Chapitre 46

Depuis le début
                                    

Ses paroles libèrent instantanément quelque chose dans mon cœur. De l'apaisement, du bonheur, de la fierté.

Chloé a gagné.

Elle s'est battue et elle a vaincu, malgré tout ce qu'elle a subi.

Son comportement cette semaine s'explique enfin, et l'issue du procès semble l'avoir décidée à s'ouvrir à moi pour me laisser pénétrer dans son château fort. C'est sa manière de me dire qu'elle me veut, qu'elle m'accepte, et le soulagement m'enveloppe comme un plaid géant en coton doux.

Je glisse ma main dans la sienne et ne peux m'empêcher d'attirer Chloé contre moi pour la serrer dans mes bras. Nous restons comme ça un long moment, ni l'une ni l'autre ne semblant vouloir se détacher. Je perçois son souffle dans mon cou et accueille le poids de sa tête sur mon épaule. Je ferme les yeux pour savourer l'instant. La mélodie de nos cœurs battant en chœur me berce, et je me sens entière.

J'aimerais rester toujours comme ça, avec ma jolie Noisette contre moi, en sécurité. Mais à mesure que les minutes passent, j'ai le sentiment que cette étreinte n'est pas celle d'une Chloé qui s'abandonne. À mesure que les minutes passent, je réalise que cette étreinte est celle d'une Chloé qui m'abandonne. Et mon cœur se serre violemment à cette perspective. Ma Noisette ne m'a même pas encore adoptée, qu'elle me quitte déjà.

– Le truc, reprend-elle doucement à travers mes cheveux, c'est que toute cette histoire a brisé quelque chose en moi...

Elle se détache, en restant tout près de moi, et plonge ses yeux dans les miens, les mots suspendus au bord des lèvres. Il lui faut une éternité pour les asséner comme un couperet.

– Je ne peux tout simplement pas.

Mon cœur se fissure instantanément, comme un arbre qui aurait subi la foudre d'un éclair, et je ne peux que contempler la trace de l'impact tandis que tout mon être se paralyse.

– C'est trop, j'ai peur, Charly. J'ai beau savoir au fond de moi que tu n'es pas comme ça, parce que je commence à te connaître...

Mon cœur se craquelle dans mes entrailles, et j'aimerais attraper le scotch à temps, mais même une bétonnière de ciment ne serait pas suffisante.

– Et tu as raison, tu avais déjà raison la dernière fois, et encore plus depuis que tu es venue me voir tous les soirs pour injecter un peu de ta vie dans la mienne. J'ai de vrais sentiments pour toi, il faut que tu le saches. Mais j'ai peur, tellement peur que je ne veux plus jamais laisser cette porte s'ouvrir dans ces conditions.

Mon cœur s'effondre comme un échafaudage un jour de tremblement de terre, et le fracas étourdissant manque de me faire sombrer moi aussi.

– J'aurais vraiment aimé construire quelque chose avec toi Charly, si seulement nous n'avions pas travaillé ensemble. J'ai voulu essayer, cette semaine, j'ai réellement tenté de me persuader intérieurement que je pouvais passer au-dessus, mais j'en suis incapable. Dès que je pense au boulot, dès que je nous vois au bureau, ça me paralyse. Je suis désolée, tu trouves peut-être ça con et je suis vraiment navrée de te blesser si c'est le cas, car tu es quelqu'un d'étonnamment... géniale. Je ne m'attendais pas à t'apprécier autant, je pensais que tu étais juste une jolie fille pour qui j'avais craqué la première fois qu'on s'est vues. Mais c'est beaucoup trop compliqué pour moi. Je ne peux pas retourner là-dedans. Je n'ai pas le courage, pas la force, je n'ai pas ce qu'il faut. Je finirais par te faire du mal. Ça ne marcherait pas. Tu as beau m'avoir percée à jour, Charly, je suis une putain de passoire en titane. Les bonnes choses ne restent pas près de moi, elles s'évaporent pendant que je les regarde s'effacer sans pouvoir rien faire. Et je suis fatiguée d'avoir un bloc de gruyère à la place du cœur... Je dois me protéger. Et crois-moi, c'est un service que je te rends. Je suis désolée.

À ces derniers mots, ma poitrine explose et l'organe qui essayait tant bien que mal de battre encore se réduit en un million de petits cristaux qui me lacèrent de l'intérieur. Le simple fait de respirer devient l'action la plus difficile qu'il ne m'ait jamais été donné de faire. Quand je sors de chez elle, je ne parviens pas à retenir les larmes qui gèlent sur mes joues avant la fin de leur course. Je ne me retourne pas, je ne lui adresse aucun signe, je m'engouffre dans le silence et disparais dans la noirceur de la nuit.

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Helloooo...

J'ai bien envie d'aller me cacher haha j'espère que j'ai pas trop gâché votre dimanche avec ce chapitre ^^" Et j'espère qu'il vous a plu quand même...

Bonne fin de week-end et à demain,

xx

Victoria

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant