Le temps passe (dernier chapitre partie 1/2)

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[Bon, j'ai préféré publier le dernière chapitre en deux parties. Donc voilà la première hehe. Je vous laisse encore le suspens sur la fin]

Plus le temps passe, plus je me sens calme. Ma respiration n'est plus rapide. Mes mains ne sont plus moites.
Je suis apaisée.
Tom enlève son bras de mon ventre pour m'allonger presque contre lui. Il me berce doucement, comme un enfant.
- Tu es si belle...
Je suis belle. J'aurais au moins réussis quelque chose. Être belle.
Mais cela ne me suffit pas. Je ne veux pas l'être pour lui.
- Je vais mettre un peu de musique, tu veux bien ?
Je hoche la tête. De la musique, je veux bien. Ça fait longtemps que je n'en ai pas entendu. C'est rare qu'il en mette dans la maison. Alors moi, j'en ai encore moins le droit. Il prend son téléphone et pianote dessus. Très vite, une musique douce me parvient. J'ignore comment ce style de musique se nomme, je sais seulement que c'est calme et que ça m'apaise encore plus.
Je me sens légèrement fatiguée, mais je ne veux pas dormir. Pourtant, je me sens si lourde. Mes mouvements sont comme ralentis, mes reflex aussi. Je ne sais pas ce qu'il se passe avant réflexion.
- Tu m'as donné un sédatif...
Tom hoche la tête et me sourit gentiment puis me caresse la joue.
- Je l'ai fait uniquement pour ton bien ma belle Lucy. Tu me crois ?
Je hoche la tête. Je ne sais plus si je le crois ou si je suis contre lui, dans mon propre camp, mais il est plus facile de choisir la facilité.
- Je me sens... bizarre...
- Tu m'étonnes.
- Tu l'as eu où...?
- J'ai des contacts.
- Tes amis bizarres... Tu en as d'autres ?
- Si tu n'es pas sage oui.
- Je suis pas une enfant...
- Chut...
Je me tais et pose mon visage contre son cou. Je mouille sa peau de mes larmes qui coulent sans cesse.
- Je... Je voulais juste vivre normalement... Je suis désolée si je t'ai dérangé, il fallait me le dire, j'aurais vécu dans la rue et puis voilà... Mais... Mais... Tu as dit qu'on trouverait une solution... Tu m'as dit que je pouvais rester... Je suis désolée si tu le pensais pas... Je suis désolée... Je suis désolée... J'ai toujours été amoureuse de toi moi... Je suis désolée Tom...
Il ne fait que soupirer pour me répondre.
- Alors c'est comme ça que ça va se passer...? Je vais rester prisonnière toute ma vie avec toi parce que tu me veux seulement pour mon corps...?
- C'est à peu près ça.
- À peu près...?
- Qu'est-ce que tu veux faire demain ?
- Comment ça ?
- Dis-moi ce que tu aimerais faire demain. Quelque chose que tu aimerais plus que tout.
- Plus que tout ?
- Oui Lucy.
- Je veux voir ma maman... Mais je crois pas que c'est possible...
- Ça va être compliqué.
- Je le savais...
- Il y a autre chose que tu voudrais faire ?
- Je sais pas.
- Voir Maxime ?
- Ouais...
- On fera ça. Tu veux aller au restaurant aussi ? Au cinéma ? Au parc ?
- Euh...
- Choisis.
- Les trois...?
- D'accord.
Au fond de moi, je crois que j'ai compris. Au fond de moi, j'en suis presque sûre. Demain sera ma dernière sortie. C'est ce qu'il a prévu et je le sais. Je ne dis rien. Je reste contre son cou, et c'est comme ça que je m'endors après de longues minutes de pleurs.

Le lendemain matin, il me réveille avec des caresses dans le dos. J'ai un long retard avant de réaliser, je me redresse rapidement et me recule.
- Je ne te ferai aucun mal aujourd'hui Lucy. Tu en as ma parole.
- Tu mens... Tu mens toujours.
- Je te jure que non. Je veux bien plaider coupable pour toutes les autres fois, mais pas pour aujourd'hui. Je te dis la vérité.
Je hoche la tête et le regarde dans les yeux.
- Tout va bien Lucy. Va déjeuner. J'ai acheté des croissants.
Je regarde l'heure sur le réveil. Il est un peu plus de sept heure trente. La journée commence tôt.
- On a pleins de choses à faire aujourd'hui.
Son portable sonne. Il esquisse un petit sourire et répond au sms qu'il a du recevoir.
