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Son dos était crispé, ses poings fermés et ses veines ressorties. Je ne me doutais pas que mes mots provoqueraient une telle réaction chez lui, je ne l'avais jamais vu ainsi. J'avais du mal à discerner si c'était de la tristesse, de la rage, ou bien encore un mélange des deux.

Je me sentais coupable, et stupide aussi. Il est vrai que lorsque que l'on passe sa jeunesse pendant 6 ans derrière les barreaux, la dernière chose que l'on souhaite c'est de se remémorer nos crimes et nos erreurs. Je ressentais une immense peine, touchée par son malheur, et une grande désolation.

- Sehun...

- Laisse moi.

- Je suis vraiment désolée. Te blesser n'était pas mon intention.

- Ferme la.

Je me tus instantanément. Certes il était agaçant, mais il savait se faire respecter, et je compris qu'il avait besoin de solitude et de réflexion. Je n'insista alors pas plus.

Le gardien aux grosses bottes terreuses passa sa clé dans la serrure de notre cellule. Il posa au sol un plateau avec deux coupelles à peines remplies de nourriture, puis reparti en fermant derrière lui. La nourriture était vraiment infecte ici, mais nous avions tellement faim que cela n'importait plus. Je me leva et me baissa, ramassant le plateau de plastique que nous allions sans doute devoir nettoyer plus tard.

En effet, 3 jours par semaine nous étions affectés à des tâches, il ne suffisait pas d'être enfermés pour purger notre peine, il fallait également travailler. Nettoyage des douches, passer la serpillière au sol, faire la vaisselle, changer les draps ou encore s'occuper de la lessive, chacun avait quelque chose à faire. Nous nous démenions à nos tâches, comme des auxiliaires de maison, sous le regard aiguisé des gardiens qui nous surveillaient.

Je posa le récipient sur la petite table de bois meurtrie par les années entre nos deux lits. Je pris ma cuillère et la planta dans mon repas, affamée. Aujourd'hui le menu était assez simple, quelques morceaux de bœuf accompagnés de purée froide, je me demandais même parfois si ils prenaient vraiment la peine de réchauffer les plats. J'interpella Sehun, le prévenant que c'était l'heure du repas, mais ce dernier ne répondit pas.

Je mangea alors, en silence. Le seul bruit qui résonnait dans notre cellule était celui de ma cuillère teintant contre l'assiette creuse à chacune mes bouchées. J'étais végétarienne, mais ici il n'y avait pas de place pour des critères ou des plaintes. Je me forçais donc à engloutir ma viande, au début c'était difficile et écœurant mais la faim eut raison de moi, et désormais j'y étais habituée. Je passais néanmoins parfois mes morceaux de viande à Sehun, qui ne se plaignait pas le moins du monde d'avoir de la nourriture en plus.

J'arriva finalement avec rapidité à la fin de mon repas, j'étais évidemment toujours sur ma faim, étant donné la petite quantité que j'avais dans mon assiette. Ce qui était sûr, c'est qu'ici il n'y avait pas besoin de faire de régime. Je jeta un coup d'œil à l'assiette de Sehun, toujours pleine. Je n'arrivai pas à comprendre comment il faisait pour ne pas manger, pour ma part j'étais affamée, surtout que Sehun était toujours le premier à attendre son repas avec impatience, il l'engloutissait en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Je n'avais jamais vu quelqu'un aimer tant manger. Ce garçon était un vrai ventre sur pattes, il me faisait rire. Néanmoins, son comportement actuel m'inquiétait sérieusement.

- Sehun, je comprends que tu m'en veuilles mais ce n'est pas une raison pour te laisser mourir de faim.

- Tu ne comprends pas.

- Explique moi alors.

Il se tourna vers moi, son visage était fermé et indéchiffrable.

- Je mérite ce châtiment Mei, je mérite de mourir de faim s'il le faut.

- Mais pourquoi donc ? Personne ne mérite ça Sehun, peu importe ses erreurs.

Il soupira.

- Si. Et c'est pour ça que je suis là, je suis un homme horrible.

- Je suis sûre que c'est faux.

Il me regarda en secouant la tête, puis baissa les yeux.

- Tu ne me connais pas, si tu savais tu me rejetterai, comme tout le monde.

- Alors dis moi.

Il sembla hésiter un instant, puis prononça ces quelques mots.

- Je suis ici pour terrorisme.

Liberty | OH SEHUNWhere stories live. Discover now