Liberty | OH SEHUN

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- On sort !

La voix braillarde du gardien atteignit mes oreilles, me provoquant un véritable supplice. Je soupira et attrapa au passage ma serviette grise de coton, étrangement elle me donnait du baume au coeur, voir quelque chose qui n'était pas orange comme ces habits de malheur avait quelque chose de rassurant.

J'enfila la combinaison orange prise plus tôt et repartis avec un des gardiens. Il me tenait le bras comme un animal, il semblait éprouver tellement de haine envers son travail, peut-être même plus que les pensionnaires de cette prison. Il me jeta sans la moindre délicatesse dans ma cellule refermant les barreaux derrière moi dans un bruit métallique. Je me releva sans rien dire, habituée à ce traitement morbide, et m'assis sur mon lit de ferraille au matelas usé. Ce qui était sûr, c'est que cela n'avait rien d'un hôtel cinq étoiles.

Je dédaigna lever les yeux vers mon colocataire, espérant que peut-être cette fois il serait plus ouvert, mais rien. Lui semblait parfaitement concentré à admirer ses mains, j'avais du mal à le comprendre parfois, ce qu'il pouvait être imbus de lui-même. Je le contemplais un moment, n'ayant rien d'autre à faire entre ces quatre murs de béton.

Le silence était vraiment pesant, s'il fallait que je reste ici des années encore j'aurais souhaité avoir une once d'entente avec mon partenaire, mais rien n'était simple ici. Je pris sur moi et brisa le silence.

- Qu'est-ce que tu regardes ?

- Je lis. Répondit-il froidement.

Je ricana légèrement.

- Lire ? Vraiment ? J'imagine que ce livre doit être passionnant, je vois d'ici le texte il est vraiment captivant, c'est quoi le titre ? Mains par Oh SeHun ?

Il souffla, visiblement agacé et daigna enfin tourner la tête vers moi.

- Non, je lis les lignes de ma main.

- Tu crois en ce genre de choses toi ? Je ne savais pas. Dit-je étonnée.

- C'est normal tu ne sais rien de moi, et pour répondre à ta question oui j'y crois, je trouve ça intéressant.

Il y avait enfin un début de conversation qui apparaissait, je me devais d'en saisir l'opportunité.

- N'est-ce pas ennuyant de lire chaque jour la même chose ? Car j'ai remarqué que tu regardais souvent tes mains.

- Non, pas quand tu es enfermé depuis 6 ans et que tu n'as rien d'autre à faire à part regarder ta merde dans le seau au coin de la chambre.

J'ignora la réflexion, il trouvait toujours un moyen de me rembarrer.

- Et qu'est-ce qu'elles te disent ?

Il sembla hésiter un moment, jaugeant la situation, puis finis par se redresser se disant qu'il n'avait rien à perdre. Il me montra l'une de ses paumes blanches et dessina la première ligne de sa main.

- Celle-ci tu vois, c'est la ligne de vie. Elle indique combien de temps tu vivras.

J'observas cette dernière, intriguée par ce nouveau monde qui s'ouvrait à moi.

- Dans mon cas elle me prédit une longue vie, autant te dire que je ne risque pas de mourir de sitôt.

J'afficha un léger sourire en coin, l'invitant à continuer.

Il décala son index sur la ligne à peine visible à côté.

- Celle-ci représente la ligne de destin. Plus elle est visible, plus tu es chanceux.

- Tu ne dois pas l'être beaucoup alors.

Je crus apercevoir un infime sourire étirer ses lèvres lorsqu'il me répondit.

- Non, en effet. Son doigt se déplaca de nouveau. Celle-là, c'est la ligne de tête. La mienne symbolise une grande intelligence et un désir d'émancipation.

Je ne dis rien, concentrée dans ce rare échange qu'il m'offrait.

- Et la dernière ? C'est l'amour c'est ça ?

- Exact, c'est souvent la plus connue. Selon la hauteur de l'extrémité finale de ta ligne tu auras plus ou moins de chance de finir ta vie accompagné. La mienne est haute, ce qui signifie que je ne devrais pas rester seul.

- Ah oui ? Quelqu'un aurait-il réussi à faire chavirer le coeur du grand Oh SeHun ?

Il secoua la tête de gauche à droite.

- Tsss, non. Enfin qui sait ? Tu le sauras peut-être un jour.

- Je l'attends impatiemment dans ce cas.

Il me lança un regard indescriptible, néanmoins plus aussi froid qu'auparavant. J'étais contente, j'avais peut-être enfin une chance de briser sa carapace. Au final, cet échange fut un bel apprentissage et je me surpris moi-même à lire mes propres lignes durant cette nuit noire.