- Va déjeuner je te dis.
- Ok...
Sur la table se trouvent en effet des croissants et un verre de jus d'orange, que je fixe un long moment parce qu'il me paraît suspicieux.
- J'ai rien mis dedans. Je t'ai dit, tu peux me faire confiance, je ne te ferai pas de mal. Il n'est pas empoisonné.
Tom s'assoit pas loin de moi et pianote encore sur son portable tandis que je déjeune. Son téléphone vibre de nombreuses fois.
- Qui c'est ?
- Tu verras.
- Quoi ? Mais ?
- Tu verras !
- C'est Max ?
- Peut-être.
- C'est Max, obligé !
Il lâche un petit rire et secoue la tête. Je me surprend moi même à le regarder et à admirer sa beauté. Je baisse la tête quand la dure réalité me frappe de plein fouet. Cet homme est beau, mais me fait vivre un enfer. Un léger sursaut me prend lorsque je sens son contact, son index relève mon menton.
- Va te préparer et t'habiller si tu as fini de manger.
Je hoche la tête et file dans la salle de bain puis la chambre.
- Mets quelque chose de décontracté. Quelque chose avec quoi tu te sens à l'aise.
- D'accord...
J'opte pour un jeans confortable et un léger sweat. Lorsque je sors, je le surprends à m'admirer, même dans cette tenue si simple.
- Tu es magnifique. Si seulement tu savais.
Il me montre une brosse à cheveux et un élastique.
- Je peux...?
Je hoche doucement la tête et m'assois sur un tabouret, dos à lui pour qu'il puisse me coiffer. Ses gestes sont doux et attentionnés. Il fait attention à ne pas me faire mal et je le sens. Il me fait une queue de cheval puis m'embrasse la joue.
- Je peux te maquiller aussi ?
- Euh... Je suis pas super sûre de ça...
- J'ai regardé des vidéos sur internet.
- Je me maquille presque jamais. Tu le sais bien.
- Ça changera.
Je ne dis rien et il s'en va pour revenir avec une palette de fard à paupières et des pinceaux.
- Tu es sûr de ce que tu vas faire là ?
Il hoche la tête.
- Ferme les yeux.
Je ferme les yeux, le contact des pinceaux qu'il utilise me chatouille, mais je ne dis rien et me laisse faire. Je l'entends quelques fois jurer, je ne sais pas à quoi m'attendre. Mais quelques minutes plus tard, il me dit de réouvrir les yeux et me tend la palette pour que je me regarde avec le miroir. Il a fait quelque chose de discret avec du marron et du fard clair et irisé. C'est plutôt joli.
- Alors ?
- C'est joli.
- Tu me dis la vérité ?
- Oui ! C'est joli. Ça ne se voit pas trop, c'est sympa.
Il me sourit.
Quelques minutes plus tard, la sonnette de la porte retentit. J'interroge du regard Tom.
- Mets tes chaussures.
Je vais mettre mes chaussures tandis qu'il va ouvrir. C'est Max. Je fais un grand sourire et viens lui faire un câlin.
- Salut toi.
- Salut...
- Comment ça va ?
Je sais que Tom est derrière, et que je n'ai pas intérêt à dire quoi que ce soit sinon je prendrais à nouveau cher, je hoche la tête.
- Ça va. Et toi ?
- Moi ça va toujours. Alors, t'es prête ?
Il me lâche, me déchirant le cœur en même temps, ses bras étaient une protection.
- Euh, ouais...
Max me fait un petit clin d'œil et me fait signe d'avancer jusqu'à sa voiture. J'entends une vague phrase de sa part à Tom ressemblant à un «J'te laisserai pas faire». Mais aucune réponse n'est prononcée, je fronce des sourcils.
- Mets toi devant, me dit Max.
Je m'installe au devant de la voiture, Max revient et Tom s'installe donc derrière.
- On va où ?
- Ahah, tu verras bien.
- Mais...
- Tu vas aimer. Je t'assure.
Sur ces mots il démarre.
Quelques minutes plus tard, je fronce les sourcils. Je connais cette route. Ce n'est peut être qu'une simple coïncidence mais je connais cette route.
- Attends, attends... On va où Max ?
Plus les mètres de routes s'enchaînent, plus la route se confirme. Ma respiration s'accélère, mes mains deviennent moites.
- Détends toi Lucy. Tout va bien.
- Est-ce que...
- Oui. C'est ce que tu penses.
Je secoue la tête. Je ne peux pas.
- Je ne suis pas présentable !
- Tu es superbe.
- Non, non...
La voiture s'arrête.
La voiture s'arrête devant cette maison que je connais tant. Devant la maison de mon enfance. La maison où j'ai énormément de souvenir.
La maison de mes parents.
- Ils ont déménagés de toute façon. Ils ne sont plus là. Tu peux faire demi tour.
Ma voix est sèche, dure.
- Ils n'ont pas déménagés. Ils se sont cachés un long moment pour que tu arrêtes de les harceler, soit disant.
- Ils ne veulent plus me voir.
- Ta mère le veut.
- Quoi...?
- Je l'ai contactée. Elle souhaite plus que tout te revoir. Tu es sa fille. Elle t'aime plus que tout. Elle ne savait juste pas comment s'y prendre entre toi et ton père. Mais ça, c'est à elle de te l'expliquer. Pas à moi.
Mes larmes arrivent vite. J'essaie de les ravaler pour ne pas pleurer tout de suite. Je tremble. J'ai la boule au ventre.
- Tu vas sortir ou pas ? Cette fois si, c'est Tom qui parle.
Je hoche la tête.
- Attends...
Je fixe la maison. La lumière de la cuisine est allumée. Mes tremblements se font de plus en plus insistants. J'inspire un grand coup et souffle. J'ouvre la portière et sors. Mes jambes ont du mal à me porter. Tom arrive derrière moi et me prends doucement la main. Il la caresse de son pouce. C'est lui qui avance en premier, m'entraînant avec lui. Je sais que s'il ne l'avait pas fait, je ne l'aurais pas fait par moi même. Maxime nous suit sans rien dire.
Arrivés devant la porte, je reste immobile, figée par le stress. Tom appuie sur la sonnette.
Je me retourne, prise par l'envie de faire demi tour et de courir. Mais la porte s'ouvre, Tom lâche ma main, je fais à nouveau face à la porte, et très vite une silhouette se jette dans mes bras.
Anna.
Ma cousine.
Anna. Celle que j'ai considérée comme la sœur que je n'ai jamais eue. C'est elle qui pleure en premier. J'entends ses sanglots, je sens sa poitrine se soulever et s'abaisser à une vitesse incroyable.
Anna a toujours été là. Nous étions comme des sœurs. Elle accompagnait ma joie, ma peine, ma peur. Je pouvais compter sur elle comme elle pouvait compter sur moi.
Mais lorsque j'ai été virée de chez moi, ses parents bien plus sévères que mon père lui ont interdit de me reparler. Elle m'envoyait quelques messages lorsque j'avais encore mon portable, en cachette, mais il lui était impossible de venir me voir.
- Tu m'as laissée sans nouvelle..., elle brise le silence.
- Je n'avais plus de portable Anna...
- Tu m'as tellement manquée, c'était si dur sans toi si tu savais... Je n'avais plus personne à qui me confier, je n'avais plus personne à qui dire ce que papa me faisait endurer, et je me suis tellement inquiétée Lucy... J'ai cru que tu étais morte... J'ai cru que tu étais morte putain...!
- Je suis désolée... Si tu savais comme tu m'as manquée aussi Anna...
- Bon, elle se défait de mes bras. C'est lequel ton mari ?
- C'est pas mon mari... Mais c'est lui.
Je lui désigne Tom.
- Hum... Il a une tête de mafieux.
- Mais ! Anna !
- Pardon !
- Je te pardonne, dit Tom.
- Et lui, c'est Max, mon meilleur ami.
Max lui fait un léger sourire.
- Lui il a une tête de gentil !
- Il l'est.
- Il a plutôt intérêt. Bon, vous rentrez ? Tata fait la cuisine, c'est un prétexte pour sa timidité. Elle stresse.
- Tes parents ne sont pas là ?
- Dieu merci que non.
- Ton amoureux ?
Anna lâche un petit rire.
- Épargne moi de cette affaire, je t'en supplie. C'est pas mon amoureux. Enfin lui il l'est mais tu sais bien que moi non.
Je hoche la tête. Anna rentre et nous la suivons.
Rien n'a changé. La décoration reste la même, l'odeur du foyer aussi.
On peut entendre dans la cuisine cette voix si douce, celle de ma mère, s'exprimer dans sa langue natale. Je ne comprends presque plus rien.
- Depuis tout à l'heure c'est comme ça. Elle parle toute seule en bulgare, et moi je comprends rien.
- Évidemment...
Anna est ma cousine du côté de mon père. Elle n'a aucune chance de comprendre ce que dis ma mère.
- Tata ! Arrête de te cacher... Elle est là, tu peux pas l'éviter...
Nous arrivons devant la cuisine. Je suis en première ligne auprès d'Anna. Ma mère arrête tout mouvement et me regarde. Cette fois ci, je ne peux pas retenir mes larmes. Ses larmes suivent les miennes. Nous nous regardons pendant de longues secondes jusqu'à ce qu'elle décide enfin de me prendre dans ses bras. «Mon ange», c'est ce qu'elle dit dans sa langue. J'arrive à le comprendre parce qu'elle m'appelait comme ça dans le passé. Puis très vite, elle s'exprime rapidement, je ne comprends pas. J'ai perdu la faculté de la comprendre avec le temps.
- Je... Je comprends pas...
- Pardonne moi... Je suis désolée, je suis si désolée... Je ne voulais pas... Je ne voulais pas te laisser... Je te promet que je n'étais pas d'accord avec lui mon ange...
- Je te pardonne mama...
Elle me sert fort dans ses bras. Et je sens a nouveau sa protection. Ce câlin me fait un bien fout. Son amour se propage à travers cette étreinte. Je me sens bien. Je ferme les yeux et sens son odeur qui me rassure. Elle n'a pas changé de parfum. Je retrouve les repères de mon enfance. Je ne veux plus jamais la lâcher.
Mais, c'est elle qui met fin à ce câlin. Elle me regarde et me caresse la joue.
- Ma fille... Tu es si belle...
Je voudrais que ces mots restent a jamais gravés dans mon esprit. Je voudrais rester là pour toujours. Je voudrais qu'elle me rassure comme avant. Je voudrais qu'elle me dise que c'est fini comme lorsque je faisais un mauvais rêve en étant petite. Je voudrais qu'elle me dise que ce cauchemar est fini. Que tout va s'arranger. Qu'elle est là maintenant. Mais je sais que ce n'est pas possible. C'est impossible parce qu'elle en sait rien. Elle ignore tout ce que j'ai pu subir pendant qu'elle n'était pas à mes côtés. Elle ignore ce que me faisait et ce que me fait subir Tom. Et, elle n'en sera jamais rien. Même Anna n'en saura au courant. Personne saura à part Maxime. Je ne peux mettre au courant personne. Pas parce que j'en ai honte, même si c'est un peu la vérité, j'ai honte de ne pas pouvoir me défendre comme je l'avais appris auparavant. Mais parce que j'ai peur. J'ai peur qu'il leur fasse du mal en retour. J'ai peur qu'il me tue pour se venger. Et surtout, j'ai peur de parler. C'est si dur, parler. Je pense à tout ça, et je refond en larmes en m'approchant de l'épaule de ma mère. Je la resserre contre moi. Elle m'a tellement manquée.
- Je suis là mon ange...
- Pas pour toujours...
- Chut... Je suis là tout de suite.
- Mais...
- Non, pas de mais... Penses au moment présent.
Elle me caresse le dos. Ses gestes sont si doux.
- Allez, arrête de pleurer. Allez vous asseoir au salon. J'ai fait des gâteaux et du café, il y a du thé aussi.
Je hoche la tête et me défais de ses bras avec difficulté. J'essuie mes larmes avec un mouchoir que je prends sur la table et me dirige dans le salon. Anna est la première à s'asseoir sur le canapé, je m'assois à côté d'elle, Tom et Max suivent ensuite. Ma mère arrive avec un plateau avec tasses café, eau chaude et thé puis repars pour aller chercher une grande assiette de gâteaux. Elle demande gentiment à Anna de se mettre sur le fauteuil non loin du canapé, celui où s'assoie toujours mon père. Puis, elle s'installe à côté de moi et me prend les deux mains entres les siennes. Son regard est doux et rassurant. Si je ne me retenais pas, je pleurerai encore contre elle.
- Nous avons pleins de choses à nous dire Lucy.
Je hoche la tête.
- J'ai quelque chose d'important et de grave à t'annoncer. Je ne sais pas vraiment comment te dire ça...
- Dis le moi comme tu le sens...
- Ton père...
- Il va rentrer ? On s'en ira avant.
- Non, Lucy, non...
- Il est décédé.
Cette fois, c'est Anna qui prend la parole. Mon regard balance entre elle et ma mère, de nombreuses fois.
- Anna..., commence ma mère.
- Tu serais passée par mille chemins.
Je ne sais pas comment réagir. Je ne sais pas si je suis triste ou si j'en ai rien à faire. Il me faut un moment de réaction. J'avale ma salive, je fixe le mur et hoche la tête.
- Ça fait dix mois, continue Anna.
- J'ai essayé de te contacter, dit ma mère, Mais tu ne répondais pas au téléphone...
- Je n'ai plus de portable. Comment... Comment il est...
- Un AVC.
Je hoche à nouveau la tête. Je respire profondément. Mon père était un connard. Je me refuse d'être triste. Je refuse amplement de verser ne serait-ce qu'une larme pour lui.
- J'aurais tellement voulu te recontacter avant ma fille...
- C'est pas grave. Tout va bien maintenant. Je suis là.
Je sais que c'est faux. Je sais que c'est probablement la dernière fois que je la vois si on ne me sort pas des griffes de Tom. Mais, je mens. Je ne peux pas me permettre de lui dire la vérité.
- Tu m'as tellement manquée Lucy...
- Toi aussi mama, si tu savais...
Si seulement tu savais combien de fois je t'ai réclamée, si tu savais combien de fois je t'ai demandée à l'aide... Si seulement tu savais combien de fois j'ai eu besoin de toi... Si tu savais à quel point j'ai besoin de ta protection pour toujours...
Je pose à nouveau ma tête sur son épaule et pose une main dans ses cheveux ondulés.
- Je suis là mon ange...
- Ne m'abandonne plus jamais... Pitié... Je veux rester avec toi...
- Tu peux rester à la maison si tu veux. Ta chambre est toujours là, rien n'a bougé.
- Enfin, moi je squatte quelques fois pour dormir, répond Anna.
Je hoche la tête.
Tom intervient :
- On a quelque chose de prévu demain Lucy.
Je sers fort la main de ma mère.
- Si tu as quelque chose de prévu tu viendras une prochaine fois. Tu viens quand tu veux mon ange.
- Je... On peut annuler ?
- On a réservé, tu sais bien. Ça va pas être possible.
Non, je ne sais pas. Je ne sais pas parce que c'est faux.
- Vraiment pas...? Tu peux pas essayer d'appeler ? Tu reportes...?
- Non, il fallait s'y prendre bien à l'avance...
- Ah...
- C'est pas grave mon ange. Tu as tout le temps pour venir.
Je hoche la tête pour la rassurer. Non, je n'ai pas le temps. Il me veut pour lui seul. Je sais, je l'ai compris. Il a sorti le grand jeu aujourd'hui pour ma dernière sortie.
- Alors dis moi, depuis combien de temps tu es avec ce charmant homme ?
Je me redresse.
- Il s'appelle Tom, le charmant homme. Un peu plus de 3 ans. C'est lui qui m'a accueillie quand j'ai du partir... Et j'étais déjà amoureuse de lui depuis bien longtemps.
- Oh, je vois. Merci d'avoir pris soin de ma fille, Tom.
- Avec plaisir madame.
Tom lui fait son meilleur sourire. Ce fameux sourire manipulateur. Ce sourire parfait, fait par un monsieur parfait.
- Et le bébé, c'est pour quand ?
- Euh... Je... Je l'ai perdu.
- Oh...
- Ça marche pas à tous les coups...
- Et nous avons décidé de prendre notre temps après cet épisode tragique. Nous avons encore du mal, dit Tom.
Mes yeux s'humidifient.
Tu n'es qu'un menteur... Je te déteste, je te déteste...
Maxime se lève.
- Excusez moi, j'ai oublié, j'ai une course à faire. Je reviens dans quelques minutes.
Max sort, et peu après Tom me murmure à l'oreille «Sois gentille. Je reviens.», je hoche la tête.
- Je vais l'accompagner, j'ai un petit quelque chose à acheter.
- Nous serons entre filles, c'est interessant ! s'exclame Anna.
- C'est ça, vous avez pleins de choses à vous dire.
Tom quitte la maison à son tour.
- Mama... Est-ce que tu me protégerais s'il m'arrivait quelque chose ?
- Oui mon ange. Mais pourquoi tu dis ça ?
- Je sais pas, on sait jamais... J'étais si triste de ne pas pouvoir te parler toutes ses années... J'avais tellement besoin de toi... J'étais perdue si tu savais... Si tu savais comme j'étais perdue...
- Je suis si désolée...
Elle me prend contre son épaule, et je reste comme ça de longues minutes. Un silence prend place. Je savoure ce moment mais appréhende la suite.

LucyWhere stories live. Discover now