Des jours sont passés

377 51 12
                                    

Des jours sont passés, où je suis restée enfermée. Des jours sont passés avec l'impossibilité de faire un test de grossesse, ou de voir un médecin. Avec ces maux de ventre qui me prenaient, plusieurs fois par jour. Avec cette tristesse en moi, cette peur. Avec ces tremblements qui ne cessaient pas, qui s'accentuaient lorsqu'il était proche de moi.
Je ne lui ai pas re-adressé la parole... Jusqu'au jour où je me suis mise à saigner. J'ai d'abord cru que c'était mes règles, mais j'ai vite compris que ce ne l'était pas. C'était un saignement inhabituel et je ne devais pas les avoir de suite. Je l'ai supplié de venir m'aider. Je l'ai supplié avec une voix tremblante. Il s'est approché de moi, a constaté le sang aussi, m'a pris le visage entre une de ses mains m'a regardé dans les yeux et a hoché la tête avant de me porter jusqu'à la voiture. Il a conduit sans respecter les consignes du code de la route, pour aller plus vite. Je voyais qu'il était tendu, il serrait le volant comme jamais il l'avait fait. Sa mâchoire subissait aussi.
- Je... Suis désolée...
- Tais toi. Arrête de t'excuser pour rien.
J'ai hoché la tête et je n'ai plus rien dit jusqu'à ce qu'on arrive à l'hôpital.

J'avais fait une fausse couche.

J'étais bel et bien enceinte.

Le fœtus était perdu à tout jamais.

Et je me perdais moi aussi.

On m'a posé des questions. Des tas de questions. Et surtout sur ce qui était le plus voyant, mes hématomes. J'ai répondu que je m'étais faite agressée. On m'a répondu que si j'étais habillée de la même façon que ce jour là, il ne fallait pas s'étonner. On sous entendait que je l'avais mérité, à cause d'une tenue. Je n'ai pas répliqué, j'ai demandé à ce que Tom revienne. Il est revenu et m'a pris la main, comme un petit copain intentionné.

Alors qu'en réalité, c'était sa faute.
J'avais fait une fausse couche.
À cause de lui.
Je ne lui pardonnerai jamais.
Il avait eu ce qu'il voulait.

Je me suis mise à pleurer en sortant du cabinet du médecin. Rien ne pouvait me consoler. Rien n'était dans la mesure de me consoler ni personne. Je sais que ça aurait été une mauvaise idée d'avoir un enfant en étant sous le même toit que Tom, mais j'aurais trouvé une solution pour en sortir, pour sauver le bébé. Mais je n'en ai pas eu le temps.
Il m'en a pas laissé le temps.

Il m'a forcée à rentrer. Je ne voulais plus. Mais il m'a serré le poignet assez fort pour me forcer à le suivre. Quand nous sommes rentrés, il a fermé la porte de l'entrée, a pris les clefs et est parti s'enfermer dans la salle de bain. Je suis restée seule, un long moment. Je n'ai pas pris le temps d'enlever ma veste, ni mes chaussures. Je me suis laissée glisser contre la porte en espérant que quelqu'un vienne sonner. Mais personne n'est venu.

LucyWhere stories live. Discover now