse, je regardai le prix pour voir qu'il était à 30 livres, qui, en Amérique, était 50 dollars. J'allais le reposer quand Harry saisit mon poignet.

"Tu ne le veux pas ?" Demanda-t-il.

"Non, il coûte 50 dollars." Puis je me corrigeais, "Je veux dire, 30 livres."

"Et alors ? J'ai de l'argent." Il attrapa le collier, le regardant doucement dans sa main. "Je sais que tu l'aimes. Je peux le dire à la façon dont tu le regardes."

Je voulais le collier, mais je ne savais pas si ça valait le prix. Je veux dire, c'était mignon et tout, et j'étais certaine qu'il était moins cher que les autres colliers, mais quand-même.
 
"Il n'y a rien à débattre." Décida fermement Harry, sa tête ce tournant vers la caisse. "Nous l'achetons."

Les yeux bruns du vendeur se brillèrent quand il vit le collier.

"Vous êtes une fan de clef, huh ?" Il me regarda.

Je souris, "Je le suis. Vous avez une belle boutique, en passant."

"Merci." Il me sourit une nouvelle fois. "J'ai remarqué que vous aviez un accent américain."

"J'en ai un. Je viens des USA." Répondis-je, remarquant que Harry regardait par la fenêtre.

"Vous visitez la Grande-Bretagne, ou vous restez ?" Me demanda le vieil homme quand il me tendit le petit paquet.

"Je vais rester." Dis-je sans une once d'hésitation. L'homme donna le petit sac, et je ne pouvais pas m'empêcher d'ajouter, "En fait, je vivais à Londres. Je travaillais dans une bijouterie là-bas."

"Oh, vraiment ?" L'homme se rassit sur sa chaise, posant ses mains sur son ventre dodu. "Vous savez, je pourrais avoir besoin d'un peu d'aide ici."

Oh mon Dieu, est-ce qu'il m'offrait un emploi ?

J'étais sur le point de dire que je serais ravie de travailler ici, quand Harry me coupa. "Elle ne travaillera pas ici."

L'homme eu l'air confus, et il marmonna, "Euh, d'accord dans ce cas. Je ne voulais pas paraître impoli."

Je jetai un regard noir à Harry, avant de m'excuser auprès de l'homme. "S'il vous plaît, ignorez-le, mais oui, je serais ravie de travailler ici." J'ignorais le fait que Harry serrait fortement ma main dans la sienne, "Dois-je signer des documents pour l'emploi ?"

Maintenant, l'emprise de Harry était rude sur ma main, et il dit sèchement, "Nous partons." Sans même regarder le vieil homme, Harry me tira droit vers la sortie du magasin avec le sac dans sa main libre. Dès que nous fûmes dehors, je me mis à tirer ma main de la sienne, en fronçant des sourcils.

"Harry, c'est quoi ce bordel ? Il m'offrait un emploi !"

"Tu ne sais pas qui est cet homme." Répondit lentement Harry, calmement. "Pour autant que nous le sachions ça pourrait être un psychopathe."

"T'es sérieux ?" Etait-il sérieux ? "Cet homme était assez vieux pour être mon grand-père, je doute vraiment que ce soit un psychopathe."

"Il avait l'air trop gentil." Grogna Harry. "Trop gentil."

"Certaines personnes sont juste agréables." J'explosai. "Il n'y a rien de mal ou de suspect à être agréable avec quelqu'un. Donc, si tu veux bien m'excuser, je vais retourner là-bas pour signer les papiers."

Et bien-sûr, Harry saisit mon poignet. "Tu ne peux pas te permettre de travailler en ce moment, de toute façon, Claire."

"Pourquoi pas ?"

"C'est trop dangereux." Harry me dominait, sa voix étouffée et ses yeux fixés dans les miens.
Mon visage se figea à cette information. Bon, alors l'idée de travailler dans un magasin comme ça, avec un gang qui se formait, n'était pas très attrayant. Je soupirai, "Combien de temps ça va durer ?"


"Jusqu'à ce qu'on découvre qui est le chef de ce gang et qu'on les arrêtes. Mais jusque-là, tu ne peux pas quitter la maison sans moi. C'est beaucoup trop dangereux."

Parfois, je me demandais si Harry n'était pas un peu paranoïaque. Peut-être qu'il–

Le bruit de personnes haletant bruyamment attira mon attention, et Harry regarda par-dessus mon épaule, son visage se décomposant.

Et puis j'entendis un coup de feu.

Putain de merde.

"Reste derrière-moi." Me souffla-Harry, mais je n'eus pas la chance de me déplacer avant qu'il ne me pousse, son grand corps debout face au mien. Je regardai autour de lui pour voir quelques personnes dans la rue, et les gens étaient figés sur les trottoirs. Complètement.



Qu'est-ce qui se passe ?

"Harry ?" Demandai-je doucement. "Qu'est-ce qui se passe ?"


"Juste, sois silencieuse, et reste derrière moi." Dit-il par-dessus son épaule, celle-ci me bloquant la vue. Je retins mon souffle en regardant de l'autre côté, voyant des personnes se rapprocher. Ils ressemblaient à des hommes, et ils étaient tout en noir, et je vis qu'ils avaient des demi-masques sur le visage. Vous savez, le genre de voleur, dans les vieux films western, où ils couvrent juste leurs bouches ? Comme des bandanas... ça alors, pourquoi je rends ça si compliqué ?
Un autre coup de feu retentit, beaucoup plus proche, et je pouvais entendre le cri d'une femme au loin. Mon corps tout entier se figea au son horrible.

Je détestais le bruit des armes à feu.

"Vas dans le magasin, Claire." Dit tranquillement Harry, sans me regarder.



"Quoi ?"

"Vas dans le magasin, maintenant."


Ma gorge se serra, et je passais nerveusement ma langue sur mes lèvres, jetant un coup d'œil au magasin à notre gauche. Mais je ne bougeais pas.

"Non." Répondis-je.

"Claire, je te jure, si tu ne fais pas ce que je te dis, putain je vais–"

"–J'en ai rien à faire, Harry. Je ne vais pas te laisser ici."

"Je veux l'attention de tout le monde." Une voix fit écho dans la rue maintenant silencieuse, et nous faisant taire, Harry et moi. Tout le monde semblait étrangement calme. Je jetai lentement un coup d'œil par-dessus le corps de Harry, pour voir trois personnes debout dans la rue.

Je pouvais les voir tenant des fusils, et je sus instantanément qu'ils faisaient partie de ce nouveau gang.

Où était-ce la police ?

"Ceci est un avertissement pour vous tous." Continua l'homme, il parlait vite et sa voix était froide et sans cœur. C'est alors que je vis deux personnes à genoux devant lui, et je vis un homme d'âge moyen, bâillonné et les bras liés derrière lui, debout à côté d'eux.

Les gens qui était à genoux étaient une femme et un jeune garçon.

Oh mon Dieu.

"Non," Murmurai-je, allant vers l'avant, mais Harry saisit douloureusement mon poignet, m'arrêtant.

Il ne parla même pas, mais je savais que c'était son avertissement.

Rester silencieuse.

Rester invisible.


"Ne vous mêlez pas de notre gang." Continua-l'homme.

Il commanda à un autre homme de faire quelque chose, et mon visage entier pâlit quand il s'avança et qu'il commença à couper la tête de la femme.

Oh mon Dieu.

Il la tenait comme si c'était une sorte d'animal, et il  tranchait son cou avec un couteau qui avait l'air horrible. Elle ne protesta même pas, sans doute parce qu'elle n'était pas en mesure de le faire.

Ma respiration était irrégulière, et le spectacle macabre qui se déroulait en face de moi était insupportable, mais j'étais incapable de détourner le regard. Mes yeux étaient collés sur l'homme qui décapitait la femme, et la femme ne bougea même pas, surtout parce que ses mains étaient liées. L'homme coupa son cou et la saisit fermement par les cheveux, et l'homme debout – apparemment quelqu'un très proche d'elle, pleurait.

Il supplia l'homme d'arrêter, et il s'excusa de les avoir dénoncés à la police.

Mais l'homme qui tenait le fusil se tenait là, les yeux fixée sur tout le monde, en s'assurant que personne ne bouge.

Le corps de la femme frappa le sol dans un bruit sourd, et j'espérais vraiment qu'elle était morte. L'homme avec le couteau jeta nonchalamment la tête au sol, et j'ai dû couvrir ma bouche quand il commença à se diriger vers le petit garçon.

Unstable (suite de twisted)Where stories live. Discover now