Je fixe le plafond

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Je fixe le plafond. Il s'est écroulé sur moi lorsqu'il a fini son affaire. Je suis prisonnière de son corps.
- Je... Je peux aller prendre une douche...?
Ma voix se fait discrète, j'ai peur de le déranger.
- Non Lucy.
- S'il te plaît...
- On va prendre un bain.
- Non... S'il te plaît...
- Si. Mais attends un peu.
Mes larmes coulent encore. Elles refusent de me laisser. J'ai si mal. J'ai si mal aussi bien à l'intérieur de ma poitrine que de mon corps, parce qu'il n'y est pas allé de main morte.
Seule sa respiration me parvient. Tout est calme. La nuit est tombée. Si je parviens à sortir et à appeler à l'aide, on m'entendra. Mais pour l'instant, je suis coincée entre le matelas et son corps.
Sentir son corps nu contre moi me dégoûte. Mais je me sens bien plus sale que lui.
Je regrette de n'être pas partie. Je culpabilise pour moi même. Je regrette de ne pas avoir crié. Je regrette de ne pas m'être assez débattue. Je regrette de ne pas avoir fuit.
Mais qui sait ce qu'il aurait pu m'arriver si j'avais essayé une de ces choses ? Seul lui connaît la réponse.
Je suis spectatrice de ma propre vie.
Très vite, une crise d'angoisse me prend. Ma respiration s'accélère et ma poitrine se soulève au rythme de mes sanglots.
Tom plaque sa main sur ma bouche, ce qui me fait de plus en plus paniquer. Je me débats.
- Ta gueule putain ! Ta gueule ! Tu te calmes Lucy.
Je secoue la tête et tente de crier. Mais seul un cri sourd s'échappe de mes cordes vocales.
Pourquoi tu me fais ça ? Je t'ai rien fait... J'ai été gentille... J'ai toujours été gentille... Pourquoi tu me fais ça ? Je t'en supplie...
Sa main s'enlève de ma bouche et je prends une grande inspiration. Mais très vite, ce sont des gifles qu'il me donne. Je pleure de plus belle. 
- Je t'ai rien fait... J'ai été gentille... Je t'en supplie... Tom...!
- T'as été gentille ?
- Oui...
- J'appelle pas ça être gentille.
- Je t'en supplie, arrête... Tu m'aimes... Tu le sais... Tu m'aimes... Tu veux pas me faire du mal...
- Moi ? Je t'aime ? Tu crois ? J'aime juste ton corps.
- Tom...
- Ferme là.
- Je t'en supplie...
Il se redresse et se met à califourchon sur moi. Son regard noir m'agresse. Je ferme les yeux et ne dis plus rien. J'appréhende.
J'appréhende de nouveaux et de nombreux coups.
Il en est rien.
Sa main caresse ma joue.
- Tu es si belle Lucy. Ta beauté devrait toujours être. Elle ne devrait pas partir. Sèche ces larmes. Je te veux pour toujours. Je te veux toujours auprès de moi. Je veux ta beauté pour toujours.
Ses paroles me font plus peur que de bien. Il va me garder prisonnière auprès de lui. C'est comme ça que ça va se passer. Je n'aurais plus le droit de sortir de la maison. Je le sens. Il me prend pour un objet ou pour son esclave. Je ne suis que quelque chose de beau. Je ne suis pas humaine. Je n'ai pas de sentiment. Il faut que j'essaie de les oublier si je veux que ça se passe bien. J'ai peur. Je suis terrifiée, à l'idée de rester pour toujours à ses côtés.
- Si t'étais plus docile je ne te frapperais pas, tu le sais Lucy ?
Je hoche la tête. Je veux aller dans son sens. Il faut que je coopère si je veux espérer pouvoir m'en sortir.
- Il faut juste que tu comprennes qu'il y a des choses qui ne me plaisent pas dans ton comportement. Tu comprends ?
- Oui... Je comprends. Je peux savoir ce qu'il ne te plaît pas ?
- Tu réponds trop, tu contestes trop lorsque je te dis quelque chose. Je veux juste que tu te contentes de te laisser faire, ou d'obéir. C'est pour ton bien, je t'assure. Tout n'est que pour ton bien ma belle Lucy. Lorsque je te touche, c'est pour ton bien aussi, mais tu ne te laisse pas faire, alors tu as mal.
- D'accord...
- Tu as compris ?
- Oui.
- Bien. J'aime avoir le contrôle. Ce n'est pas compliqué.
Je hoche la tête.
- Tu vois, tout est si simple quand on discute calmement. Maintenant ouvre tes jolis yeux.
J'ouvre mes yeux et mon regard se plonge dans le sien.
- Tu as de beaux yeux, tu ne devrais pas les cacher.
- C'est parce que ton regard me fait peur parfois...
- C'est pour que tu comprennes que ce tu fais est mal Lucy.
- D'accord...
Ses yeux ne quittent pas les miens tandis que ses mains glissent sur mon cou puis sur mes seins. J'ai le reflex de me débattre un peu puis je me reprends, je dois le laisser faire si je ne veux pas qu'il me fasse du mal.
- Chut... Voilà, apprécie. Je ne veux pas te faire de mal.
Apprécier. Je dois oublier qui il est. Je dois oublier tout le mal qu'il m'a fait. Je dois oublier que si je dis non, il s'énervera. Je dois me laisser faire et essayer de prendre du plaisir. C'est comme ça que ça fonctionne. Mais la peur me coupe tout. Je n'y parviens pas. Pourtant, je le laisse faire dans l'espoir que ça fonctionne. C'est lorsqu'il descend ses caresses au bas de mon ventre que je lui prend les deux mains.
- Je... S'il te plaît... Je peux pas...
- Laisse-toi faire.
- Je... C'est pas que je veux pas... Mais... Je peux pas... Je t'en prie... Je ressens rien à part de la peur... Tu me fais peur...
- Tu as peur de quoi ?
- J'ai peur que tu me frappes et que tu me violes...
Il soupire et se lève. Il me prend doucement la main et me redresse, je me lève aussi et il me conduit jusqu'à la salle de bain. Il fait couler l'eau dans la baignoire. J'appréhende. J'ai peur. Je ne veux pas finir noyée. Je ne veux pas qu'il me plonge la tête dans l'eau.
Mais, il y ajoute du bain moussant et entre dedans lorsqu'il y a suffisamment d'eau.
- Allez viens.
J'entre doucement dans l'eau. Je me mets contre lui, il met un de ses bras sur mon ventre. Son autre main caresse mes cheveux.
- Détends-toi ma belle Lucy.

LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant